L’offensive contres les islamistes au nord : L’impératif d’éviter la grande chaleur de mars

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Les rencontres, réunions, forum, meeting ou manifestations de rue se succèdent et se ressemblent. Cela dure depuis plusieurs mois.  Tous disent la même chose : «Libérer le nord Mali». C’est plutôt le comment qui diffère d’une sensibilité à l’autre. Les dernières  rencontres en date, sont-elles les solutions pour le recouvrement de l’intégrité territoriale du Mali ? Ce statuquo arrange qui ?

Un convoi de combattants du Mujao

Un grand frisson s’est-il emparé des décideurs et des acteurs  pour la conquête du nord ? Qui a intérêt à ce que la situation de mi-paix mi-guerre perdure ? Face à tous ces atermoiements, tous ces discours qui souvent n’ont aucun fondement technique, le citoyen lambda est désemparé.

On parle de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) comme étant la solution, on parle de l’avis des Nations unies comme dernier recours pour la reconquête, et jusqu’à un passé très récent, des politiques, pour la plupart, ignoraient notre armée qu’ils considéraient incapables de rebondir.

Va-t-on arriver à janvier 2013, date anniversaire de l’occupation violente des villes du nord par les islamistes intolérants, les trafiquants de drogue et les terroristes sans que l’intégrité territoriale du Mali ne soit établie ?

Maintenant tout le monde s’est fait la religion des capacités réelles de la CEDEAO (la Communauté n’a pas de troupe et le peu de contingents mobilisables n’est pas apte à faire cette guerre), du feu vert des Nations unies à travers une Résolution votée le 12 octobre dernier allant dans le sens de la reconquête du nord, nous sommes en droit de se demander à quand l’offensive ?

Si l’on devait attendre le mois de mars prochain, comme le présage certains protocoles, le combat terrestre risque de n’avoir pas lieu. Car, c’est le mois du début de la très grande chaleur dans le Sahara où la température peut atteindre 45° à 50° à l’ombre (s’il y en a). Alors, les décideurs doivent faire attention au timing ou privilégié les opérations aériennes.

 Qui doit engager l’armée ?

Notre crainte est de ne pas se retrouver dans la situation passée, celle qui consistait à dire que «l’ordre n’a pas été donné». C’est pourtant clair et il a même été dit lors du forum organisé par la Maison de la Presse en fin juin dernier. Le représentant de l’armée à ce forum, le Commandant Samaké, a clairement dit que l’armée est républicaine, qu’elle est à la disposition du politique.

Que dès que le politique dira à l’armée d’avancer, elle avancera ce jour même. Une certitude, notre armée n’a pas intérêt à ne pas faire cette guerre, elle a un défi à relever, celle de sa crédibilité auprès de son peuple. C’est entre ses mains que le nord est tombé, c’est à elle de reprendre le nord avec ou sans l’aide de qui que se soit.

Contrairement à cette opinion qui dit que nous n’avons pas une armée, une troupe courageuse pour la mission de reconquête du nord, l’armée malienne a des hommes pour cela, ils ne sont pas tous morts ou à la retraite. Il suffit de leur faire confiance en leur donnant le commandement.

Les moyens, l’armée malienne doit aussi l’avoir maintenant, près de sept mois après «le repli stratégique». Le réarmement psychologique (qui a fait défaut à la troupe depuis 2006) tant prôné par les nouveaux chefs doit être à son bon niveau avec les nouvelles conditions créées après la mutinerie de mars dernier. Les risques de menace humanitaire, précédemment chantés par les Etats-Unis d’Amérique, la menace de confusion ou d’amalgame sont réels mais sachons qu’il n’y a pas de guerre propre. Il faut peut-être trouver le moyen de les minimiser.

Le nouveau son de cloche venant du pseudo Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ne doit être pris en compte qu’après avoir débarrassé le nord de ces aventuriers qui constituent une menace pour toute la sous région d’une part, de l’Afrique et de l’Europe d’autre part.

Heureusement qu’une rencontre, première du genre depuis le clash, a regroupé, les 18 et 19 octobre dernier, toutes les composantes de la communauté africaine et internationale. Pour une première fois, tous sont d’accord sur la même chose. Une énième rencontre de la CEDEAO pour «valider» le concept stratégique et il faut attendre encore un certain «feu vert» des Nations unies.

Est-ce le début de la fin de l’occupation du nord ? Probable ! Mais comme BA Moussa, le mécanicien, tous les Maliens moyens n’aimeraient entendre qu’une chose : «l’offensive est menée». Sinon tout le reste n’est que bla-bla.

Abass BA

 

Trop de crimes commis qu’aucune négociation ne peut effacer

L’étau de la communauté internationale se resserre autour du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), d’Ançar-dine, d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et consort. Pour tenter d’échapper à cette coalition de la communauté internationale, les criminels, animés d’une volonté de partition du Mali, d’instauration de la Charia et à la recherche d’espace pour le commerce de la drogue et la dissémination de l’intégrisme religieux à travers le monde, qui ont violemment occupé le nord Mali, demandent la négociation pour règlement de la crise.

Jouent-ils la montre ? Cherchent-ils des excuses pour faire de cette volonté de négociation un prétexte ? Après tous les forfaits commis, une négociation est-elle encore possible et au dépend de qui ? Ces mouvements se bousculent à Ouagadougou, chez le «médiateur» pour demander la négociation pendant qu’ils ne sont, eux-mêmes, pas sur les mêmes longueurs d’onde sur la question. Faut-il croire à leur volonté de négociation ?

C’est véritablement maintenant que le peuple se rendra compte s’il y a réellement des chefs à la tête de l’Etat, si la volonté de la communauté internationale de réinstaurer l’intégrité territoriale du Mali et de sauvegarder la laïcité au Mali est réelle et sincère. Il ne s’agit pas seulement que ces mouvements renoncent à leurs préoccupations initiales (indépendance du nord Mali, instauration de la Charia…), mais aussi qu’ils se soumettent à la justice pour que les crimes commis soient punis.

Il y a eu trop de crimes : amputations des mains, des pieds, exécutions sommaires, viols, tortures corporelles et psychologiques, destructions de patrimoines… Mieux, l’Etat doit se réinstaller au nord par tous les moyens avant de parler de négociations.

Soit les occupants acceptent le retour de l’Etat en rendant les armes, même s’il faut, sous la supervision des Nations Unies, soit par la force avec toutes les conséquences possibles. MNLA, AQMI, MUJAO, trafiquants de drogue et d’armes… ne peuvent pas se jouer de la volonté de toute une nation, de la communauté internationale. Qui va trahir le Mali ? Ses dirigeants, la communauté internationale? Ils ne doivent pas livrer les Maliens, pieds et mains liés, aux aventuriers qui ne constituent même pas le un centième de sa population.

Cette forme de revendications des Touaregs doit être réglée, pas durablement, mais définitivement. Et, c’est à partir de cette énième crise, pire que les précédentes, que ce règlement doit commencer.

Les décideurs, les historiens, les intellectuels et tous les experts en la matière ont du pain sur la planche. Car, par la faute de ces gens, le Mali est détourné de son combat pour le développement et menacé dans son intégrité. Ça suffit !

Drissa SANGARE 

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