BAMAKO (AFP) – jeudi 14 octobre 2010 – 16h13 – Les pays du Sahel invités à une réunion d’experts de la lutte anti-terroriste du G8 qui s’achève jeudi à Bamako, veulent démontrer que leur coopération dans le combat contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est sur la bonne voie.
"La coopération est en train de s’asseoir", affirme, sous couvert de l’anonymat, un haut responsable militaire malien de la lutte anti-terroriste, invité à participer à la réunion du Groupe d’action contre le terrorisme (GACT) du G8 (Etats-Unis, Russie, Japon, Canada, France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne).
"La pression internationale agit sur chaque pays" et "aucun à lui seul ne peut combattre le terrorisme. (…) Sans coopération régionale franche, et au delà, internationale, ça ne peut pas aller", dit ce militaire malien.
Une exigence d’autant plus forte, selon le ministre malien des Affaires étrangères, Moctar Ouane, que le champ d’action d’Aqmi est un territoire désertique de 8 millions de km2 difficile à contrôler, partagé par l’Algérie, le Niger, la Mauritanie et le Mali.
"Nous sommes obligés de nous unir tous contre le terrorisme", a déclaré le président malien Amadou Toumani Touré en recevant jeudi matin les participants à la réunion. "Mais le tout-sécuritaire ne peut résoudre seul la question", a-t-il réaffirmé, insistant sur le nécessaire développement du Sahel.
De source diplomatique, on souligne que la réunion du GACT à Bamako a pour premier objectif "de faire progresser une prise de conscience" sur l’obligation de renforcer la lutte contre le terrorisme.
Face à Aqmi qui a multiplié ses activités sous forme d’attentats et d’enlèvements, la coopération entre les principaux pays de la région a jusqu’alors mal fonctionné.
Accusé par l’Algérie et la Mauritanie de laxisme, voire parfois même de connivence avec Aqmi, le Mali – où l’organisation islamiste a l’essentiel de ses katibas (unités combattantes) hors Algérie – a du accepter, bon gré mal gré, l’intervention sur son sol de l’armée mauritanienne contre ces unités.
Mais depuis l’enlèvement il y a un mois au Niger de sept étrangers (cinq Français, un Malgache, un Togolais), détenus par Aqmi au Mali, "la prise de conscience" semble avoir franchi une "étape", note le responsable militaire malien.
Le rapt a en effet été suivi, fin septembre, de deux réunions en Algérie: l’une des chefs d’état-major mauritanien, algérien, malien et nigérien à Tamanrasset (sud), où est basé un commandement conjoint des armées de ces quatre pays; l’autre à Alger où a été créé un centre conjoint de renseignement.
Reste que l’Algérie a boycotté la rencontre de Bamako, une absence remarquée par deux quotidiens privés maliens.
Le journal L’Indépendant écrit ainsi: "c’est à croire que l’Algérie et le Mali ne pourront jamais se mettre autour d’une table et discuter franchement de la question de la sécurisation de la bande sahélo-saharienne".
Le Républicain rappelle que "l’Algérie, comme on le sait, désapprouve toute implication occidentale dans ce qu’elle qualifie de problème exclusivement régional".
Les participants des pays du Sahel à la réunion du GACT ont minimisé cette absence de l’Algérie, la mettant avant tout sur le compte de sa rivalité historique avec le Maroc qui a participé à la rencontre.
La réunion s’est tenue strictement à huis clos.
Le Canada, pays organisateur, a interdit aux journalistes d’approcher de la salle de l’hôtel où elle se déroulait et demandé aux participants de ne pas parler à la presse. "C’est un sujet trop sensible", a déclaré à l’AFP un responsable canadien de la sécurité pour justifier cette interdiction.
AFP