Décidément, l’étau se resserre autour du Mujao, l’un des groupes islamistes armés occupant le nord depuis plus de huit mois. En marge du vote d’une résolution pour une intervention militaire, l’Onu et les Etats-unis viennent d’inscrire ce mouvement sur la liste noire des organisations terroristes.
Au moment où les discussions ont été engagées entre le gouvernement malien, Ansar Dine et le Mnla, à côté des préparatifs pour le déploiement d’une force africaine pour chasser les islamistes armés, les sanctions de la communauté internationale pleuvent sur les narcotrafiquants et les mécréants du Mujao.
Dans un communiqué en date du vendredi 7 décembre 2012, le Département d’Etat des Etats unis d’Amérique a annoncé l’inscription, sur la liste des organisations terroristes, du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), l’un des groupes qui contrôlent le nord. Ce classement survient deux jours après des sanctions prises par le Conseil de sécurité de l’Onu à l’encontre du Mujao, en tant qu’organisation liée à Al-Qaïda.
Le Mujao et deux de ses dirigeants, Hamada al-Khairy et Ahmed al-Tilemsi sont désormais considérés par la loi américaine comme des terroristes ou comme des soutiens à des terroristes, selon le communiqué du Département d’Etat.
Conséquences de cette décision venant du Département d’Etat, tous les biens sous juridiction américaine dans lesquels le Mujao, M. Khairy ou Tilemsi ont des intérêts, sont bloqués et les ressortissants américains ont interdiction de mener des transactions avec eux, conformément à la procédure américaine classique.
Le Mujao est devenu le maître de la ville de Gao, suite à l’offensive conjointe entre les différents groupes terroristes et le Mnla, au lendemain du coup d’Etat du 22 mars 2012. Le Mujao, ce groupe fondé par le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Al Khairy, alias Abou Ghoum-Ghoum, est un adepte d’une application rigoureuse de la charia. Ce bandit du désert s’est illustré par des prises d’otages. Il a revendiqué, fin novembre, le rapt d’un Français à Diéma dans la région de Kayes. Cet enlèvement a porté à 13 le nombre d’otages étrangers détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mujao, dont sept Français.
Cette décision du Conseil de sécurité et du Département d’Etat américain traduit, à tout point de vue, l’incohérence et la cacophonie de la communauté internationale au moment où la volonté de la France et l’Union africaine d’obtenir le feu vert de l’Onu à l’intervention d’une force internationale au Nord se heurte au scepticisme du secrétaire général de l’Onu, de Romano Prodi, de Washington et du voisin immédiat du Mali, l’Algérie.
Face à ces sanctions décrétées par l’Onu et les Usa, le Mujao n’a pas tardé à réagir à travers l’un de ses porte-paroles, Abou Derdar: «Nous avons appris qu’il y a eu des sanctions de l’Onu et le pays des mécréants, ça ne nous fait pas peur. C’est de Dieu que nous avons peur, pas des mécréants. Nous sommes prêts pour le jihad. Nous attendons les ennemis. Nous allons voir ce qui va se passer. Nous sommes prêts pour la guerre. Nous allons appliquer la charia partout où cela sera nécessaire. C’est ça, notre objectif. Le reste est entre les mains de Dieu, mais pas dans les mains de mécréants».
Cette démarche du Conseil de sécurité exige aux pays membres de l’Onu d’imposer aux entités et individus placés sur cette liste, un gel des avoirs, un embargo sur les armes et une interdiction de voyager.
Nouhoum DICKO
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