À l’issue de la visite des émissaires de l’Onu à Bamako : Deux gros points de divergences et un point sombre persistent

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Gérard Araud, Ibrahim Boubacar Keïta
Gérard Araud, représentant de la France au Conseil de sécurité et coleader de la délégation en visite au Mali, a rencontré le 2 février Ibrahim Boubacar Keïta. © HABIBOU KOUYATE / AFP

Du vendredi 31 janvier au lundi 03 février 2014, une délégation de 15 membres de l’Onu a séjourné dans notre pays. Ces émissaires ont rencontré la société civile du nord du pays (Gao, Tombouctou, Mopti), le Président Ibrahim Boubacar Kéïta, les groupes armés du nord, le Gouvernement Oumar Tatam Ly, etc.. A son arrivée au Mali, la délégation a déclaré que l’objectif de sa mission est de soutenir la “stabilisation” du Mali, en donnant un coup de fouet au processus de négociation qui connaît une certaine léthargie.

 

 

A l’issue de la visite de ces émissaires de l’Onu, le constat est que de gros points de divergences persistent entre le Gouvernement du Mali et les groupes armés. Si les émissaires ont déclaré avoir “constaté une volonté manifeste de la part de tous les acteurs maliens pour trouver une solution durable à la crise récurrente”, ils sont par contre partis sans avoir pu dégager un terrain d’entente sur trois gros points: Quoi discuter? Avec qui comme médiateur? Désarmement avant négociation?

 

 

QUOI DISCUTER ?

La réponse à cette question peut sembler tomber sous les sens, tant il est question de paix et de la souveraineté du Mali, néanmoins dans le “dossier de la rébellion au nord du Mali” les protagonistes ne parlent plus de la même chose. Côté gouvernement malien, l’on se prépare à parler de décentralisation et de son approfondissement afin d’y trouver les solutions à la question touareg, notamment la situation à Kidal. De cette réflexion générale, le Gouvernement malien prépare “une feuille de route”, qui aurait été remise à la délégation du Conseil de sécurité des Nations unies, qui “se décline autour de la tenue de trois ateliers :

 

 

1. faire le point des accords de paix passés pour en tirer tous les enseignements ;

2. expliquer et définir clairement les contours du cantonnement et enfin,

3. étudier tous les conditions du retour de l’administration dans l’ensemble des localités du Nord.”

 

 

Le Gouvernement déclare qu’“à l’issue de ces ateliers”, il “tiendra un grand forum de l’ensemble des forces vives pour une harmonie complète des points de vue sur le conflit du Nord. Si tout se passe bien, ce processus commencera le 11 février prochain et à l’issue duquel les négociations se tiendront en vue d’une paix définitive et l’amorce du développement du Nord et du Mali en général.”

 

Pour les groupes armés que les émissaires de l’Onu ont rencontré avant-hier lundi, il faut “pour l’Azawad un statut particulier, une autonomie” car “la décentralisation a montré ses limites”.

 

 

AVEC QUI COMME MÉDIATEUR?

Avant la visite des 15 émissaires de l’Onu à Bamako, l’Admoinistration IBK a sollicité l’implication de l’Algérie comme nouveau médiateur en lieu et place du Burkina Faso, qui est le médiateur de la Cedeao et qui a négocié l’Accord de Ouagadougou. Les groupes armés ont dans un premier temps semblé approuver cette décision du Président IBK, puis ils ont fait volte-face. Le Mnla est le premier à avoir rejété la “carte Algérienne”. A la veille de l’arrivée des émissaires de l’Onu, le Mnla a déclaré avoir sollicité la médiation du Roi du Maroc. Il a annoncé que  le 1er février son secrétaire général Bilal Ag Chérif avait été reçu le 31 janvier par le roi Mohamed VI du Maroc qui avait encouragé la rébellion touareg à rester “ouverte au dialogue politique”.

 

Mahamadou Djéri Maïga, vice-président du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a lui déclaré que “pour nous, jusqu’à preuve du contraire, le médiateur est le Burkina Faso, mais nous voulons aussi que le roi du Maroc joue au facilitateur”.

 

 

Dans cette quête de “médiateur”, chaque partie ayant sa panoplie de choix, le Président IBK a exprimé sa volonté de “supprimer” les médiateurs. Devant les émissaires de l’Onu qu’il recevait à Koulouba, le president IBK a déclaré: “il est temps que le Mali s’approprie le dossier Mali. Faisons nous confiance et engageons nous ensemble ! ”. Ce qui signifierait des négociations directes entre le Gouvernement et les groupes armés.

 

 

UN POINT TROUBLE: DÉSARMEMENT AVANT NÉGOCIATION?

La question du désarmement avant toute négociation est clairement posée par le Gouvernement du Mali. D’abord avant l’arrivée des 15 émissaires de l’Onu, le Président IBK en a fait son leitmotiv: pas de négociation avec un groupe armé. Lors de la rencontre entre le Gouvernement et les 15 émissaires de l’Onu, le Premier ministre a clairement affirmé que “le gouvernement est aujourd’hui prêt à aller sans délai à des négociations avec toutes les composantes du Nord, y compris les groupes rebelles, mais à condition que ceux-ci soient désarmés”.

 

 

A cette déclaration, le Français Gérard Araud, chef de la délégation du Conseil, a répondu que “les négociations doivent se passer sans pré-conditions et tout doit se passer dans le cadre des accords de Ouagadougou”. Aussi, au cours du point de presse que la délégation de l’Onu a animé le lundi soir à Bamako, Gérard Araud a-t-il  fortement insisté sur le fait que le désarmement était un objectif de la négociation, et non un préalable : selon lui, l’urgence de cantonner ces groupes armés prime le fait de les désarmer.

 

De cette rémarque diplomatique de M. Araud, avec en toile de fond la position des groupes armés de ne pas désarmer, il est clair que la question du désarmement avant négociation n’a pas été suffisamment clarifiée par le séjour de 48 heures des émissaires de l’Onu. Le Conseil de Sécurité va-t-il plancher sur la question? Attendons voir.

 

El Hadj Sinaly DIARRA

 

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