Mali : la fin des illusions ?

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Soldats_frUn monde sans guerre, couper dans le budget de la Défense pour redresser les finances publiques, la possibilité d’une défense européenne. L’intervention française au Mali doit permettre de dissiper ces trois illusions de la gauche.

L’intervention française au Mali est la démonstration que, dans le naufrage du “modèle français”, nos forces armées continuent de faire bonne figure. Aguerries par dix ans de guerre en Afghanistan, elles ont, semble-t-il, porté des coups décisifs aux forces djihadistes qui opèrent un hâtif repli stratégique vers le nord montagneux du pays. Si cette phase de “haute intensité” du conflit est bien en passe d’être gagnée, il faut maintenant entamer un moment plus délicat, celui de la (re)construction d’un Etat malien dont les insuffisances sont à l’origine de l’opération Serval. Comme les précédents de l’Afghanistan et de l’Irak l’ont montré, cette entreprise de “state building” sera longue et périlleuse. En attendant, si la guerre au Mali a permis, selon des mots que l’on n’avait jamais entendu en France, de “tuer” ou “détruire” des terroristes, elle doit sans doute aussi dissiper trois illusions très puissantes de la gauche française.

La première illusion est celle d’un monde sans guerre, où le dialogue et la diplomatie, voire “l’apeasement” avec les ennemis de l’Occident, peuvent régler tous les conflits. Cette illusion d’un monde irénique est celle de beaucoup au Parti socialiste. Certes, l’antimilitarisme est une tradition ancienne de la gauche. Il n’est pas si loin le temps où François Mitterrand renonçait à la modernisation pourtant indispensable de la force de frappe nucléaire française.

Plus proche de nous, si la gauche française a décidé l’intervention au Kosovo en 1999 puis l’Afghanistan en 2001 (mais comment s’y opposer après le choc du 11 septembre 2001 ?), elle s’est montrée ensuite très critique. Après l’intervention des Etats-Unis en Irak en 2003, mue par son antiaméricanisme viscéral, elle a trouvé commode de limiter sa réflexion à une dénonciation entêtée de “l’hyperpuissance” américaine, unique fauteur de troubles mondial dans les années 2000.

En 2011, elle n’a soutenu que du bout des lèvres l’opération contre Laurent Gbagbo, membre de l’internationale socialiste, en Côte d’Ivoire, comme le renversement du colonel Kadhafi en Libye. Et la première décision de François Hollande, comme président, fut de retirer les troupes françaises d’Afghanistan fin 2013, laissant nos alliés seuls, jusqu’en 2014, dans ce pays où nous étions entrés ensemble. Il ne faut peut-être pas chercher plus loin leur peu d’empressement à nous aider aujourd’hui…

La seconde illusion que le Mali doit détruire est l’idée selon laquelle la France pourra redresser ses finances publiques en coupant dans ses dépenses militaires. Avec 32 milliards d’euros, le budget de la défense français est au second rang en Europe derrière le Royaume-Uni. Dans la compétition mondiale entre Etats, c’est un atout majeur qui garantit à la France une place à part parmi les nations et, très concrètement, un siège de membre permanent au Conseil de sécurité. L’objectif du prochain Livre Blanc, dont la parution est imminente, est de justifier, par des analyses biaisées, les coupes budgétaires à venir (10% du budget). C’est une erreur majeure. Réduire notre budget de la défense, le cœur des missions régaliennes, n’est pas à la hauteur des économies nécessaires pour redresser nos comptes (songeons au 400 milliards d’euros des dépenses sociales). C’est, en outre, dans un monde hobbesien, où le printemps arabe plonge des pays dans la guerre (60 000 morts en Syrie), prendre un risque majeur. Comme le rappelait Borges, “le manque de vraisemblance est un privilège dont la réalité a l’habitude d’abuser (cf Hitler)”. Il est vrai qu’il est une réalité que la gauche au pouvoir n’oublie pas : de tous les agents publics, les militaires ne craignent pas de lui accorder ses voix avec parcimonie.

