Au Mali, face à la recrudescence des attaques de groupes armés terroristes, dans la région de Menaka et de Talatayt (est du pays), le secrétaire général du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA), Moussa Ag Acharatoumane, dissident de l’ancien Mouvement national de Libération de l’Azawad (MNLA), s’est associé avec le général El Hadj Ag Gamou, chef du Groupe d’autodéfense touareg Imghad (Gatia, créé en août 2014, mouvement armé de la Plate-forme d’Alger), et à l’ancien gouverneur de Kidal, Alhamadou Ag Ilyene, désormais ambassadeur du Mali à Niamey, pour lancer le principe d’un quadrillage sécuritaire assuré par le Gatia, des éléments des Forces armées maliennes (FAMA) et des combattants du MSA.
Ils étaient en visite cette semaine à Paris pour rencontrer des responsables des services et des autorités politiques et se sont, auparavant, engagés dans une tournée malienne visant à obtenir la validation par les communautés locales du principe de ces patrouilles mixtes «hybrides».
Les prochaines élections régionales prévues en juillet 2017, source d’inquiétudes, pourraient justifier la mise en place de ces dispositifs inédits, laboratoires de sécurité locale (dans le cadre des Accords d’Alger) en appui au dispositif français et afin de pallier le déficit capacitaire des FAMA, qui ne sont que 8 000 pour un territoire de 1,24 million de kilomètres carrés ! C’est notamment le cas dans la région de Menaka, où «officie» Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, un des plus célèbres transfuges d’AQMI ayant fait allégeance à Daech en octobre 2015. Ce dernier a indiqué vouloir perturber le processus électoral, en lançant des attaques contre la MINUSMA et les FAMA.
Du côté français, les deux dernières opérations engagées par le dispositif Barkhane sur le territoire malien depuis le 29 avril (Panga et Bayard), visant à identifier puis frapper les dépôts logistiques des groupes armés terroristes repliés dans la forêt de Foulsaré (située à la frontière entre le Mali et le Burkina-Faso), ont permis de neutraliser une vingtaine de terroristes. Elles s’ajoutent aux quelque 150 opérations menées en 2016 et 2017 par les forces françaises dans les cinq pays composant le G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina-Faso, Niger et Tchad).
Parmi celles-ci, la plupart des opérations sont menées en englobant un dispositif des FAMA, parfois dans une logique transfrontalière, comme l’opération Tomonon, à la frontière entre la Mauritanie et le Mali, ou encore l’opération Garekou entre le Mali et le Niger, dans la région du Liptako-Gourma, à cheval sur le Mali, le Niger et le Burkina. Le général De Villiers, CEMA, s’est rendu sur place, il y a quelques jours, pour partager des éléments d’analyse de la situation avec ses homologues du G5 Sahel.
www.ttu.fr