Au Mali, chronique d’une guerre qui ne dit pas son nom

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Novembre 2017, dans le désert malien, soldats des Forces armées maliennes (FAMA). CRÉDITS : AFP

Récit d’un « lundi noir » dans un pays en proie à de constantes attaques des groupes djihadistes à un mois des élections régionales.

A Bamako, la controverse enfle au sujet de la mort de soldats maliens qui auraient été tués par erreur dans un raid des forces françaises. Le ministère de la défense a pointé la responsabilité de la France, qui, elle, dément toute bavure. Chaque jour qui passe au Mali apporte son lot de militaires tombés sur un front qui n’existe pas, de voyageurs infortunés dont le véhicule explose sur une mine.

Il y a moins d’un moins, le premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, considérait que le pays est plus « stable qu’en 2013 », lorsque l’armée française était intervenue pour chasser les djihadistes de leurs bastions septentrionaux. Pourtant, près de cinq ans après le début de l’opération « Serval », le Mali est encore bien loin d’avoir retrouvé la paix. La journée du 6 novembre en témoigne.

La veille au soir, dans la petite bourgade de Fatoma, dans la région de Mopti, un notable était assassiné. « C’était un conseiller du chef de village », précise un habitant de la zone, décrivant six hommes armés qui ont fait irruption sur trois motos et exécuté le conseiller pour avoir « caché » un informateur de l’armée malienne. Sinistre ironie, l’assassinat est intervenu deux jours après la visite d’une délégation gouvernementale, conduite par le premier ministre, destinée à « réconforter les populations terrorisées », notamment du centre du pays, où les hommes du djihadiste Hamadoun Koufa mutiplient les attaques.

« Donner raison aux terroristes »

Lundi 6 novembre, la tournée du premier ministre était provisoirement suspendue. Alors que sa délégation était attendue à Soumpi, dans la région de Tombouctou, un véhicule de l’armée a sauté sur une mine. Selon une source locale, l’incident a fait trois blessés. Quelques instants plus tôt, aux environs de 7 heures du matin, à Lelléhoye, dans la région de Gao, un minibus en partance pour la foire avait connu le même sort mais avec un bilan plus lourd : au moins quatre forains ont été tués et trois, blessés.

Toujours au cour de cette matinée, une mission de l’armée malienne « escortant des éléments de la Mission des Nations unies » tombait dans une embuscade à Konna. Dans la course-poursuite engagée contre les assaillants, confie un officier, un véhicule de l’armée s’est renversé provoquant la mort d’un soldat et de quatre civils de la mission onusienne, ainsi que deux blessés.

Enfin, en début de soirée, vers 18 heures, le poste de contrôle de Gossi, dans la région de Tombouctou, était attaqué par un commando. Bilan : un caporal de la Garde nationale et un adjudant de la gendarmerie tués.

Plusieurs de ces attaques ont été revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, la coalition djihadiste dirigée par le Touareg Iyad Ag-Ghali. Elles interviennent alors que les électeurs seront appelés aux urnes, le 17 décembre, pour les élections régionales et locales. Ces scrutins doivent être couplés aux communales partielles, qui n’ont pu se tenir en novembre dans 59 communes du centre et du nord du Mali en raison de l’insécurité. Le contexte sécuritaire actuel est évoqué par nombre d’acteurs politiques pour demander un report. Pour Bamako, cela reviendrait à « donner raison aux terroristes ».

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1 commentaire

  1. Faisons tout, pour que les élections se tiennent, même dans les conditions actuelles. Les Maliens sont pressés de se débarrasser du pouvoir calamiteux de IBK. Les populations sont désemparées, surtout celles résidant dans les zones affectées par les violences, mais aussi, dont sont absentes, toutes formes de forces de défense. Les plus proches se trouvent à des centaines de kilomètres du centre névralgique des activités du groupe Kouffa. Les populations le savent, et connaissent même certains parmi eux. Elles sont à la merci des djihadistes d’Amadou Kouffa, qui les contraignent à un islam rigoriste et violent. Il n’existe dans ces endroits, aucun signe de l’administration de l’état, tout le monde a foutu le camp. Les Douaniers, policiers, gendarmes, infirmiers, enseignants et même les élus locaux et certains chefs de villages ont tous détallés sans demander leurs restes. Si IBK est reconduit, l’insécurité prendra l’ascenseur le plus rapide pour se propager à l’ensemble du pays. Il est incompréhensible et inadmissible à la fois, que IBK puisse se laisser aller entre les mains d’un clan de criminels, des prédateurs des deniers publics. Son insouciance face aux difficultés de l’armée est inexplicable tout simplement. Les affaires de détournements sont révélés chaque jour par le Vérificateur, sans aucune réaction judiciaire du pouvoir, comme si voler les biens publics n’était pas un crime. Tout est permis sous ce régime. Les gars ne se font plus de limites en matière de surfacturation. Pendant ce temps, les militaires au feu, peinent à manger deux repas corrects par jour, sans parler de la qualité de leur armement, juste des lance-pierres pour faire la guerre. IBK ne mérite pas de demeurer même une seule journée à la tête de ce pays. Cette chronique fait froid dans le dos.

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