Enfin, l’opération Serval dissipe une troisième illusion, celle d’une défense européenne. On ne peut dire qu’elle est morte dans les sables du Sahara, n’ayant jamais existé que sur le papier. Elle a fait la preuve de son impossibilité pratique. Comme en 2011 au moment de la guerre en Libye, notre partenaire allemand nous a laissé seuls face aux désordres du monde. Pour des raisons bien connues, les Allemands ne veulent, ni ne doivent exercer de responsabilités militaires. Les autres Etats européens, confrontés à leurs problèmes budgétaires, réduisent leurs dépenses militaires au moment où, partout dans le monde, on les augmente (+50% sur la décennie 2000, soit 1200 milliards d’euros aujourd’hui). Il faut accepter de voir la réalité en face et cesser d’agiter, telle une formule totémique, l’idée d’une défense européenne comme substitut au maintien d’une défense française crédible couplée à une alliance atlantique forte. Outre nos propres capacités, qui doivent être renforcées (drones, avions de transport), la seule aide concrète que l’on peut attendre, en matière militaire, vient et viendra de notre allié britannique et des Etats-Unis, malgré la timidité stratégique d’une administration Obama prolixe en démonstration de modestie (concepts du “leading from behind”, du “light footprint”). Plutôt que de commander un inutile rapport (celui d’Hubert Védrine) sur les avantages de notre plein retour dans l’OTAN (2009), plutôt que de se disperser dans des rapprochements oiseux avec l’Allemagne ou la Pologne, le gouvernement devrait prolonger la logique du traité de Lancaster House (2010) et créer un véritable partenariat franco-britannique en matière de défense.

Dans un monde décidément dangereux, où notre capacité militaire reste un de nos atouts-maîtres, pour nous-mêmes et pour l’Europe, il est urgent de cesser d’affaiblir encore et toujours notre armée. Cette armée, pour laquelle nos gouvernants déguisent de moins en moins leur mépris, victime toute désignée de l’ajustement budgétaire brutal qui se prépare, est trop respectueuse des Institutions pour sortir de sa posture de “Grande muette”. Nous ferons donc très prochainement des propositions en ce sens.
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14 COMMENTAIRES

  1. A la lecture du commentaire de Dibi, je suis époustouflé. L’impression de revenir beaucoup d’année en arrière, quand les parties communistes des pays occidentaux se liguaient contre les “Pershings”.
    Et encore avant quand ils encensaient Staline.
    Cachez vous bien derrière de faux airs de communistes mitigés Ecolo. La guerre ne se fait pas avec des paquerettes.
    C’est vrai que ça avait de la “Gueule” quand les troupes se tapaient dessus en s’avancant aligner en rang d’oignon. C’était beau mais saignant. Aujourdhui, seul ou presque compte les pertes humaines dans une armée moderne. Voir les drones et tous ces systèmes automatisé, avion et navire furtif…..

  2. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il suffit de prendre le trésor public, d’appeler autour d’une table le MNLA, MUJAO,MIA, ANSARDINE…et après division équitable, chacun empoche du sonnant et du trébuchant sous l’oeil bienveillant et intéressé d’un médiateur….puis, fin définitive de guéguerre.

    J’en veux pour preuve les quatre millions mensuels ayant rangé le Sanogo!!!
    Argent comme solution des conflits, ça marche…pour peu qu’on veuille le tenter.

  3. Il y a urgence à désarmer le MNLA en plus de la coloniale française et ses Rafales. Et libérer le pays par la guerre populaire. Non seulement, il y a urgence, mais il y a aussi désillusion. Il y a même un crime silencieux contre l’humanité que mène la France contre le Mali, les Maliens et l’Afrique.
    Voici une importante information que je ne commente pas. J’en laisse le soin aux Maliens; aux patriotes de la relayer, et à tous les débilités d’en profiter pour élever un peu le niveau de leur conscience politique.

    Suivez le lien: http://www.legrandsoir.info/exclusif-utilisation-d-armes-a-l-uranium-appauvri-au-mali-les-choses-avancent-un-peu-question-du-depute-andre-chassaigne-et-de.html

    Le pompon si on y ajoute les touristes armés de l’ONU cette institution devenue criminelle.
    De la part de la pourriture qui est aux affaires à Bamako et dans la zone CEDEAO, le cadeau est joli pour les populations et l’environnement.
    Pour l’instant, dans les médias occidentaux aux ordres de l’impérialisme et ses bras armés de l’OTAN, c’est silence radio. Sauf bien sûr dans les réseaux sociaux militants.
    A méditer sur la coloniale libératrice accueillie avec des drapeaux et des you !you ! A méditer ses objectifs pour le Mali et l’Afrique.
    Ils ont réussi le même crime en Libye dans l’indifférence générale de toute l’Afrique officielle maffieuse. Pourquoi pas au Mali où la presse aux ordres se préoccupe essentiellement du folklore électoral à l’horizon?

