Pour couper court à la rumeur relative à un éventuel financement de la restitution des pourparlers d’Alger par la présidence de la république, nous avons approché le Président de la Maison de la Presse, Makan Koné qui pilote cette activité. Dans cet entretien, il dément les informations selon lesquelles il aurait reçu de l’argent au nom des journalistes.
Depuis l’obtention d’une feuille de route consensuelle entre l’Etat et les groupes armés et non armés, les autorités ont commencé la vulgarisation de ce document. Mettant à contribution la presse, que savez-vous de cette restitution?
D’abord il faut retenir que le document n’a pas été vulgarisé officiellement au niveau de la presse comme on a eu à le voir au niveau de certaines institutions. Nous n’avons pas reçu officiellement le document. Nous avons vu le Premier Ministre faisant le tour de certaines institutions pour leur remettre officiellement le document. Par contre, ceux à quoi on a participé, ce sont les consultations que le président de la République a initiées. Il faut d’ailleurs le saluer car pour la première fois il a initié une large consultation avant même la signature de l’accord en Alger. On a eu le privilège d’assister à distance à la signature de l’accord d’Algérie sur la feuille de route consensuelle. Il y avait un point qui bloquait. C’était par rapport à la laïcité. Au cours de notre entretien avec le Président IBK, il nous a informés que les groupes armés ou non armés venaient d’accepter la laïcité du pays. En notre présence, il a affirmé que le gouvernement du Mali pouvait signer la feuille de route consensuelle. C’est ce document aujourd’hui qui est en train d’être vulgarisé. Nous- nous sommes dits qu’il faut aller au-delà de cette rencontre. Car c’est l’avenir du Mali qui se joue sur la base de cette feuille de route. Nous nous sommes dits qu’il serait bien de faire un compte rendu à notre base qui est la presse, cela de façon formelle. Personnellement j’ai pris cette initiative en associant notamment, Ibrahim Coulibaly qui représentait l’Assep ; Alexis Kalambry du groupement patronal de la presse écrite et Alou Djin qui représente l’Urtel. Je les ai approchés pour leur dire d’organiser une journée pour un compte rendu fidèle à l’attention des journalistes. Cette journée a été organisée mercredi dernier. Il faut noter que l’organisation de cette journée n’a été suscité ni par la présidence, ni par le Ministère de la communication ou une organisation quelconque. J’ai personnellement pris l’initiative de faire la restitution. Et les gens l’ont appréciée. Maintenant nous nous sommes dits qu’il serait mieux que nous délocalisions cette restitution à l’intérieur du Mali. Nous avons fait un voyage pour des raisons sociales à Ségou. Et on est allé avec la voiture de mon épouse. Pour dire que nous avons effectué ce voyage avec nos propres moyens. Je me suis dit que nous allons en profiter pour faire la restitution. Mais suite à un malentendu, nous avons annulé cette restitution à Ségou. Je voudrais en profiter pour apporter une précision de taille. Depuis qu’on nous parle du rôle de la presse, de la consultation à la restitution, aucune autorité ne nous a soutenus financièrement. Et d’ailleurs c’est l’occasion de leur dire qu’il est temps qu’on trouve un cadre de soutien à la presse afin que nous puissions jouer notre rôle dans le cadre de la paix et de la réconciliation. Par rapport à cette restitution, nous n’avons pris un centime avec qui que ce soit. Mieux, depuis l’ascension du chef de l’Etat, je n’ai perçu un centime ni de lui ou l’un de ses collaborateurs. Si quelqu’un a donné un Franc, qu’il se déclare publiquement.
S’agissant des actes posés par les groupements de presse pour l’amélioration de la presse suite à la résolution de la crise, pouvez vous nous parler de l’évolution de la situation des doléances ?
Pour le moment les doléances sont en train d’être centralisées. A chaque fois que nous rencontrons une autorité, nous demandons un accompagnement. Mais concrètement nous n’avons eu aucun soutien officiel. Aujourd’hui il est important de souligner que cette période de crise a été la plus grave que la presse ait connu. Et d’ailleurs l’aide publique à la presse à été réduite de 60% à 70%. Donc, c’est la presse qui a payé le plus lourd tribut pendant cette période de crise. Alors que c’est nous qui jouons le plus grand rôle. Ce n’est pas pour faire du triomphalisme, mais il faut reconnaitre que même lors du coup d’Etat c’est la presse qui s’est battue pour le retour à l’ordre constitutionnel. Même la démocratie malienne est en partie due à la presse. En clair, je ne vois pas de doléances satisfaites à 100%. Parlant des conditions de travail des journalistes, il n’y a eu aucune amélioration. Ce n’est pas difficile à vérifier. Si vous parlez de l’aide publique à la presse qui est une obligation car ce n’est pas de l’aumône ou un don, elle n’a connue aucune amélioration. Partout au monde, l’Etat soutient la presse. Par rapport à la résolution de la crise récente, l’Etat, au moment ou je parle, ne nous a pas appuyés pour les dernières activités que nous avons menées. La restitution que nous avons eue à faire a été financée par nos propres moyens. Le cas du voyage en Algérie est un cas désespéré. Aucune catégorie socio professionnelle n’a plus de mérite que nous les hommes de media. Mais l’Etat prend en charge certaines couches et on nous demande de nous prendre en charge. On aurait pu faire une couverture médiatique efficace en informant en temps réel les autorités ici et à travers nos écrits, trouver des solutions pour éviter certains pièges à l’Etat malien. Mais ce n’est pas perdu il est important que l’Etat se ressaisisse par rapport à cette situation.
