PARIS – Le père d’un otage français retenu au Sahel par des groupes islamistes armés s’est dit mardi soir hostile à toute opération commando pour les libérer, trop dangereuse, et a regretté de ne pas recevoir d’information des autorités.
On estime qu’une intervention militaire pour libérer les proches, telle que celle menée en Somalie (ndlr: pour tenter en vain de libérer Denis Allex), est trop dangereuse, a déclaré Alain Legrand, père de Pierre Legrand, par téléphone à l’AFP.
On n’a toujours pas de nouvelles du Quai d’Orsay (ministère des Affaires étrangères). On est étonné des propos du Premier ministre qui parle de contact permanent avec les familles, a-t-il regretté.
Les seules nouvelles que l’on a, c’est la presse, la télé, la radio, poursuit M. Legrand, dont le fils, salarié d’une filiale du groupe Vinci, a été enlevé le 16 septembre 2010 à Arlit (nord du Niger) avec trois autres otages toujours détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Huit Français sont retenus en Afrique de l’Ouest par des groupes islamistes armés.
Nous avons très peur de tout ce qui se passe au Mali. C’est une angoisse permanente, a-t-il dit. Les combats nous font très peur.
Jean-Pierre Verdon, le père de Philippe Verdon, enlevé avec Serge Lazarevic le 24 novembre 2011 au Mali par Aqmi, a dit mardi à l’AFP n’avoir ni preuve de vie, ni nouvelle négative sur son fils depuis le début de l’offensive française dans le centre et le nord du pays.
Selon M. Verdon, qui fait état d’un contact avec le ministère des Affaires étrangères, les autorités françaises considèrent qu’ils sont vivants, mais n’ont pas de preuve matérielle objective.
Pour M. Verdon, dans le climat de conflit actuel, il est évident que si (les islamistes) voulaient tuer les otages, ils se manifesteraient, ils en tireraient immédiatement parti (…) pour s’en servir à la face du monde.
M. Verdon dit espérer que les militaires français récupèrent des prisonniers islamistes dans la perspective d’échanges de prisonniers.
Interrogé sur le sort des otages lors d’une conférence de presse à Dubaï, le président français François Hollande a dit penser à eux à chaque instant. Mais j’ai considéré que l’intervention était la seule solution. Nous ferons tout pour qu’ils puissent être libérés, a-t-il ajouté.
Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a estimé qu’il aurait été pire de ne rien faire.
Pour l’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant, le risque pour les otages ne s’est pas aggravé. S’ils sont rationnels, nos adversaires islamistes doivent bien se rendre compte que le prix des otages a augmenté et qu’il est très important de les garder en vie, a estimé M. Guéant.
(©AFP / 15 janvier 2013 22h06)