Mali : la mort éventuelle des chefs d’Aqmi ne signifie pas la fin de la guerre

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Abou Zeid, le chef d'Aqmi, ici en 2009. © Sipa
Abou Zeid, le chef d’Aqmi, ici en 2009. © Sipa

Aqmi est constituée de nombreuses katibas. Si les décès d’Abou Zeid et Belmokhtar sont confirmés, cela ne signifiera pas pour autant la fin de l’organisation.

Il serait naïf de croire que la mort d’Abou Zeid et celle de Mokhtar Belmokhtar, si elles étaient confirmées, marqueraient la fin d’Aqmi au nord du Mali, et encore moins celle d’al-Qaida au Maghreb islamique. Pas plus que la mort d’Oussama Ben Laden n’a été la fin d’al-Qaida, même si elle a porté un rude coup à l’organisation basée en Afghanistan. Pour être le plus connu des combattants d’Aqmi dans le nord du Mali, Abou Zeid n’en était pourtant pas le chef. Aqmi compte d’autres groupes armés que la katiba (compagnie, NDLR) d’Abou Zeid, et, au nord du Mali, les militaires français et africains affrontent aussi les hommes du Mujao (des Arabes et des Africains) et les Touareg d’Ansar Dine.

L’émir d’al-Qaida au Maghreb islamique, Abdelkader Droukdel, se cache dans un maquis de Kabylie. C’est de là qu’il dirige Aqmi au nord du Mali, et c’est lui qui va nommer un successeur à Abou Zeid. Jusqu’ici, certains spécialistes parlaient de Mokhtar Belmokhtar. Celui-ci, mi-combattant islamiste mi-trafiquant, avait rompu avec Aqmi l’été dernier pour mésentente avec Abou Zeid. Instigateur de la prise d’otages massive d’In Amenas, site gazier algérien, il n’en était pas moins le chef historique d’Aqmi dans la région. En outre, tous les chefs, dont faisaient partie Abou Zeid comme Belmokhtar, doivent compter avec le coordinateur nommé par Droukdel pour transmettre ses ordres aux différents chefs de guerre qui se veulent indépendants, mais se reconnaissent dans Aqmi pour se trouver un label.

Spécialiste de l’enlèvement d’Européens

Plusieurs raisons expliquent pourquoi Abou Zeid semblait être le chef d’Aqmi. La première, sa katiba, Tarik ibn Ziyad, constituée en 2002 par Abderrazak el-Para, un ancien militaire algérien, est la plus ancienne de la région. Elle rassemble aussi le plus d’hommes : entre 1 000 et 2 000 l’an passé. Son noyau dur serait fort actuellement de 500 combattants, bien armés et bien entraînés. La majorité d’entre eux est constituée d’Algériens issus, comme Abou Zeid, des maquis de l’ex-GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat, NDLR) en Kabylie, voire des GIA (Groupes islamiques armés, NDLR). C’est contre eux que se battent les militaires français et tchadiens dans le massif du Tigharghar, au coeur de l’Adrar des Ifoghas.

La seconde raison : Abou Zeid, de son vrai nom Mohamed Ghdiri, Algérien âgé d’une quarantaine d’années, s’est fait le spécialiste de l’enlèvement d’otages européens. C’est cet homme de petite taille, d’allure presque chétive, taiseux, ne faisant confiance à personne, et qui déteste l’Occident “impie”, qui détient les quatre otages français d’Areva et de Satom, kidnappés à Arlit en septembre 2011. Probablement dans le massif du Tigharghar, où se déroulent actuellement les combats. Ce sont les rançons payées en contrepartie des libérations d’otages européens qui lui ont permis de se constituer une caisse noire, d’acheter des armes, des moyens de transmission et de payer des recrues locales. Certaines sont reparties chez elles depuis le début de la guerre.

Si la mort d’Abou Zeid était confirmée, sa katiba pourrait être déstabilisée dans un premier temps, mais la guerre ne serait pas terminée pour autant. Si celle de Mokhtar Belmokhtar est confirmée à son tour, ce serait un coup dur pour Aqmi dans son ensemble. Reste à espérer que leur successeur serait plus enclin à négocier une libération des otages. Quinze otages français sont aujourd’hui toujours détenus en Afrique.

Le Point.fr – Publié le 02/03/2013

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