Des renforts de l’armée sont arrivés dimanche près de Nara, dans l’ouest du Mali, après une attaque meurtrière menée le 20 décembre dans la région par des rebelles touareg, a constaté un journaliste de l’AFP.
Plus d’une dizaine de véhicules 4X4, transportant militaires et munitions, ont été comptabilisés. "Nous sommes venus par route de Bamako pour sécuriser toute la zone", a brièvement déclaré à l’AFP un officier de l’armée malienne qui conduisait le convoi.
La localité de Nara est située à 400 km au nord de Bamako, près de la frontière avec la Mauritanie.
Le 20 décembre, des rebelles touareg ont mené une attaque contre une garnison militaire à Nampala (500 km au nord-est de Bamako). Des renforts de l’armée avaient déjà été envoyés dans la région après le raid rebelle.
Selon le ministère malien de la Défense, cette attaque, attribuée par des sources officielles au groupe d’Ibrahim Ag Bahanga, a fait "9 morts" dans les rangs des forces armées et "11 morts" parmi les "assaillants".
Une source proche du chef rebelle avait pour sa part affirmé qu’"au moins 20 militaires" maliens avaient été tués.
Traditionnellement basés dans le nord du pays, des rebelles touareg dirigés par Ibrahim Ag Bahanga tentent d’installer une base dans l’ouest du Mali, à la frontière avec la Mauritanie.
Dimanche, au moins trois bus de transports en commun venant de Bamako sont arrivés à Nara, après une interruption de trois jours, a constaté le journaliste de l’AFP.
"Depuis trois jours, par mesure de sécurité, les bus et les taxis qui arrivaient de Bamako, s’arrêtaient à Mourdiah (située à 85 km de Nara), parce que les rebelles ont été vus dans cette zone", a souligné Mohamed Diallo, du syndicat des transporteurs de la zone.
"Donc tout le monde avait peur. Mais aujourd’hui, avec le renfort qui est venu, ça va", a-t-il assuré.
A Mourdiah, plusieurs habitants ont déclaré à l’AFP que les rebelles avaient récemment été aperçu dans cette localité, en train de s’approvisionner en nourriture et en eau.
Dans la localité de Mourdiah, certains véhicules hésitaient dimanche à regagner la localité de Nara, à cause de la "psychose rebelle".
Dans la nuit de vendredi à samedi, des rebelles touareg ont ouvert le feu sur trois véhicules civils dans la région de Nara, faisant "des blessés", selon une source policière.
Après l’attaque de la Nampala, le 20 décembre, le président malien Amadou Toumani Touré avait haussé le ton deux jours plus tard face aux rebelles touareg, laissant entrevoir un changement de stratégie.
"Trop, c’est trop! Nous ne pouvons pas continuer à subir, nous ne pouvons pas continuer à compter nos morts (…) Nous ne pouvons pas continuer à chercher la paix", a notamment déclaré le chef de l’Etat, lors d’un déplacement dans la région de Kayes (ouest).
Selon des analystes, ces hostilités sont l’initiative de "faucons" au sein des groupes rebelles qui accusent le gouvernement de "traîner" dans l’application de l’accord d’Alger de 2006.
Cet accord stipule que les Touareg ne doivent plus réclamer l’autonomie de leur région tandis que Bamako doit accélérer le développement des régions du Nord.
Mais Ag Bahanga, le plus radical des chefs de groupes rebelles, demande depuis 2007 que l’armée allège son dispositif dans la zone de Tinzawaten, à la frontière avec l’Algérie.
Le gouvernement refuse, arguant qu’il s’agit d’un lieu de transit pour le trafic international de drogue, dans lequel il accuse Ag Bahanga d’être impliqué.