Dans notre dernière livraison, nous avons fait cas, des origines, du développement du problème Touareg au Mali. Cette-fois-ci, nous vous parlons du sentiment du Toiuareg. Le Nord du mali est une vaste région à cheval sur 4 Etats (le Burkuna, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger). La pauvreté de cette région diffère de toute sorte de pauvreté. En effet, la pauvreté du touareg n’est ni économique, ni financière. Il s’agit d’une pauvreté de mode de vie. De ce fait cette pauvreté devient culturelle, morale, et psychologique. Eradiquer ce genre de pauvreté, suppose une forte action sur ces trois phénomènes (le mode de vie, le moral et la psychologie).
Un goudron qui traverse le Sahara de Gao à Tessalit pourrait impressionner les nomades, mais ne constitue guerre une conviction pour une population tiraillée depuis maintenant plus d’un siècle par un quatre états.
Etat d’esprit qui conduit ces populations à un sentiment de rejet et/ou de refus de tout ce qui dérange et ne va pas dans le sens de la logique qu’elles-mêmes se font de l’Etat et de son organisation.
Défiance cruelle à l’état
Dans les régions de Gao et de Tombouctou l’insécurité résiduelle se traduit dans la vie de tous les jours par des braquages, des vols à main armée, le transit de produits prohibés, le vol d’animaux, la fraude, le trafic d’armes légères et le banditisme tout court.
A Kidal, cette insécurité prend la forme d’une défiance cruelle à l’endroit de l’Etat. A Kidal comme à Gao le traitement inégal réservé aux fractions, à leurs cadres, jeunes et notables, reste ensemencé dans les esprits et enracine la rage au cœur des populations les plus nombreuses.
Faire croire que ce problème ne concerne que Kidal est une façon insidieuse de tromper les plus hautes autorités du pays.
Cela est d’autant plus vrai que la région de Tombouctou demeure toujours l’exutoire pour la vente de certains produits trafiqués.
Sur douze (12) tribus essentielles comprenant des centaines de fractions, au moins six (6) sont favorables à la paix et à l’inexistence de toute velléité rebelle ou sécessionniste.
Le traumatisme né de la gestion de l’intégration de 1996
Le traumatisme né de la gestion faite de l’intégration de 1996 dans les forces en uniforme de l’Etat continue d’exacerber les tentions (l’Etat avait laissé aux mouvements le soin du partage, résultat : tous les gradés et cadres ont été choisi dans quelques familles seulement, celles des aristocrates…). Les premières mesures d’accompagnement, (le PAREM, le CAR-NORD malgré les milliards annoncés à coups de trompettes et de tambours n’a laissé aucune trace physique visible sur le terrain). La raison est simple : les projets sont vidés de leur contenu, on laisse aux responsables : des cadres du nord le soin de se démerder avec les leurs populations.
Si non qu’est ce qui peut expliquer que malgré le manque de résultats sur le terrain, ces cadres que certains présentent comme incapables occupent des fonctions dans les hautes sphères de l’Etat et dans de grands projet …N’est-ce pas là un paradoxe ?
La nouvelle stratégie de développement n’a pas bénéficié du transfert des ressources humaines
-La nouvelle stratégie de développement, la décentralisation n’a pas bénéficié du transfert des ressources humaines et matérielles nécessaires. Il se trouve que l’analphabétisme et l’absence d’intellectuels sont remarquables dans ces régions : résultat (la plupart des conseils communaux élus sont analphabètes ou moyennement lettrés) ; après la dissolution des mouvements, leurs chefs et entourages faisaient exprès d’éloigner des autorités tout débat émanant d’intellectuels du milieu ; la conséquence permanente de cet état de fait est la prise en otage de l’Etat par un petit groupe d’individus. Cette prise en otage de l’Etat donne l’impression que les différents règlements devraient obligatoirement passer par les mêmes individus malheureusement embourgeoisés (Ex membres de mouvements ou Députés à vie). Les vrais acteurs du terrain son occultés.
De cause à effet on abouti à l’absence et/ou la faiblesse de l’Etat. Des brigades de gendarmeries et des pelotons de gardes aux moyens très limités travaillent timidement. Des préfets et sous préfets nommés pour des circonscriptions dans lesquelles ils ne vivent jamais. Des forces armées dirigées dans certains cas par des militaires intégrés dont la compréhension des choses est en déphasage avec celle de leurs hommes : Plusieurs de ces chefs militaires intégrés sont lettrés en arabes et n’arrivent pas à se faire comprendre de leurs hommes francophones.
Absence de politique bien comprise
L’absence d’une politique bien comprise et bien maîtrisée (par les populations du nord), de valorisation de ressources naturelles en est pour quelque chose. De même, la valorisation des marchés hebdomadaires d’éleveurs fait cruellement défaut.
– Les ressources financières affectées par l’Etat à ces régions sont mal utilisées. Dans certains cas elles contribuent à rendre plus fort des malhonnêtes partisans de la partition ou de la déstabilisation à long terme.
Méfiance et haine vis-à-vis du collègue
Alors naissent et grandissent la méfiance, la haine vis-à-vis du collègue qui ne voit en vous qu’un étranger, un carrant, un incapable, un pistonner en un mot un parvenu.
Face à cet état de fait s’est installée la mauvaise volonté, la foutaise qui ont permis d’ériger le terreau de tous les trafics d’armes, de drogue et autres, qui donne des moyens plus importants que ceux de l’Etat à des groupes armés.
Le 23 mai 2006 éclatait un nouveau soulèvement qui s’est caractérisé par les prises simultanées des casernes de Kidal et Ménaka sur lesquelles nous comptons vous entretenir dans nos prochaines livraisons.
A suivre !
Tiéfolo Coulibaly (stagiaire)
Cher Tiéfolo, je vous recommande de lire deux contributions parues:
– dans Le Matin du 30 mai par Abdoulaye Idrissa MAIGA intitulée “Mali: Qui veut prendre l’espace hériré de l’espace songhoi?”;
– dans Le Matin du 31 mai par le colonel Alamir MAIGA intitulée “Pour reconquérir le nord, il nous faut la suprématie aérienne”.
Dans ces 2 contributions disponibles sur le net, vous y trouverez matière à enrichir votre travail. ENCOURAGEMENT A VOUS.
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