A la loupe : groupes armés-communauté internationale : La lune de fiel continue

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hislaine Dupont et Claude Verlon, envoyés spéciaux de RFI au Mali, ont été enlevés et assassinés à Kidal, ce samedi 2 novembre 2013
Ghislaine Dupont et Claude Verlon, envoyés spéciaux de RFI au Mali, ont été enlevés et assassinés à Kidal, ce samedi 2 novembre 2013.
RFI

En milieu de semaine dernière, les amis et parents de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, les deux journalistes de RFI assassinés à Kidal le 02 novembre dernier, ont commencé à mettre la pression sur les autorités françaises. Ils exigent d’elles de diligenter l’enquête sur la mort de nos confrères.

 

En effet, près de cinq mois après ce tragique événement, aucun juge n’a été désigné par le parquet français pour l’ouverture d’une information judiciaire afin de déterminer les circonstances exactes de la mort des deux Français et de situer les responsabilités dans cet odieux acte que certains attribuent au Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao). Bien qu’enlevés devant la porte d’un responsable du Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad), le principal suspect demeure encore Baye Ag Bakabo, un natif de la région, d’origine touarègue, qui a des liens étroits avec non seulement le Mujao mais également le Mnla. Bien qu’identifié depuis novembre dernier comme étant la seule piste sérieuse, Baye Ag Bakabo n’a jamais été appréhendé par la justice malienne ou les forces armées françaises, présentes dans la zone et qui sont au courant de ses nombreux mouvements de part et d’autre de la frontière avec l’Algérie. De fait, selon des sources concordantes, l’homme aurait été aperçu à plusieurs reprises à Tinzawatène (Algérie) et à Tessalit ou à Kidal (Mali).

 

De l’avis de certains observateurs, la mobilité d’action et le manque d’empressement des autorités françaises sont dus moins à ses relations avec le Mujao qu’à son appartenance au Mnla, et à l’implication de ce mouvement séparatiste dans la mort des deux journalistes. Si cette implication n’est jusque-là pas établie avec certitude, l’attitude de la justice française est assez révélatrice des relations qui existent entre la France et le Mnla. Il n’est un secret pour personne que, depuis janvier 2013, date de l’intervention au Mali de la force Serval, qui a barré la route à l’avancée jihadiste vers Bamako, le mouvement séparatiste jouit d’une certaine bienveillance protectrice de la part de certains cercles français, notamment au niveau de l’armée française qui comptait utiliser les rebelles comme forces supplétives. Mais contrairement aux militaires, les politiques français ont commencé à prendre leurs distances avec le Mnla depuis ces tragiques événements du 02 novembre. En effet, beaucoup d’entre eux se demandent pourquoi cela a pu arriver alors que tout avait été mis en œuvre pour que les rebelles prennent le contrôle total de Kidal, une ville qui était (qui est encore) à la merci des séparatistes. Pour eux, il ne fait aucun doute que des responsables du Mnla sont mêlés de très près à ce lâche double assassinat que rien ne pourra jamais justifier.

 

Cette nouvelle attitude d’officiels français et la fermeté des nouvelles autorités maliennes à traiter la question du nord sans trop d’interférences, dans le cadre strict de la justice et en occultant toute forme d’impunité, ont poussé les responsables du Mnla à changer de stratégie dans leur incessante campagne de lobbying auprès de l’extérieur. Ainsi, tout en boudant les ateliers préparatoires du processus de cantonnement, désarmement, réinsertion qu’ils qualifient de folklore des autorités maliennes, Bilal Ag Achérif, le chef de l’aile politique du Mnla, et certains de ses complices ont choisi de faire le tour de certaines chancelleries qu’ils veulent impliquer dans la résolution du dossier du nord du Mali. Mais pour ce faire, les rebelles touareg, qui excellent dans ce jeu, font comme d’habitude dans la duplicité et la sournoiserie. Sachant que le Maroc et l’Algérie ont des points de vue inconciliables, les responsables du Mnla se sont divisés entre ces deux pays : un groupe, dirigé par Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, fait semblant d’opérer une dissidence et crée un « nouveau » mouvement en Algérie tandis qu’un autre groupe se rend au Maroc dont le roi, qui a effectué une visite d’Etat au Mali, ne fait plus mystère de s’impliquer activement dans le dossier du nord.

