Mali-Niaiserie : La défaite de trop : Nampala ou le chant de Cygne, Tiéman Hubert Coulibaly doit démissionner

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Tieman Hubert Coulibaly,

Il y a une règle d’optique qui nous enseigne que «tout semble plus grand de loin». Il avait fait de l’autorité de l’Etat, de la poigne dans la gestion des crises, sous le président Alpha Oumar Konaré, son cheval de bataille. Image qu’il a vendue aux Maliens. Nous nous rendons à présent compte et à nos dépens qu’il y a eu erreur sur marchandise. Et voilà notre pays qui va en lambeaux. 

 

Ce mardi (dernier), le camp militaire de Nampala a été attaqué et investi par des groupes armés qui en ont pris le contrôle, emporté le matériel militaire et brûlé ce qui reste du camp. Terrible image pour notre pays. Depuis trois ans, le pouvoir inefficace d’BK ne cesse de nous rabâcher les oreilles sur sa politique de réforme de l’armée, la Loi de programmation militaire devenue la découverte d’une nouvelle Bible, des mensonges sur le niveau d’équipement, de formation, d’embellissement des chaussures et chaussettes de notre armée. Des visites de parade ont été organisées  par le fils du père pour distraire le monde, mais les cris d’angoisse et de détresse de l’armée n’ont jamais été entendus.

 

L’attaque de Nampala nous alerte et réveille sur l’état réel de notre armée, son commandement et sa gestion politique. Ce Nampala est l’attaque de trop. La question est de savoir jusqu’à quand les ailes du papillon Mali pourront supporter une autre humiliation du genre. Mais, plutôt que de prendre la mesure du désastre, le ministre de la Défense, Tiéman Hubert Coulibaly, non regardant sur la douleur des parents des victimes et de la Nation, continue dans le mensonge, la tromperie en annonçant tantôt que la ville a été  «reprise par les forces armées», tantôt que les renforts de troupes sont envoyés, quand les plus informés d’entre nous révèlent que ceux-ci sont bloqués entre Niono et Diabaly. À quelle fin ? Que se reproche-t-il ? Qu’est-ce qui a été fait pour empêcher une telle humiliation, une de plus pour notre pays ? Visiblement rien.

 

Il apparaît clairement que nos soldats évoluent dans l’obscurité la plus complète dans ce combat qui les oppose aux forces du mal. La faute est à ceux qui détournent leurs ressources et éventent leur système de communication dans des rapports rendus publics à des fins politiques. Néanmoins, dans les prochains jours, notre gouvernement se défaussera sur la Minusma et/ou sur l’opération Barkhane, et instrumentalisera l’opinion dans ce sens, alors qu’en vérité, le mal est en nous, c’est-à-dire en nos gouvernants.

Notre gouvernement a failli à Nampala, parce qu’il est en faillite politique et morale dans la gestion du pays depuis longtemps. En ce qui concerne la défense nationale, qui pouvait en effet croire qu’après les critiques formulées contre les méthodes de recrutements au sein des forces armées et de sécurité de notre pays au lendemain des événements de 2012, que des enfants allaient mourir au cours de leur formation en 2016, parce que les recrutements ont été opérés sur la base de dossiers médicaux tronqués ? Un exemple parmi tant d’autres dans la gestion de l’armée.

Face à la tragédie qui nous frappe en ce moment, on peut se demander ce qu’attend le ministre de la Défense pour démissionner. S’il avait lui-même le minimum d’estime de soi et de considération pour sa charge, il se serait démis de sa fonction après cette attaque de Nampala, plutôt que de distraire la Nation. Dans l’affaire dite de la visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal, après la mort d’une cinquantaine de soldats des Fama officiellement déclarée, le ministre de la Défense de l’époque avait dignement présenté sa démission au président de la République. Le Premier ministre n’en avait pas été capable. Un an après, la Commission d’enquête parlementaire est en voie de blanchir l’ancien ministre de la Défense. Qu’importe en démissionnant, il a eu le mérité d’incarner la dignité de sa charge. En tout état de cause, il se dégage de cette attaque le sentiment populaire d’une défaite de trop.