Vous êtes en fin de mandat, est ce que vous pouvez nous faire le bilan de votre gestion avec les grands projets que vous avez initiés comme la Haute Autorité de la communication (HAC) ?
D’abord il faut savoir qu’à la Maison de la Presse, le comité exécutif est en fin de mandat depuis juin dernier. A cause de la crise, ce sont les associations de Presse qui ont jugé nécessaire de ne procéder à aucun changement. Maintenant il est temps que le bureau de la Maison de la Presse soit renouvelé. Je ne vais pas briguer un autre mandat et dans les jours à venir, on va renouveler le bureau de la Maison de la Presse. Pour le bilan, nous pouvons dire que nous avons fait de notre mieux. D’abord avec les autorités, on a pu doter la Maison de la Presse d’un nouveau bâtiment. On a initié un projet de partenariat avec l’Ecole supérieure de journalisme de LiIle en France (Esji). Le premier grand projet de formation diplomante que la presse malienne ait initiée. Il s’agit de former des formateurs d’abord ici. Mais ces formateurs assisteront dans un premier temps un formateur français dans la formation des journalistes maliens. Au bout de deux ans, ils auront un diplôme de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille. Comme s’ils avaient étudié à Lille. Le projet est en cours. D’abord on est à la phase des radios et à partir de l’année prochaine ça serait la phase de la presse écrite. L’un de nos grands projets dont les gens ne parlent pas, c’est le fait d’abriter à la Maison de la Presse le Studio Tamany qui ne travaille que sur la réconciliation et le retour de la paix. Dans le cadre de la crise, nous avons organisé énormément de rencontres. L’une des grandes rencontres qu’on a eues à faire, c’est le forum organisé l’année dernière qui a abrité tous les protagonistes de la crise et même les militaires. Seule la presse a pu réunir tous les protagonistes de la crise à la Maison de la Presse. En outre, on a essayé de doter la presse d’un cadre de travail normal. Aujourd’hui à la Maison de la Presse, il y a des journaux qui tirent sans débourser un sou. Ils utilisent l’eau, l’électricité et la connexion internet gratuitement. Pour vous dire, qu’aujourd’hui un journal peut survivre grâce à la maison de la presse. Ça c’est en bref les grands projets de mon bilan.
S’agissant de la Haute autorité de la communication (HAC), il faut comprendre que le projet n’est pas fondamentalement de la Maison de presse. C’est un projet de la presse malienne et du gouvernement. Nous avons demandé en son temps, d’avoir une autorité unique de régulation. Maintenant on est vraiment à la phase terminale de cette autorité. Celle-ci sera, en quelque sorte, le gendarme de la profession. On aura des représentants au sein de la Haute autorité. La présidence de la république aura 3 représentants et l’Assemblée Nationale aussi aura 3 représentants. Maintenant notre souci est que le Président qui sera élu soit de la profession. Il ne faut pas que nos politiques s’immiscent trop dans les affaires de la HAC et aussi que celle-ci soit une entité respectée de tous.
Qu’en ait-il avec l’application de la convention collective ?
Sur l’application de la convention collective, il faut savoir que nous avons beaucoup travaillé. C’est dommage que l’Etat lui même délivre des récépissés à des étudiants ou des fréquences qui ne sont mêmes pas utilisées. C’est pour vous dire que la Maison de la Presse ne peut rien contre la délivrance des récépissés. Le rôle de la Maison de la Presse ne se limite qu’à la formation et le perfectionnement. C’est d’ailleurs nous qui avions essayé de sortir de cette situation en faisant du lobbying, du syndicalisme. Il faut que chacun prennent ses responsabilités. L’Etat ne peut pas délivrer ses récépissés à des étudiants et dire après que la presse est ceci ou cela. Pour la convention collective, la cérémonie de signature à déjà eu lieu à la Maison de la presse. Ça dépendait de l’accompagnement de l’Etat. Ce qu’on a demandé par rapport au respect de la convention collective, si on devrait l’appliquer, il n’y aura qu’une dizaine de journaux qui vont rester. En fin il est grand temps que la presse elle-même s’organise et que l’Etat aussi nous aide.
Propos recueillis par Ibrahim M.GUEYE