    • Mon grand patriote dibi … couché chez le tyran …
      Je t’écouterai le jour ou tes messages nationalistes proviendront du MALI ou même d’un pays africain…

      SINON JE NE TE PERCEVRAI QUE COMME UN HYPOCRITE NATIONALISTE PATENTÉ QUI N’EST PAS PRÊT À LAISSER SES INTÉRÊTS OCCIDENTAUX DERRIÈRE LUI DANS LE PAYS QU’ IL QUALIFIE DE TYRAN…MAIS INSISTE À CE QUE CEUX QUI SOUFFRENT SOIENT DES PATRIOTES ….

      DIBI …

      TU ES UN TYRANNOSAURE QUI VIT DES FRUITS DE LA TYRANNIE QU’IL PRÉTEND DÉNONCER … RENONCES À TOUT CA ET RENTRE AU MALI …

      TU TR FERA TRAITER DE MAUDIT PAR BEAUCOUP … MAIS MOUSSA AG JURE DE T’ECOUTER SANS RIRE ….

      Moussa Ag,…qui espère que dibi le tyrannosaure nationaliste va nous donner le premier exemple du patriotisme … ON LE SUIVRA APRÈS …

  4. Cinquieme illusion: Que la France pense que le Mali est nettoyé alors que les mêmes gens qui ont été a l’origine de cette crise restent aux affaires comme d’habitude. Après l’election il faut qu’il soit clair aux dirigents maliens a ce qui est acceptable et ce qui ne le sera plus dans la gestion du pays.

  5. Merci encore kassin pour ton analise véridique qu,elle honte pour le Mali des jeunes militaires qui tourne dans les bases pendant que des soldats etrangers sont entrain de mourrir a leurs place chaque chose en son temp mais hélas ,ont n,est au Mali ou les mots honeurs et dignité ont disparue, pour le désir du confort

  6. Oui, il y a plus qu’une désillusion. Il y a même un crime silencieux contre l’humanité que mène la France contre le Mali, les Maliens et l’Afrique.
    Voici une importante information que je ne commente pas. J’en laisse le soin aux Maliens; aux patriotes de la relayer, et à tous les débilités d’en profiter pour élever un peu le niveau de leur conscience politique.
    Suivez le lien: http://www.legrandsoir.info/mali-utilisation-d-armes-a-l-uranium-appauvri-la-censure-de-rue89%E2%80%B3-thierry-lamireau-lesoufflecestmavie-unblog-fr.html
    De la part de la pourriture qui est aux affaires à Bamako et dans la zone CEDEAO, le cadeau est joli pour les populations et l’environnement.
    Pour l’instant, dans les médias occidentaux aux ordres de l’impérialisme et ses bras armés de l’OTAN, c’est silence radio. Sauf bien sûr dans les réseaux sociaux militants.
    A méditer sur la coloniale libératrice accueillie avec des drapeaux et des you !you ! A méditer ses objectifs pour le Mali et l’Afrique.
    Ils ont réussi le même crime en Libye dans l’indifférence générale de toute l’Afrique officielle maffieuse. Pourquoi pas au Mali où la presse aux ordres se préoccupe essentiellement du folklore électoral à l’horizon?

    • Dibi , raccourci de dibile mental ton grand soir info n’est pas un journal ,mais une feuille de propagande du parti communiste qui en France ne represente à peine 1% de la population ! donc meme pas assez bon pour servir pour s’essuyer le cul 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆

    • Il y aura toujours des redresseurs de tord pour pointer un doigt accusateur sur ce que tu feras! Par contre, je ne suis pas sur que je voudrais aller rendre visite a mes parents dans un Mali qui a fait un bond en arriere de quinze siecles!

  7. La fuite en avant, une épopée malienne

    175ème pays sur 187, voilà le rang du Mali dans le classement de l’Indice du Développement Humain 2011 publié par le programme des Nations Unies pour le développement PNUD.

    Après 52 ans d’indépendance, le Mali, malgré ses ressources en or, son bétail, son coton, ses cours d’eau, ses terres arables et irrigables, sa jeunesse et sa position stratégique en Afrique, reste à la traîne, relégué au banc des nations, malmené par une classe dirigeante insouciante et incompétente, il agonise de Kayes à Kidal comme un éléphanteau privé d’eau dans une savane désertifiée et abandonné par sa maman.

    Après le temps des indépendances et des ambitions à la Modibo Keïta, le CMLN dort sur le pouvoir en l’absence de tout projet de développement avant que l’UPDM n’endorme complètement un peuple meurtri avec ses “sections pilotes avec palme”.

    Le ras-le-bol, qu’elle suscite au sein de la société civile et de la classe estudiantine conduit aux événements de janvier et mars 1991 et ouvre la voie au multipartisme intégrale et au pluralisme politique au Mali.

