A la loupe : Une mort problématique ?

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Mali: qui pour succéder à Intalla ag Attaher?
Le vieil Aménokal Intallah, puissant chef des Ifoghas à Kidal dans la cour de sa maison.
RFI / Claude Verlon

A quatre-vingt sept ans, l’amenokal des communautés touareg, Intallah Ag Attaher, vient de quitter le théâtre des opérations sans voir la réalisation de son rêve, qui lui est très cher, d’arracher l’indépendance des régions du nord, abusivement appelées Azawad, sans même que ne reprennent les négociations qui, pensent des groupes rebelles terroristes, doteront le septentrion malien d’un nouveau statut.

 

Ces rencontres inter-maliennes, des pourparlers aux négociations en cours, le vieux patriarche aura pesé sur elles, notamment en acceptant et renforçant les revendications des sécessionnistes. Tout comme il a pesé sur toutes les rebellions dans le nord.

 

En effet, investi depuis 1962 chef suprême des Touareg, ce « sage », selon le mot très diplomatique ou naïf du président de la République, est à la base –ou associé- de tous les foyers d’incendie qui ont cycliquement embrasé le ciel du Septentrion malien : 1962-1964, 1990-1995, 2006-2009, 2012. Dans la rébellion en cours, il a publiquement pris partie pour le Mouvement national de libération de l’Azawad, le Mnla qui a eu recours à toutes les pratiques terroristes et criminelles, qui s’est allié à tous les diables de la zone pour la déstabilisation et la partition du pays. Ensuite, quand le Mnla a été vaincu et chassé du nord, y compris de Kidal, Intallah Ag Attaher n’a rien fait pour s’opposer à l’occupation de Kidal par Ansar Eddine, un mouvement terroriste islamiste fondé et dirigé par un membre de sa famille, Iyad Ag Ghaly, avec lequel son fils préféré, Alghabass Ag Intallah, a eu une courte idylle criminelle. Et c’est quand ce fils a quitté Ansar Eddine pour créer le Mouvement Islamique de l’Azawad avant de fonder le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad, poussé par des notables touareg, que le vieux patriarche s’est détourné d’Iyad Ag Ghaly parce que ce dernier sentait de plus en plus mauvais. Et même quand les forces maliennes et étrangères sont entrées à Kidal, il n’a jamais tu ses préférences pour un Azawad libre et indépendant. De fait, contrairement à d’autres pyromanes, Intallah Ag Attaher n’a jamais essayé de jouer ensuite au pompier sauf quand la signature d’un accord de paix lui est imposée par des partenaires occultes sentant la cause perdue.

 

 

Une communauté très stratifiée et conservatrice

Si le présent de l’indicatif est utilisé pour parler de cet homme peu ordinaire, c’est parce que même mort son esprit continuera à peser sur les communautés touareg et à alimenter dans le nord des foyers d’incendie et de tension. Ainsi, pour sa succession, c’est son fils ainé, Mohamed, qu’il a choisi par testament. Sans doute se reconnait-il en ce député qui a été démocratiquement élu et réélu, qui a toujours su se montrer discret et sournois à l’instar de son père. Le choix n’est pas fortuit. Non pas parce que Alghabass, également élu député et plus charismatique, a flirté avec les islamistes avant de fonder un mouvement intégriste et de se blanchir dans le Hcua, mais parce qu’il n’a pas, comme son frère, les mêmes capacités de ruse, de dissimulation et de duplicité nécessaires pour fédérer une communauté composée de nombreuses tribus disparates. Cependant, malgré ce testament la succession risque de ne pas se passer comme l’aurait souhaité le défunt. En effet, la réaction d’Alghabass, arrivé à Kidal le samedi soir, est attendue parce qu’ayant toujours cru mériter le trône plus que son frère ainé qui n’a vécu que dans son ombre. Est attendue, également, et redoutée la réaction d’Iyad Ag Ghaly, le chef d’Ansar Eddine, qui n’a jamais caché ses prétentions à brandir un jour le sabre d’amenokal. Il est de la tribu des Ifoghas, censée être le sommet dans la hiérarchie des Touareg, une communauté très stratifiée et conservatrice, et peut faire prévaloir, par la force, s’il le faut –il possède une armée autrement plus redoutable que celle du Hcua- le fait que la chefferie, dans la communauté touareg, ne se transmet pas de père en fils. Ni de frère à frère comme cela a été le cas pour Intallah Ag Attaher. Ce sont les différents chefs de tribu qui se réunissent pour désigner leur nouveau chef. Pour la succession du défunt amenokal, malgré l’existence d’un testament la question est loin d’être tranchée et pourrait diviser la communauté touareg, dont certains membres s’appliquent depuis longtemps à sortir du fardeau de la féodalité. Et Intallah Ag Attaher pourrait se révéler plus dangereux mort que vivant.

 

 

Et c’est le nord qui en pâtira encore, d’autant plus qu’il y a une complication supplémentaire. Il s’agit de la mort de Baba Ould Sidi Amar, chef de la tribu des Kounta, qui a toujours joué un rôle prépondérant dans les tensions récurrentes, souvent meurtrières, entre Arabes et Kounta.

Cheick TANDINA

 

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1 commentaire

  1. Et le chien, le gorille Modibo Keita, qu’est-ce qu’on peut dire de lui? Bande de petits satants que vous etes!!!!

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