C’est qu’a déclaré Me Arouna Toureh, porte-parole de la plate-forme des mouvements auto-défense du Nord. C’était le samedi 12 décembre 2014, au cours de la conférence de presse qu’il a co-animée avec les représentants des mouvements membre de la plate-forme. Objectif : informer la presse sur les objectifs de la plate-forme des mouvements auto-défense et sur sa position par rapport au pré- accord proposé par le médiateur algérien lors de la troisième phase des négociations entre le gouvernement malien et les groupes armés du Nord.
La plate-forme des mouvements auto-défense du Nord est composée du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance ( CMFPR), la Coordination pour le peuple de l’Azawad (CPA), le Groupe d’auto-défense de l’Azawad (Gatia), le Mouvement populaire pour le salut de l’Azawad (MPSA). Sans compter d’autres mouvements qui s’apprêtent à rejoindre cette plate-forme dans les prochains jours.
Cette plate–forme, selon ses responsables, ne vise autre chose que de ramener la paix, la cohésion sociale et la sécurité au Mali. «Il n’est pas question pour la plate-forme de poser un acte qui puisse compromettre un jour l’unité, l’intégrité, le vivre ensemble au Mali. La plate-forme ne fait que consolider ces valeurs », a rassuré Me Toureh.
Pour le représentant du MAA, Mohamed Ahmed, ce qui compte pour les Maliens du Nord comme du Sud, c’est la paix.«Cette paix nous la voulons et nous y tenons avec beaucoup d’insistance. Nous ne sommes pas ceux qui cherchent une indépendance, ni une fédération pour le Nord, mais nous pensons que les régions du Nord ont des problèmes auxquels il faille trouver des solutions pour mettre ses communautés dans leurs droits afin qu’elles soient responsables pour se prendre en charge », a-t-il déclaré.
Et le secrétaire général du Gatia, M. Fahad d’ajouter que ce que les autres pensent avoir par les armes, les membres de la plate-forme entendent l’avoir par les urnes et la voix du dialogue. Après avoir expliqué les circonstances dans lesquelles le Gatia a été créé, Fahad assure que son mouvement n’est pas en belligérance avec l’Etat malien car, ses membres n’ont d’autre terre que le Mali.
S’agissant du pré-accord issu du troisième round des pourparlers d’Alger, les responsables de la plate-forme sont formels : «Ceux qui pensent que le pré-accord n’est pas valable, se trompent. Ils ne l’ont pas lu ou n’ont pas, peut être, compris son contenu », a affirmé le porte parole de la plate-forme. Avant d’ajouter que la plate-forme des mouvements d’auto-défense est satisfaite globalement de ce projet- d’accord. Cela pour plusieurs raisons.
D’abord, c’est la plate-forme, dit-il, qui a fait le plus de contribution dans le processus et l’essentiel de ses propositions sont prises en compte dans ce document.
Le pré-accord permet, a-t-il ajouté, aux régions de se prendre en charge en termes de gouvernance. Toutes choses qui permettront aux populations de ces régions de s’assumer, à se prendre en charge. Un accent y est mis sur la question de sécurité et des positions pertinentes sur le développement des régions du Nord y sont prises en comptes. Il s’agit aussi d’un document qui proscrit sans réserve l’impunité.
Mais à en croire les conférenciers, le pré- accord comporte quelques points de discorde relatifs à la mise en œuvre de l’accord final qui sera signé ; aux institutions et à la question de sécurité.
S’agissant des institutions, les responsables de la plate-forme souhaiteraient que les représentants de l’Etat dans les régions du Nord (gouverneurs de régions) soient élus au suffrage universel direct pour leur donner plus de légitimité. Aussi, ils ne voient pas d’un bon œil la réintégration des déserteurs dans l’armée. Cette question, selon eux, doit être traitée au cas par cas.
«L’armée malienne ne doit plus être le dépotoir de ceux qui ont mis le Mali dans cette situation inconfortable. Ces requêtes de la plate-forme n’ont pas encore eu une suite favorable auprès du médiateur algérien, ni auprès du gouvernement. Mais la plate-forme ne désespère pas car les négociations ne sont pas terminées ».
«Si les nos propositions sur le développement sont prises en compte dans l’accord final qui sera signé, probablement en janvier, il y aura une paix et une sécurité durable au Nord du Mali. Car, il y aura moins d’attrait pour la prise des armes, puisse qu’il y aura plus d’activités et moins de chômage », a conclu Me Arouna Toureh.