Les manifestations ensanglantées de Gao où les jeunes ne demandent qu’à être pris en compte et comptés dans les modalités de mise en œuvre de l’accord pour la paix, la marche des populations de Kayes réclamant un second pont sur le fleuve Sénégal, l’accord entre Ifoghas et Imghad à Niamey d’où les deux tribus veulent se partager la gestion de la ville de Kidal, l’attaque déshonorante du camp militaire de Nampala ce mardi d’dernier), étalent l’impuissance notoire du pouvoir IBK face aux problèmes du pays.

Le Mali est triste, il n’a plus que ses yeux pour pleurer, trahi par une équipe qui lui avait fait miroiter tout ce à quoi il aspirait. L’incapacité de son président d’arrêter, ne serait-ce qu’un jour, les foyers de tension est telle que, face à la multiplication des  familles endeuillées, les Maliens ont fait le deuil de leur espérance pour une quelconque amélioration de la gouvernance IBK. L’état d’esprit du pays se résume en trois mots : la lassitude, l’indignation et la révolte. La faute à l’équipe qui dirige le pays depuis le coup d’Etat fomenté contre la Nation et la République, qui maintient le Mali dans l’immobilisme, en le livrant aux aventuriers et aux mafieux de tous acabits et qui a fini par le livrer aux porte-paroles ethniques. Il n’a toujours pas compris qu’un pays ne peut être géré éternellement dans les avions, une centaine de voyages en trois ans à l’étranger contre deux visites d’Etat dans les régions de Sikasso et de Ségou. De toute évidence, il y a  un déni de gouvernance au Mali.

Le Mali, de mal en pis !

 Le pays s’enfonce chaque jour dans la fange de la crise. Comme si nos dirigeants actuels nous préparent à une inéluctable potence. Le soleil du Mali n’en finit pas de s’incliner, de s’abaisser, de se rabaisser…Notre pays se meurt en silence, victime de notre lâcheté collective. En apnée et gravement malade, au sens propre comme au figuré, le Mali s’égare dans les brumes et les incertitudes d’une gouvernance familiale et clanique. Plus rien ne semble venir consoler les populations, plus rien ne sourit au pays, plus rien ne nous renvoie à la beauté et à l’espoir que suscitent notre emblème et notre devise : le Vert (l’espoir d’un avenir radieux), l’Or (la prospérité, le développement) et  le Rouge (le courage jadis d’une Nation soudée). Notre devise, «Un Peuple, Un But, Une Foi», complètement anéantie par un accord dont les premières mesures d’application sonnent le glas de l’unité nationale et la cohésion sociale. La manifestation des jeunes de Gao en est une illustration.

 

Que faire pour arrêter la descente aux enfers ? S’unir ou périr disait quelqu’un ?

 

Dans toutes les sociétés humaines, l’unité forge les capacités de résistances des Nations. Cette unité qu’une Nation se donne pour se protéger, n’a pas vocation à être l’instrument de pouvoir pour une famille, un gouvernement, un pouvoir établi. Elle n’empêche pas de demander des comptes à ceux dont il a été fait confiance et qui ont conduit la Nation dans la situation vécue depuis 2012. L’unité n’est pas pour se laisser entraîner dans le piège des récupérations politiciennes. C’est pourquoi, quoique nécessaire au Mali, elle effraie les tenants du pouvoir. Le pouvoir IBK a peur de l’unité des Maliens, il n’y travaillera pas, sauf contraint et forcé.

 

C’est un fait que le président IBK fait plus confiance à ses soutiens occidentaux qu’au peuple du Mali. Aussi longtemps que ce soutien lui sera assuré, il ne consultera, ni n’écoutera les Maliens. Ainsi que semble le déplorer le leader religieux Ousmane Chérif Madani Haïdara : «Le gouvernement n’a pas consulté les Maliens, il ne les écoute même pas». Tout est dit. C’est aux Maliens d’aller vers leur unité pour sauver leur pays.

 

Souleymane KONE

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