Mali: émeutes anti-alcool à Tombouctou

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La boite de nuit "Le Kaleme" mis à sac par des jeunes manifestants. Crédit photo : @Malick Konaté

Au Mali, des émeutes anti-alcool ont eu lieu samedi matin 25 février dans la ville de Tombouctou. Pendant plusieurs heures, des groupes de jeunes ont détruit des lieux de vente et de consommation d’alcool à travers la ville. Aucun blessé, mais des dégâts matériels importants. Le calme est revenu à la mi-journée mais les dégâts matériels sont importants. Ces émeutes sont survenues suite à une polémique autour de la vente d’alcool fort en sachet.

Bars et maquis détruits, casiers d’alcool incendiés, lieux de vente saccagés… plusieurs témoins racontent comment des jeunes en colère ont traversé la ville par petits groupes de 20 à 30, plus d’une centaine sur certains lieux, pour détruire les sites de consommation d’alcool.

Ce samedi matin, tout est parti du quartier d’Hamabangou. Hamabangou, puis Abaradjou, Saraikaina : ce sont les quartiers abritant des débits d’alcool qui ont été visés.

Depuis environ deux semaines, des habitants se plaignaient d’une femme qui vendait de l’alcool en sachet : très fort, très peu cher et très nocif. Les riverains l’accusaient d’en vendre même à de jeunes enfants. Devant son refus de cesser son activité, des jeunes Tombouctiens ont décidé d’employer la manière forte.

Le mouvement a ensuite débordé dans d’autres quartiers de la ville, provoquant des scènes rappelant la douloureuse période d’occupation jihadiste de 2012, lorsque les occupants d’Aqmi et Ansar Dine interdisaient la consommation d’alcool au même titre que le sport ou la musique. Rien à voir, assure pourtant Abdoulaye Cissé, président du syndicat des commerçants de Tombouctou et membre du Comité de développement du quartier d’Hamabangou :  « Cela n’a rien à voir avec le jihadisme, c’est vraiment un problème dû à la consommation d’alcool en sachet. Ils sont allés saccager les lieux parce que les enfants achetaient cet alcool-là ».

Si les habitants joints au téléphone déplorent les actes de vandalisme qui ont frappé certains commerces parfaitement légaux, tous assurent unanimement que ce mouvement n’a rien à voir avec l’extrémisme jihadiste

Ces actes de vandalisme sont une réaction contre la vente d’alcool en sachets, cédés à bas prix, y compris à de jeunes enfants, explique Alassane Yattara, chef du quartier d’Hamabangou : « Un enfant de dix ans, s’il prend de l’alcool ça ne va pas. C’est ça qui a déclenché la colère des jeunes. Vraiment, c’est ça. Ils ont déclaré ça au niveau des autorités. Ils n’ont rien fait, donc, c’est la raison pour laquelle ils ont fait ça. Les sachets d’alcool c’est mauvais pour la santé et leur éducation »

Une version confirmée par une source sécuritaire malienne à Tombouctou, qui précise qu’aucune arrestation n’a été effectuée et que le calme est revenu.

 Par RFI Publié le 25-02-2017

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5 COMMENTAIRES

  1. je rois que l’État ne devrait pas accepter à ce que n’importe qui vienne faire n’importe quoi au Mali.

  2. Une jeunesse désorientée qui n’a aucun sens des priorités.
    Une émeutes anti-Alcool ???
    J’aurais compris une émeute pour l’emploi
    Une émeute contre la corruption
    Une émeute contre l’insuffisance des infrastructures sanitaires
    Une émeute contre le manque de moyen scolaire
    Une émeute contre le manque de moyen sportif
    Une autre contre le désert culturel..pas de cinema, pas de théâtre, pas de bibliothèque, pas de salle de spectacle
    Au lieu de cela, on préfère aller ruiner le commerce d’honnête gens parce qu’une personne malveillante a vendu de l’alcool dans des sachets.
    Toujours une généralisation facile propre aux simples d’esprits.
    On veut faire de Tombouctou une cité sans alcool ??? Faites appel aux Djihadistes. Eux au moins sont très fort dans ce domaine.

  3. L’alcool est très mauvais pour la santé et je crois bien qu’on ne doit pas se faire justice.

  4. Le Mali est devenu le far-west. Les populations sont lassées d’être laissé à eux-mêmes par un État plus préoccupé par l’organisation de sommets et la signature d’accords pompeux que d’assurer ses devoirs régaliens. C’est donc normal que l’on assiste à ce genre de choses où tout le monde fait n’importe quoi en étant sûr de l’impunité. D’un côté les marchands vendent de l’alcool sans crainte à des mineurs et de l’autre côté les jeunes cassent tout sans distinction. Ce pays va droit au mur.

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