Le Premier ministre malien Soumeylou Boubèye Maïga a achevé une nouvelle visite de 48 heures dans la région de Mopti au centre du pays. Il a visité plusieurs localités. Il a évoqué le lancement d’un programme DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) des groupes armés du centre et c’est une première. Mais il est également revenu sur les tensions intercommunautaires avant d’annoncer un nouveau renforcement du dispositif sécuritaire.
Les conflits intercommunautaires continuent dans le centre du Mali. Au cours de sa nouvelle visite dans la région de Mopti, le Premier ministre malien a d’abord voulu balayer du revers de la main les rumeurs selon lesquelles son gouvernement soutient un camp contre un autre. « Je ne vois pas pourquoi le gouvernement prendrait parti pour telle communauté ou pour telle autre. Le gouvernement combat un phénomène, le gouvernement combat l’insécurité, il combat le trafic, il combat le terrorisme », a déclaré Soumeylou Boubeye Maïga.
Pour apaiser la situation, de nouvelles concertations sont prévues. Mais pour faire taire les armes, le Premier ministre a annoncé au centre le très prochain début d’un programme DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion). Le président de la Commission nationale DDR et ancien ministre, Zahabi Sidi Ould Mohamed, va commencer le travail dès ce lundi : « Lundi, mardi, j’invite tous les cousins qui ont les gris-gris à rester ici pour parler. »
Les « gris-gris », il veut parler des chasseurs traditionnels. Mais les jeunes peuls qui gravitent autour des groupes jihadistes sont également concernés par le DDR, une manière de les sortir des griffes des groupes extrémistes.
Dépistage
Dans le centre, les conflits ont fait plusieurs centaines de victimes civiles selon l’ONU en 2018. S’il est difficile de les dénombrer, les milices communautaires sont de plus en plus nombreuses et armées, souvent d’armes de guerre. A cela s’ajoutent les incursions jihadistes qui n’ont pas diminué. Le gouverneur de Mopti, Sidi Alassane Touré, dessine les contours de ce DDR spécial centre.
« Il y a beaucoup de jeunes qui ont été embobinés dans cette affaire et qui ne voulaient pas partir, et qui aujourd’hui justement ont compris que ce n’est pas le bon choix et qui veulent revenir. Il se pourrait justement qu’il y ait effectivement des gens qui sont là, qui sont prêts, qui sont même pressés qu’on puisse commencer ce DDR. Cela fait partie de notre stratégie pour pouvoir faire en sorte que les gens qui ont été enrôlés dans ces groupes armés terroristes et aussi dans certaines milices, il faut le dire comme ça, d’autodéfense, puissent rejoindre le DDR. Ceux qui ne vont pas déposer les armes, ceux qui ne vont pas se faire enregistrer seront considérés tout simplement comme terroristes. C’est très clair. Il n’y a pas autre chose », affirme le gouverneur.
L’Etat malien est-il pour autant prêt à engager dans son armée des membres de milices d’autodéfense et des membres de groupes terroristes ? « Il y a quand même tout un processus. Il y a un screening [dépistage] qu’ils font, un screening pour voir. Quand vous êtes réputé terroriste, je ne vois pas comment vous allez intégrer les forces armées maliennes. Ceux qui seront là, qui seront retenus à ce screening et qui obéissent aux critères, ceux-ci vont certainement bénéficier de la réintégration ou alors de la réinsertion.
Après Mopti, Soumeylou Boubeye Maïga s’est rendu à Gao, pour recevoir le Premier ministre canadien Justin Trudeau venu passer quelques heures auprès des troupes canadiennes au sein de la Mission de l’ONU au Mali, la Minusma.
Publié le 23-12-2018