L’ONU saisit toute l’urgence malienne : Les bonnes décisions s’imposent

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Les violences perdurent. Changer le fusil d’épaule devient un impératif en vue de minimiser les pertes humaines et de restaurer la sécurité.

La situation n’est pas très brillante. Pas une semaine ou presque sans qu’un casque bleu soit mort ou blessé. Les Forces armées maliennes n’échappent pas non plus à la mort qui rode partout au Septentrion. Autant en convenir que l’urgence malienne est totalement ressentie par les quinze représentants du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations-Unies (ONU). Qui viennent de boucler en fin de semaine dernière une visite dans notre pays, le deuxième du genre après celle de février 2014. Arrivée vendredi soir à Bamako, la délégation s’est entretenue tôt samedi matin avec le Premier ministre malien Modibo Keïta, avant de se rendre à Mopti (centre), puis à Tombouctou (nord-ouest), où elle a échangé avec des autorités régionales, locales et différents acteurs du processus de paix.

« Pour l’ONU, la priorité aujourd’hui est à la pleine mise en œuvre de l’accord de paix, l’accélération de sa mise en œuvre (…) y compris et d’abord sur le terrain », avait indiqué le représentant de la France, François Delattre, lors de la rencontre avec le Premier ministre.

Lors des échanges à Mopti et Tombouctou, il a notamment été question des défis sécuritaires neuf mois après la signature de l’accord de paix. Un document entériné dans un premier temps en mai 2015 par le gouvernement malien, les mouvements armés qui le soutiennent – la Plateforme -, puis en juin 2015 par les groupes rebelles à dominante touareg qui l’ont combattu dans le nord du pays – la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

Ce que les représentants de l’ONU ont vu et entendu constitueront la trame d’un rapport devant nourrir les décisions futures. Gouvernement et opinion publique nationale, attachée à l’écume des jours, jugent de bon aloi le changement du mandat défensif actuel de la Mission de l’ONU au Mali en mandat offensif. Dans l’optique de combattre les groupes terroristes dont les coups de feu visent à  précipiter dans le cercueil le processus de paix en cours.

Jusque-là, Barkane sorti des entrailles de l’opération Serval,  s’en  est occupé. Ses efforts sont jugés remarquables. En atteste le bilan flatteur de 140 chefs jihadistes tués. Cependant la zone sahélienne couverte, allant du Mali au Tchad, est trop vaste pour s’attendre à un miracle d’une force de quelque 3000 hommes.

Et l’armée malienne ? Paris a profité du vide sidéral offert par la classe politique malienne pour l’empêcher d’entrer à Kidal. Une erreur monumentale dans laquelle Iyad Ag Ghali s’est engouffré, avec dans sa valise d’Amadou Koufa. Ce n’est pas parce qu’on est prédicateur qu’on a acquis un permis de tuer. Kidal est un des principaux points de ralliement des candidats au jihad et un lieu de départ de la plupart des attaques perpétrées contre les localités du sud du voisin burkinabè. Une meilleure sécurisation passe par un redéploiement de l’armée et de l’administration. Au besoin, quitte à négocier des patrouilles mixtes avec la MINUSMA et Barkane.  Assorti d’un équipement à hauteur de souhait des forces armées maliennes.

Le processus de paix marque le pas, neuf mois après la signature de l’accord. A présent, un coup d’accélérateur administré au processus permet, outre les propositions formulées ci-dessous, d’éviter à court terme que les ex-combattants à bout de nerfs n’alimentent les maquis terroristes. Leur renouvellement est un grand danger qui guette le Mali.

Georges François Traoré

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