Le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé, ce jeudi 25 avril, la création d’une force de maintien de la paix au Mali. 12 600 casques bleus, chargés de stabiliser le nord du pays, intégreront la Minusma – Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali – qui prendra le relais de la force panafricaine, la Misma. Les troupes françaises sont «autorisées à intervenir en soutien aux éléments de la Minusma et en cas de danger les menaçant», précise le texte.
La mission devrait être déployée au 1er juillet prochain si la sécurité, sur le terrain, est suffisante, indique la résolution, mise au point par la France et adoptée à l’unanimité. La Minusma comprendra, au maximum, 11 200 soldats et 1 440 policiers dont des « bataillons de réserve capables de se déployer rapidement », est-t-il également précisé.
Un millier de soldats français resteront au Mali pour contrer une éventuelle guérilla des groupes islamistes armés. Par ailleurs, le contingent français au Mali doit passer de 3 850 soldats, aujourd’hui, à 2 000 en juillet.
Une opération de maintien de la paix pas comme les autres
La Minusma sera déployée sous chapitre 7 de la charte des Nations unies. En clair, elle sera autorisée à faire usage de la force, en cas de légitime défense ou bien pour prévenir des attaques terroristes. Son mandat va donc plus loin que les missions d’interposition de l’ONU comme celles, par exemple, qui ont été déployées en République démocratique du Congo ou en Côte d’Ivoire.
Ce sera une force « robuste », précise-t-on au ministère français de la Défense. Les casques bleus seront choisis, autant que possible, dans les effectifs de la Misma. La Minusma devrait ainsi récupérer le gros des bataillons actuels, notamment les Tchadiens et les Nigériens. Cependant, d’autres contributeurs pourraient s’y joindre. On parle de la Mauritanie mais aussi de bataillons venus d’Europe du Nord.
La Minusma n’aura pas, pour mission, la lutte antiterroriste mais devra protéger les civils et sécuriser les zones libérées. La traque aux terroristes incombera à la force d’appui française, dans la continuité de l’opération « Serval ». Cette force – composée d’un millier d’hommes environ – ne sera pas financée par l’ONU, contrairement à la Minusma, mais laissera à la France une plus grande liberté d’action.
En cas de coup dur, cette force d’appui française pourra également intervenir en soutien à la nouvelle mission onusienne. Les deux forces auront d’ailleurs leur Quartier général à Gao, dans le nord du Mali.
Le Tchad vise le commandement militaire de la Minusma
Le Tchad a fait part de sa volonté de participer à la Minusma, à hauteur de 2 000 hommes. C’est l’effectif qui se trouve déjà sur place dans le cadre de la Misma. N’Djamena, qui entend bien jouer un rôle de tout premier plan dans cette mission onusienne, attend beaucoup de la Minusma.
Il y a, tout d’abord, une logique financière. En effet, jusqu’à présent, le pays avançait l’argent pour le déploiement de ses troupes au Mali. En trois mois, cette présence a coûté 56 milliards de Francs CFA à l’Etat, selon le premier ministre tchadien. Avec la création de la Minusma, ces 2 000 soldats seront directement pris en charge sur le département de maintien de la paix de l’Onu, ce qui signifie : plus de dossier ni de délai, avant le remboursement.
Cependant et ce que N’Djamena veut, par-dessus tout, c’est le commandement militaire de la Minusma. Ce serait « un choix logique », estime une source diplomatique tchadienne jointe par RFI, car le Tchad a un contingent important qui est, aujourd’hui, le plus opérationnel sur le terrain, après les Français. N’Djamena va donc proposer son candidat et ce sera un officier, bilingue, formé à l’étranger. « Tous les critères seront remplis », affirme cette même source tchadienne.
Depuis l’annonce, par le président Idriss Deby, du retrait des troupes tchadiennes du Mali, le Tchad est soupçonné de faire un chantage à l’ONU pour obtenir ce poste de commandement. Mais « ce n’est pas une condition », assure notre source, même si le Tchad sait que plusieurs pays influents de l’Afrique de l’Ouest entendent aussi briguer ce poste. «Pas question d’être relégué au second plan. Ce n’est pas une question d’image, il en va de l’efficacité de la mission », conclu cette source diplomatique tchadienne.
Par RFI