 

Ensuite, profitant de la tension entre la Russie et l’Europe, principalement la France qui les a en disgrâce, les séparatistes touareg ont effectué un voyage à Moscou. Bien que n’ayant pas été reçus en haut lieu, ils ont dû quand même se rendre à l’évidence : le Mali n’entre pas dans les préoccupations premières de la fédération russe qui, malgré son désir de perturber la cour coloniale française, a renvoyé les rebelles à se fondre dans la république une et indivisible.

 

Ensuite, sachant que la Suisse est perçue par bon nombre de Maliens comme étant un soutien indéfectible de la cause touarègue et abrite des responsables rebelles, Bilal Ag Achérif et ses petits copains ont fait un tour médiatisé à Genève. Soucieuse de ses relations internationales, la confédération helvétique a tenu à être claire : elle a démenti tout soutien direct ou indirect au mouvement séparatiste touareg. Ses actions se limiteraient au cadre strictement humanitaire.

 

Quelques peu déçus, les rebelles ont mis le cap sur l’Italie pour rencontrer la communauté Sant’ Egidio qui leur a tenu le même discours que les Marocains, les Algériens, les Russes ou les Suisses : au Mali il ne saurait être question de sécession. Pourtant, toujours plongés dans leur rêve irréalisable, les rebelles touareg n’en démordent pas. Sur la VOA (Voice of America, la chaine publique américaine), le porte-parole du Mnla, Moussa Ag Assarid, affirme qu’à défaut de l’indépendance l’autonomie reste la seule option. Une position qui n’a pas eu d’écho favorable aux Etats-Unis, Washington, comme tous les autres alliés potentiels sollicités, restant attachée à l’unicité du Mali.

 

En réponse à cet activisme, les autorités maliennes, par la voix du ministre en charge de la réconciliation nationale, n’ont eu autre chose à dire que les ateliers ne sont pas du folklore. Que les discussions inter-maliennes auront lieu à Bamako et dans plusieurs autres localités mais qu’elles n’auront lieu qu’ici au Mali.

 

Pourtant, le ministre Cheick Oumar Diarrah aurait dû s’attarder à cette phrase de Bilal Ag Achérif qui invite la communauté internationale à ouvrir les yeux et à changer d’approche et de perception dans la gestion de la crise du nord malien. Cette phrase est en fait un aveu de l’échec naissant du lobbying touareg. En effet, depuis quelques temps, cette communauté internationale est en train de se rendre compte de la duplicité et de la sournoiserie des différents groupes armés, notamment le Mnla mais aussi le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad et le Mouvement arabe de l’Azawad qui essayent de mener leur monde en bateau. Ils sont de plus en plus aux abois parce que perdant l’un après l’autre leurs principaux soutiens même en faisant semblant de se diviser pour ne pas perdre de tous les côtés.

 

Et si la communauté internationale sait ce qui se passe réellement, beaucoup se demandent ce que les forces armées et de sécurité attendent encore pour donner l’hallali et libérer Kidal.

Présentement, elles en ont les moyens malgré la bienveillance coupable de la force Serval vis-à-vis des terroristes rebelles de l’Azawad.

 

Cheick TANDINA

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2 COMMENTAIRES

  1. Créer son MNLA, le rappeler à Kidal après y avoir chassé les djihadistes. Pauvre Ghislaine et Verlon…

  2. Ces braves jounalistes ne doivent pas mourir en vain. Je pense que le MNLA s’etait deja chargé d’assurer la securite a Kidal, tout en empechement l’armee malienne d y venir sauf en nombre bien defini (200 soldats cantonnes) par Paris-MNLA? Maintenant l’on ose nous dire qu’ils ne savent pas reelement qui a assassine Claude et Ghislaine! Mais qui a informe les ravisseurs que les journalistes etaient venus a l’interview chez un badit-chef du MNLA? Et ce n’est pas devant ce meme bandit qu’ils ont pu mettre les deux journalistes dans leur pick up? Cest une honte que de voir cette affaire foulee a terre pour proteger les criminels du MNLA.

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