Mali: les premiers prisonniers de guerre conduits à Bamako

1

islamiste012Neuf prisonniers soupçonnés d’appartenance au groupe armé islamiste Mujao ont été transférés, ce mardi 26 février, vers Bamako, après avoir été arrêtés à Gao, dans le nord du Mali, la semaine dernière. En France, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, a déclaré qu’il n’était « pas question pour les troupes françaises de partir du Mali de manière précipitée ». L’opération militaire française se poursuit et a déjà coûté « plus de 100 millions d’euros », a pour sa part déclaré le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Les neuf prisonniers sont accusés de « rébellion », « association de malfaiteurs », « meurtre » ou « assassinat » à Gao et ses environs. Parmi eux figure un Mauritanien soupçonné d’avoir participé à l’opération du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), le 21 février, contre la mairie de Gao, qui avait été suivie de violents combats.

La plupart de ces détenus sont soupçonnés d’appartenir au Mujao. C’est le cas également de Mohamed ag Idoual, qui nie les accusations faisant de lui le « commandant de cercle » du Mujao, à Ansongo, et celui qui « convoquait et ordonnait les sanctions comme les flagellations ou encore les amputations », selon les témoignages recueillis par l’armée malienne.

Transférés à Bamako, ces premiers prisonniers de guerre conduits du nord du Mali à Bamako seront présentés à un juge sans que l’on sache toutefois quand ils seront jugés.

Pas de départ précipité des troupes françaises

Vu l’impréparation des contingents africains – appelés à prendre la relève des troupes françaises au Mali -, et vu le contexte de guérilla qui sévit dans le nord du pays, la France n’envisage pas de faire partir ses 4 000 soldats présents sur le terrain « de manière précipitée » a déclaré, ce mardi 26 février, le porte-parole du Quai d’Orsay Philippe Lalliot.

En début de ce mois de février, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait déclaré que le contingent français devrait commencer à diminuer « à partir du mois de mars, si tout se passe comme prévu ». Un mois après, le porte-parole du Quai d’Orsay revient sur ces déclarations et précise que « les Français ne plient pas armes et bagages, à partir de mars, en quittant le Mali aussi vite qu’ils y sont arrivés », même si « l’objectif est bien que la Misma (la force ouest-africaine mandatée par l’Onu, Ndlr.) prenne le relais », a-t-il ajouté.

Invité de Christophe Boisbouvier sur RFI ce mercredi 27 février, Pierre Buyoya, représentant spécial de la Commission de l’Union africaine au Mali, par ailleurs chef de la Misma (la Mission internationale d’appui au Mali), envisage un délai pouvant aller d’un à trois mois pour que l’armée française se retire.

 

Pierre Buyoya

Représentant spécial de la Commission de l’Union africaine au Mali, et chef de la Mission internationale d’appui au Mali (Misma).

Nous venons de réviser le concept d’opérations de la Misma de telle manière que l’armée française se retire et que, d’ici un à trois mois, nous soyions en mesure de gérer la situation.

« Plus de 100 millions de d’euros »

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a indiqué, ce mardi 26 février, que les combats se poursuivaient entre les forces françaises et les islamistes armés et faisaient « beaucoup, beaucoup de morts jihadistes » dans le massif des Ifoghas, dans le nord du Mali. Il a jugé « difficile » de donner un calendrier précis concernant le début du retrait des forces françaises. Pour l’heure, celles-ci continuent de cibler des dépôts logistiques et des centres d’entraînement de jihadistes.

Jean-Yves Le Drian a également indiqué que le début de l’opération militaire au Mali, l’opération Serval, est évalué à plus de 100 millions d’euros.

100 millions d’euros pour 45 jours de guerre. A titre de comparaison, l’opération en Libye avait couté près de 300 millions d’euros. Il s’agissait cependant d’une guerre aérienne alors qu’au Mali, dès le début de l’opération, la France a dû déployer des milliers d’hommes sur le terrain.

A 30 000 euros l’heure de vol, pour un avion cargo affrété Antonov 124, c’est la mise en place de Serval qui aura coûté le plus cher. A partir de maintenant, les coûts liés à la logistique devraient proportionnellement baisser. Mais en revanche, ce sont les coûts liés aux opérations qui pourraient augmenter, surtout si elles durent. Une bombe de précision GBU 12 coûte près de 20 000 dollars pièce. Depuis le début des combats, près de 200 bombes ont été tirées sur des objectifs au Mali.

Au sol, à moyen terme, il faudra compter aussi l’usure prématurée des matériels terrestres. Une partie de ces équipements – les plus anciens – devrait d’ailleurs être cédée au Mali – ou détruite – quand la mission sera terminée.

Pour 2013, 630 millions d’euros sont provisionnés pour financer les surcoûts des opérations extérieures de la France. Si ce montant est dépassé, il faudra aller piocher dans un fond de précaution interministériel… Autrement dit, tout le monde payera la facture.

Aide budgétaire européenne destinée au Mali

Les ministres européens en charge du développement et des membres du gouvernement malien se sont rencontrés, ce mardi 26 février, à Bruxelles. Ensemble, ils ont fait le point sur les priorités, pour le Mali, en matière de développement, notamment en ce qui concerne le rétablissement des services de base.

L’aide publique au développement européenne a repris officiellement depuis le début du mois de février. Le budget de 240 millions d’euros – prévu pour des grands travaux d’infrastructures – va de nouveau être accordé à certains projets, en fonction de critères que nous explique Pascal Canfin, ministre français en charge du Développement.

 

Pascal Canfin

Ministre français en charge du Développement.

Je pense par exemple au rétablissement de l’eau et de l’électricité à Tombouctou ou à Kidal ; au fait que les déplacés et les réfugiés puissent rentrer chez eux.

Par RFI

Commentaires via Facebook :

Comments are closed.