Plusieurs dizaines de morts, une humiliation militaire, une crise politique, une confiance, déjà fragile, à reconstruire, et un profond sentiment de gâchis : un mois après la flambée de violence qui a embrasé la ville de Kidal, dans le nord du Mali, le bilan de cet épisode dramatique est lourd pour le pays et son président, Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK ».
La visite du premier ministre malien, Moussa Mara, à Kidal, le fief des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le 17 mai, s’est soldée par de violents affrontements et la défaite de l’armée malienne, contrainte de battre en retraite. Elle a ravivé le spectre des rébellions touareg, facteur de déstabilisation du Mali depuis des décennies. « Sans la médiation de l’Union africaine, sans les interventions de Serval et de la Minusma, nous serions revenus à la situation de 2012 » , estime un observateur malien.
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Elu en août 2013 avec près de 78 % des voix, Ibrahim Boubacar Keïta avait pourtant de nombreuses cartes en main. Dès son élection, le président malien a bénéficié d’un fort soutien de la communauté internationale. Son élection avait été précédée par la signature d’un accord préliminaire de paix, en juin 2013, à Ouagadougou (Burkina Faso), qui jetait les bases d’une paix future entre le gouvernement central et les groupes armés touareg et arabe du nord du Mali. Ceux-ci y reconnaissaient l’intégrité territoriale du Mali, l’unité de l’Etat et son caractère laïque. « Du bout des lèvres, notait un bon connaisseur du dossier, mais ils l’ont accepté. Malheureusement, l’accord a été mis de côté. »
En neuf mois, le règlement du conflit au Nord n’a pas avancé. Le gouvernement malien a été confronté à la division des groupes armés, mais il a souvent été difficile de lire une stratégie claire de la part de Bamako. Les Etats généraux de la décentralisation, en octobre 2013, suivis par des ateliers de travail avec les groupes armés, en février, n’ont pas donné de résultats probants. « Aucune des personnalités maliennes connaissant bien la question touareg et les dossiers du Nord n’ont été sollicités par la présidence », soulignait un diplomate étranger. La désignation, en avril, de l’ancien premier ministre Modibo Keïta au poste de haut représentant pour le dialogue intermalien avait donné un signal positif. Jusqu’aux événements de mai.
Les interrogations demeurent sur la décision du premier ministre de se rendre à Kidal alors que le dialogue avec les groupes touareg et arabe du nord du Mali était dans l’impasse. Le résultat est désastreux : « IBK » n’est pas apparu assez fort pour imposer sa supériorité militaire, ni assez conciliant pour lancer un véritable processus de dialogue avec ces groupes. L’épisode risque de considérablementcompliquer sa tâche.
DES OPINIONS PUBLIQUES RADICALISÉES
Le président Ibrahim Boubacar Keïta est politiquement affaibli. Trois partis de l’opposition, dont l’URD de Soumaïla Cissé, le plus important, avaient réclamé, le 23 mai, le départ du premier ministre. Quelques jours plus tard, le ministre de ladéfense, Soumeylou Boubèye Maïga, poids lourd du pouvoir, annonçait sa démission. Il demande aujourd’hui la création d’une commission d’enquêteparlementaire sur l’offensive militaire du 21 mai à Kidal. Selon Bamako, l’ordre d’attaquer n’est en effet pas venu du pouvoir politique mais de l’armée. « En demandant une commission d’enquête, l’ancien ministre conteste implicitement cette version », explique un bon observateur qui s’interroge : « Est-ce le début d’un conflit à l’intérieur de la majorité présidentielle ? » Les violences de Kidal, où quelque 50 militaires et sept fonctionnaires maliens ont été tués, ont aussi radicalisé les opinions publiques dans chaque camp. Il sera d’autant plus dur de les convaincre de dialoguer.
Enfin, « IBK » va devoir reconquérir la confiance de la communauté internationale, dont l’appui militaire et économique est indispensable au pays. « Il est évident que le capital de sympathie n’est plus le même », reconnaît un diplomate à Bamako. Les diplomates avaient été nombreux à tenter de dissuader M. Mara de se rendreà Kidal. Cet épisode est venu s’ajouter à un climat de défiance : mi-mai, le Fonds monétaire international (FMI) a demandé des comptes au premier ministre sur sa gouvernance économique, notamment l’achat d’un avion présidentiel pour 30 millions d’euros. En attente de réponses satisfaisantes, les aides budgétaires au Mali ont été suspendues.
L’onde de choc de ce mois de mai peut-elle constituer un électrochoc salutaire ? « En tout cas, ça conforte ceux qui ont toujours pensé que la solution à la question touareg ne pouvait être que politique et non pas militaire », souligne un observateur malien. La diplomatie est à nouveau à l’oeuvre : les médiations burkinabé et algérienne ont été réactivées. Modibo Keïta a rencontré des représentants des groupes armés à Ouagadougou et à Nouakchott (Mauritanie). « Le gouvernement et les groupes armés doivent très vite montrer qu’ils sont prêts à négocier », insiste un diplomate, inquiet de voir certains ingrédients de la crise de 2012 à nouveau réunis. Le MNLA avait alors pris le contrôle du nord du pays avant de se faire déborder par les groupes djihadistes, finalement chassés en janvier 2013 par l’intervention française Serval.
bozonnet@lemonde.fr
source: LE MONDE | 17.06.2014 à 11h52 |Par Charlotte Bozonnet (Service International)
Toto si vous craignez une invasion,engagez vos FAMA?Le MALI est souverain non?Ne pleurnissez pas, vous aviez un Prési de poigne. INCH’ALLAH? Prenez tous les fils des dignitaires qui sont dans l’armée et les affectr hors de BAMAKO, ça va galvaniser les troupes. Sinon 10 touaregs pourront tenir face à une cie Malienne?
si cela les commentaires du journal le monde, il n’a rien dit. L’opinion publique ne changera pas; et on se demande toujours que veut la france? UNE INVASION DE NOTRE TERRITOIRE ou quoi?
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