Longtemps restés en marges des débats et des décisions dans la lutte contre l’insécurité dans les trois régions du Nord-Mali, les officiers de la communauté Chamanamass, avec à leur tête, le Colonel Hassan Ag Mehdi, Haut fonctionnaire de défense au MDDIZON, ont organisé une rencontre pour rendre public leur aspiration.
La rencontre, qui s’est tenue, les 11 et 12 septembre dernier, à Gao, sous la présidence du Colonel Hassan Ag Mehdi, Haut fonctionnaire de défense au ministère délégué auprès du Premier ministre, chargé du Développement Intégré de l’Office du Niger (MDDIZON), avait pour ordre du jour l’analyse de la situation sécuritaire au Nord du Mali, la sensibilisation et l’implication des communautés à travers leurs leaders pour l’avènement d’une véritable culture de la paix dans le nord afin de juguler les diverses formes d’insécurités résiduelles déjà existantes.
Dans cette perspective, la réflexion et les discussions ont porté sur, entre autres, la menace que constitue le retour massif de la Libye des combattants armés susceptibles d’être récupéré par AQMI ou d’autres groupes armés. Justement, sur ce point précis, les participants ont jugé nécessaire de prendre des mesures pour sécuriser ces combattants.
De plus, il a été recommandé la sensibilisation et l’implication des communautés, à travers leurs leaders, pour l’avènement d’une véritable culture de la paix dans le nord afin de juguler les diverses formes d’insécurités résiduelles déjà existantes. Les officiers ont, en outre, demandé aux uns et autres de rester fideles aux principes républicains dans une armée juste et loyale ; d’éduquer et sensibiliser les hommes en uniforme, où qu’ils se trouvent, pour renforcer la culture de la paix dans un Mali fort et uni. On n’oubliera pas la résolution qui a trait à la création d’une compagnie mixte à Taikarene et la transformation de la commune de Alata en sous préfecture. Cela, pour combler le vide sécuritaire et l’absence de l’autorité de l’Etat dans la zone, de peur que celle-ci devienne un nid pour AOMI et autres bandits armés. Des mesures comme le cantonnement des ex-combattants ont été envisagés.
Lors de l’entretien que nous avons eu avec le Colonel Ag Mehdi, il nous est revenu que certains officiers ayant pris part à cette réunion ont été mandatés pour faire parvenir le message aux plus hautes autorités. Il s’agit outre dudit Colonel, le Colonel Intala Ag Assayid, des Lieutenants Colonels Mbareck Ag Akli et Adgaymar Ag Alhousseini et de l’Inspecteur des Douanes, Ilad Ag Mohamed.
Les chamanamass s’apprêtent à accueillir leurs frères de la Libye
A quelques encablures de la Cité des Askia, Argabèche (environ 65 km) ce sont les représentants de toute la communauté (65 000 âmes) qui se sont donné rendez-vous pour, une fois de plus, discuter des problèmes de sécurité. Parmi les invités de marque, l’on pouvait noter la présence du ministre de l’Agriculture, Aghatam Ag Alhassane et le très respecté Chef de la Communauté des Chamanamass, Almoumine Ag Kiyou. Des points inscrits au programme, l’on retiendra la paix et la sécurité, la cohésion sociale, les dispositions à prendre pour le retour des combattants venus de la Libye…
Face aux problèmes soulevés, la communauté chamanamass s’engage à renforcer la cohésion sociale au sein de ladite communauté, en particulier, et avec toutes les autres communautés du Mali, en général.
De plus, les Chamanamas ambitionnent de collaborer avec tous ceux qui œuvrent pour la paix et la sécurité, notamment avec les autorités administratives et de sécurité, promouvoir une véritable culture de la paix à travers une sensibilisation permanente des populations, surtout des jeunes et assurer le plaidoyer pour l’emploi des jeunes avec l’appui de l’Etat et des partenaires techniques et financiers. Toutefois, ajoutent les notables, cet engagement requiert un appui franc et permanent des autorités nationales.
Sur le plan administratif, la communauté souhaite que certains actes créant des conflits entre les communautés, ne soient plus pris par l’administration. A titre d’exemple, la décision N°0059/GRG-CAB du 12/02/2011 du gouverneur de la Région de Gao, autorisant la réalisation d’un forage équipé pour fixation de familles, au bénéfice des populations arabes du cercle de Bourem (commune de Tarkint) sur le territoire du cercle de Gao (commune de Tilemsi). Cela, contre la volonté des populations autochtones. On y ajoute la demande de création de la commune d’Emnaghil. Les Chamanamas veulent que la création de ladite commune soit diligentée, de même que celle des fractions en instance au gouvernorat de Gao (Ikarbaganène Amasrakade, Ikarbaganène 2 et Takaragnat Alla).
Actualité oblige, la communauté veut bien bénéficier des actions de développement de certains programmes en cours, notamment dans le cadre du Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement des régions Nord du Mali ainsi que le désenclavement des sites nomades en matière de télécommunication.
Par rapport au retour des populations de la Libye, la communauté chamanamass à décidé de la mise en place d’une commission chargée de l’organisation, de l’accueil, de l’encadrement et de l’évaluation des besoins de réinsertion de ces populations. Enfin, une contribution financièrement à hauteur des moyens de la communauté a été faite pour le démarrage des activités de la commission d’accueil et d’encadrement.
Le Chef de la communauté, Almoumine Ag Kiyou et certains notables ont rencontré le Chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, le samedi dernier, pour lui faire part du travail accompli.
Paul Mben
ABANCO (cercle de Tessalit)
Le Préfet échappe à un braquage
Cheick Sulunudy Deuraré, Préfet de Tessalit, peut se dire heureux. En effet, entre 17 et 21 heures, le mardi 20 septembre dernier, ses gardes (les deux Ibrahim) ont bataillé dur pour lui sauver la vie et empêcher à un groupe de bandits armés d’enlever son véhicule. Selon les informations que nous avons recueillies, il était environ 17 heures, quand un groupe d’hommes lourdement armés a surgi des nombreuses grandes roches qui longent la route nationale menant à Tessalit, à environ 25 kilomètres du Chef lieu de cercle. C’est tout d’abord son garde du corps qui a brisé la vitre de la portière avant pour se défendre avec détermination à travers une rafale de Kalachnikov. Profitant de cet instant, le chauffeur a mis le véhicule à l’abri, derrière un grand rocher. Lui aussi, élément de la garde nationale, a fait usage de son arme. Pendant plusieurs heures, les deux ont tenu tête aux quatre délinquants et ont, en même temps, alerté l’armée. Dépassés par les événements, les bandits ont vite fait de disparaître à travers les nombreuses montagnes de ce paysage hostile qu’ils maîtrisent comme leur poche. Le Préfet, ses deux collaborateurs et les éléments de l’armée, venus en renfort, ont remplacé le pneu crevé et ont rejoint Tessalit, sains et saufs. Après la riposte des militaires du check-point de l’aéroport de Kidal (voir 22 Septembre du lundi 18 septembre), nos forces armées et de sécurité viennent, une fois de plus, de démontrer leur professionnalisme et surtout qu’elles sont à la hauteur de la mission qui leur a été confiée.
Paul Mben