[caption id="attachment_58001" align="alignleft" width="344" caption="Vue aérienne de la ville de Tombouctou au Mali. Alida Jay Boye"]

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Ce dimanche 1er avril à la mi-journée, les rebelles touaregs du MNLA sont entrés dans Tombouctou, dernière ville du Nord du Mali encore contrôlée par l'armée malienne, après s'être emparés samedi de la ville de Gao. Dans un communiqué, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) « informe que son état-major cerne la ville de Tombouctou pour déloger le reste de l'administration politique et militaire malienne pour le bonheur du peuple de l'Azawad [la région du Nord du Mali] ».
Des tirs à l'arme lourde ont été entendus ce dimanche matin à Tombouctou mais il n'y a pas eu de véritable combat. Car depuis l'arrivée ce matin des rebelles touaregs, c'est en fait une milice arabe, les bérabiches, qui a pris le contrôle de la ville, alors que de nombreux militaires de l’armée régulière s'habillaient en civils pour quitter leur garnison et se mettre à l’abri.
Les miliciens sont épaulés par des militaires de l’armée régulière issus de la même communauté arabe. Tous sont armés. Certains de ces miliciens ont tenté de prendre de force des véhicules de l’Etat.
Après une longue négociation entre rebelles et miliciens, les Touaregs sont entrés dans Tombouctou à la mi-journée, après s'être cantonnés dans la matinée à l'Est, à l'extérieur de la ville.
L’arrivée de ces derniers dans la cité a également coïncidé avec des scènes de pillages. Le Trésor public, les banques, les services de l’Etat, n’ont pas échappé à la furie de certains miliciens et de quelques civils.
« Ici c’est un véritable chaos! » a hurlé un père de famille contacté par téléphone. Des pillages se sont poursuivis dans le camp militaire de la ville, des munitions et des armes ont été emportées.
Avec la prise de Tombouctou, désormais, ce sont les trois capitales du Nord qui sont aux mains des différents groupes armés sur le terrain.
Le MNLA a pris ce samedi le contrôle de Gao, avec l'appui du mouvement islamiste Ansar Dine. Gao, une ville stratégique, qui abritait l'état-major pour tout le Nord du pays.
Dans un premier communiqué lu par la radio-télévision nationale, le chef des mutins au pouvoir à Bamako avait pourtant affirmé que les soldats avaient repoussé l'attaque. Mais dans un second texte, diffusé dans la foulée, le capitaine Sanogo a finalement ordonné aux militaires d'abandonner leurs positions.
La prise de Gao intervient à quelques heures de la fin de l'ultimatum lancé à la junte par la Cédéao. La Communauté Ouest-africaine a donné aux mutins jusqu'à ce lundi pour rétablir l'ordre constitutionnel dans le pays. A défaut, elle mettra en place un embargo diplomatique et financier. Entre autres mesures prévues, des interdictions de voyager, le gel d'avoirs, le rappel d'ambassadeurs, la fermeture de ports ou encore la fermeture des frontières.
En attendant l'application de l'embargo, le dialogue continue. Ce samedi, une délégation de la junte s'est rendue à Ouagadougou pour rencontrer le médiateur, le président burkinabé Blaise Compaoré. Sur place, la délégation malienne a dit être d'accord pour un rétablissement rapide de la légalité constitutionnelle, sans plus de détails. Dans la foulée, le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé s'est déplacé à Bamako, où il a rencontré le capitaine Sanogo.
RFI - dimanche 01 avril 2012