    Mais très vite les “démocrates” transforment le régime politique arraché dans le sang et dans le deuil en “corruption intégrale” et au “pluralisme de médiocrité”, à telle enseigne qu’au Carré des Martyrs de Niarela, les victimes de mars 1991 du régime sanguinaire de Moussa Traoré ne dorment plus qu’avec un seul œil.

    La Médiocrité est désormais dans l’administration, à l’école, dans les centres de santé, dans les partis et associations politiques, dans l’armée, dans la police, dans la gendarmerie, au gouvernement, dans les entreprise et même dans les familles.
    Corruption à ciel ouvert et falsifications à gogo jusque dans les décrets présidentiels et dans la nomination de ministres conseillers du premier ministre.

    Partout le laisser aller, la simplicité, et la recherche du gain facile ont pris le pas sur l’ordre public, le travail bien fait et avec vocation, l’engagement et l’amour de la patrie.

    Les soldats sont délaissés à leur pauvre sort au front loin de leur famille, idem pour les écoliers, les malades, les usagers de l’administration, les petits fonctionnaires, bref tous les sans voix et sans recours du pays.

    A l’opposé tous ceux qui parlent en leur nom ne manquent pas une seule occasion pour s’en mettre plein les jabots, dans une inconscience inouïe entremêlée de moquerie pour un peuple qui les a pourtant tout donné.
    Les derniers spécimens de ces nouveaux charognards, ce sont les membres du Comité Militaire de Réforme de l’Armée.

    Voilà des officiers venus au devant de la scène publique malienne à la grâce d’un coup d’état dans un pays où la constitution l’interdit formellement, pour disent-il “restructurer” la démocratie et l’état au Mali.

    En neuf mois d’arrestations arbitraires de politiques et de journalistes, d’agressions encagoulées de civils et de militaires désarmés, je n’ai personnellement pas vu quelle est la partie de l’Etat ou de la démocratie malienne que ces ex membres du CNRDRE ont “restructuré”.

    Au contraire j’ai vu le commandement de l’armée malienne se disloquer dans son PC de Gao en fin mars 2012, entraînant la fuite éhontée de l’armée malienne dans les trois régions du nord de notre pays, leur occupation par des groupes islamistes et indépendantistes, avec exactions de nature diverse sur les populations et destructions de nos patrimoines millénaires par les occupants.

    J’ai vu les soldats de l’armée malienne s’entretuer en plein Bamako quand les trois régions du nord étaient sous occupation obscurantiste.

    J’ai vu les policiers du GMS se tirer dessus comme un gang de dealers ou de mafieux.

    J’ai vu une France généreuse sauver Konna , Sevaré, Diabali, avant de libérer Gao, Tombouctou, Kidal et Tessalit.

    J’ai vu les soldats tchadiens mourir pour le Mali à des milliers de kilomètres de N’Djemena.

    J’ai vu mes frères africains déployer leurs soldats à la rescousse d’une armée malienne mal formée, mal équipée et délaissée depuis trop longtemps par les dirigeants du Mali.

    Au moment où frère Idriss Deby annonce que ses hommes ont eu raison de Abou Zeid, dans les montagnes du Tagharghar, je n’ai pas compris, et le peuple malien n’a pas compris, pourquoi Dioncounda, Diango, Yamoussa, Tiena, Mamadou Namory et Tiefing signent un décret pour octroyer une rémunération et des indemnités mirobolantes et indécentes à Sanogo et sa clique se chiffrant à des millions de nos francs.

    Qu’est-ce qu’ils ont fait dans leur vie pour le Mali, pour mériter des millions de salaires, alors qu’ils ne combattent même pas pour libérer notre pays?

    S’agit-il d’une prime au coup d’état pour encourager et perpétuer ce “crime imprescriptible” qu’a bannit notre constitution du 25/02/1992?

    Ou serait-il une autre trahison de nos autorités transitoires dans la pure tradition des autres trahisons de ce peuple meurtri et toujours poignardé dans son dos par ses propres dirigeants?

    Après tant d’épreuves et de souffrances qui ont conduit le monde entier au chevet du Mali, je n’aurai jamais pensé que les dirigeants actuels du Mali allaient poursuivre leur légendaire fuite en avant.

    • Que vais-je dire encore de plus,je trouve qu’il n’ya rien à ajouter à ce discernement mon cher compatriote.je pense que les finiront par comprendre que le cndr a fait ce sale boulot pour remplir leur poche et non pour sauver le peuple malien.

      • La France ne va pas venir construire le mali pour nous on a qu’à serré la ceinture c’est mieux ils nous ont aidé a chassé les terroristes le reste c’est a nous soit on accepte une bonne fois la colonisation. On va botté nos dirigeants sa va commencer comme sa.

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