Certes l’Algérie par le passé s’est toujours montré collaboratrice à l’égard de notre pays pour la gestion des différentes crises qui l’ont secoué. Mais, sa très remarquable disponibilité dans la gestion de la récente insurrection a suscité pas mal d’interrogations au sein de l’opinion publique nationale. Car cette médiation de l’Algérie intervient au moment où les relations diplomatiques entre nos deux pays commençaient à se détériorer. Une situation causée par l’ouverture à Kidal d’un consulat libyen.
Beaucoup d’observateurs voyaient en l’attitude de l’Algérie un paradoxe. Mais si l’on s’en tient à la pensée du président Français De Gaule, " les Etats n’ont pas d’amis, mais des intérêts ". Cette réaction de l’Algérie ne doit pas nous surprendre. Car c’est seulement lorsqu’un Etat sait se servir des situations et sait en tirer profit qu’il devient une nation forte. Il a été constaté qu’à chaque fois que l’Algérie intervient dans une crise, elle se met en position afin de pouvoir se servir des avantages de dernières minutes. Voilà pourquoi, cette nation se montre toujours disponible envers ses voisins du sud du Sahara et précisément notre pays.
En acceptant de s’impliquer dans la gestion de la crise survenue le 23 mai dernier au Nord de notre pays, malgré la tension qui existait entre elle et le Mali, l’Algérie, qui venait de fermer son consulat de Gao, savait pertinemment qu’elle saurait tirer son épingle du jeu. Elle a alors accompagné, sans conditions préalables, notre pays de la signature sur son territoire d’un accord dit d’Alger, jusqu’à la mise en place de la commission de suivi du même protocole d’accord.
Mais, voilà que cette nation, qui a su garder sur elle une carte de dernière minute, vient de compliquer le jeu des jokers en mettant à sa faveur toutes les chances. En début de mois, elle décide alors de demander à notre pays l’une des toutes premières faveurs en guise de monnaie à sa médiation. Il s’agit du soutien du Mali pour combattre le Groupe Salafiste qui déstabilise son pays et qui trouve refuge sur notre territoire. Ne pouvant refuser son appui à un pays qui les a toujours magnifié sa disponibilité, nos dirigeants se sont alors lancés dans un profond processus de réflexion.
A l’issue duquel il a été décidé de confier la mission commando à la troupe de Fagaga. Cette équipe de tegargaret qui s’est toujours comportée en mercenaires a saisi l’offre tout en imposant ses conditions. Aussi pour mener à bien cette mission, la troupe de Fagaga exige des deux Etats (Algérie et Mali) le payement de plusieurs dizaines de milliards de nos francs et aussi la fourniture de la base de Tegargaret en vivres durant toute la durée de l’opération. Cette opération qui a débuté il y’a deux semaines a déjà connu deux accrochages, qui ont fait des morts de tous les côtés. Mieux, la date de désarmement qui était prévue pour le 28 octobre dernier n’a pu être respecté de même que celle du cantonnement.
Bref, c’est en réalité une bonne partie du document dit accords d’Alger qui vient d’être chamboulée. Après ces deux attaques, qui en réalité, ont secoué la colline de tégargaret, Fagaga a décidé de faire venir à ses côtés certains stratèges et braves combattants touaregs qui sont dans l’armée malienne. Il a alors fait démissionner des rangs de l’armée nationale le Capitaine Alkassoum, l’Adjudant Adda et le Sergent Chef Ilady, tous de la garnison de l’armée de terre de Téssalit et Aguelhoc.
Une autre source affirme que parmi les victimes des deux attaques, se trouvaient deux soldats déserteurs aussi des rangs de l’armée malienne. A travers cette stratégie, l’Algérie espère pouvoir mettre fin pour de bon à l’existence de cette bande de terrorisme. Mais elle ne mesure pas tous les contours de cette chaîne terroriste. Et notre pays, en acceptant de faire le jeu de l’Algérie vient de s’exposer à une menace qui jusque là l’épargnait. C’est une guerre qui, une fois commencée, n’a point de fin. C’est aussi une position protagoniste qui met désormais notre pays sur la liste noire des nations ennemies des terroristes. Ce pays, qui s’est plus ou moins montré neutre pendant des années dans la lutte anti-terroriste, qui s’est plutôt montré préoccuper par son développement, est maintenant la toute nouvelle cible du fléau mondial qu’est le terrorisme.
En plus de l’offre qui est faite à Fagaga, il faudrait retenir que cette guerre contre le terrorisme était une occasion opportune pour l’alliance de démontrer qu’elle n’a aucune ambition terroriste. Seulement, elle se trouve actuellement au centre d’une crise dont personne ne peut deviner la fin. Une crise qui, si l’on n’y prend garde, risque de compromettre à tout jamais le devenir de la région de Kidal. Une région que Fagaga et ses amis prétendent libérer du joug du sous développement qui l’agonise.
A suivre
Ousmane KONE
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