Dans le citer nommément, mais cela se voyait comme le nez au milieu du visage, le représentant de l’Algérie à la Deuxième Revue sur la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme, organisée à New York par les Nations Unies, s’est évertué à clouer le Mali au pilori.
Ces quelques extraits du discours qu’il a prononcé ne laissent aucun doute à cet égard. " Les événements récents ont montré, à juste titre d’ailleurs, qu’en l’absence d’une norme juridique contraignante, la pratique de la prise d’otages devient encore plus complexe lorsqu’elle est suivie par l’exigence de paiement de fortes rançons jumelée à l’élargissement des terroristes détenus. Face à cette évolution dangereuse, la communauté internationale ne peut rester indifférente et laisser la voie à toutes les dérives découlant d’actions unilatérales, non coordonnées et non concertées qui ne font en définitive qu’exacerber la situation… L’établissement de nouvelles règles et la mise en place également de nouvelles procédures de rappel à l’ordre des Etats qui ne respecteraient pas leurs engagements deviennent, à cet égard, cruciaux. Cela requiert, bien entendu, un engagement plus fort des Etats ainsi qu’une implication plus grande du système des Nations Unies ".
Et, pour conclure, d’appeler le Conseil de sécurité des Nations Unies " à l’adoption d’une résolution spécifique renfermant une disposition juridique plus contraignante que celle figurant dans sa résolution 1904, qui devrait incriminer aussi bien le paiement des rançons que l’élargissement des détenus pour activités terroristes en contrepartie de la libération des otages ".
Face à cette gesticulation algérienne, qui vise à obtenir de la communauté internationale une condamnation morale du Mali (pour crime d’avoir sauvé la vie et rendu à la liberté l’otage français, Pierre Camatte, contre la libération après condamnation de quatre terroristes d’AQMI) et qui devrait être suivie, selon le calcul d’Alger, de sanctions diplomatiques et économiques, l’intervention de Moctar Ouane sonne comme une réplique appropriée. Lorsqu’il déclare, sur le ton serein et avec le calme olympien qui forcent l’estime chez ses interlocuteurs que " nul n’a le monopole de la lutte contre le terrorisme mais que tous ont le devoir d’agir ensemble " l’allusion à l’Algérie est limpide comme une eau de roche. Même si, en bon diplomate rompu aux ficelles du métier, il a la délicatesse de ne pas nommer ce pays à l’instar de Rezale Bara, le conseiller du président Abdelaziz Bouteflika, de qui émanent les propos cités plus haut.
Puis, avec méthode, il dévoile la politique sécuritaire et anti-terroriste du Mali, qui combine une présence renforcée de l’Etat, à travers l’administration et les forces armées, dans les zones concernées et des actions de développement soutenues en faveur des populations désœuvrées. Et rappelle l’initiative diplomatique prise par ATT pour organiser à Bamako une conférence des chefs d’Etats de la bande sahélo-saharienne en vue d’asseoir une coopération sous-régionale sans laquelle aucune victoire n’est possible contre le fléau. Laquelle initiative a été, hélas, torpillée par l’Algérie.
La même Algérie qui s’est rétractée lorsqu’il s’est agi de matérialiser une décision prise par les états majors des armées des deux pays de former des patrouilles mixtes pour traquer le banditisme et le terrorisme dans l’espace limitrophe algéro-malien. Enfin, c’est connu de tous, le Mali a accordé le droit de poursuite sur son sol à tous ses voisins victimes d’actes terroristes. La Mauritanie, avec l’appui de la France, vient d’en user, voire d’en abuser, l’opération lancée pour libérer Michel Germaneau s’étant soldée par l’enlèvement de deux éleveurs de noble famille de Tombouctou, finalement relâchés avec des excuses et un désintéressement financier.
C’est donc cette Algérie, dont les exemples de manquements, voire de dérobades dans la nécessaire coopération sous-régionale à construire contre le terrorisme et le banditisme sous toutes ses formes sont si nombreux que les colonnes de ce journal ne suffiraient pas à les contenir, qui veut se donner le beau rôle, s’arroger le leadership en la matière, jeter l’opprobre sur le Mali, le mettre au ban de la communauté internationale.
Mais elle perd assurément son temps et son énergie. Car cette communauté internationale a infiniment plus de respect et de considération pour le Mali que pour l’Algérie. Un pays replié sur lui-même, écrasé sous la botte de généraux corrompus et incompétents et dont l’unique contribution au monde est d’avoir transformé le Sahara Occidental, jadis espace de paix et d’échange entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, en un champ de violence, d’insécurité et, pour tout dire, de ruine. En y exportant l’abject terrorisme sorti de ses propres viscères.
Saouti Labass HAIDARA