L’invité du mois : Me Harouna TOUREH de la Plateforme : « nous croyons à la paix, … nous sommes dans le processus… »

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Dans un entretien à bâtons rompus qu’il a bien voulu nous accorder, le porte-parole de la plateforme Me Harouna Touré,  livre ses impressions sur la mise en œuvre de l’accord une année après sa signature. Des difficultés, aux  propositions faites par son regroupement en passant la récente signature du protocole d’attente sur la mise en place des autorités  intérimaires, Me Toureh dit tout.

Faisant le bilan de la mise en œuvre  de l’accord une année après sa signature, Me Harouna Touréh dira qu’en une année, l’accord  pour la paix et la réconciliation n’a connu aucune avancée. Cet immobilisme, notre interlocuteur l’attribue à la mauvaise volonté du gouvernement malien et au manque de rigueur de la communauté internationale.

A la question de savoir quels sont les points de blocage, Me. Touréh estime qu’ils se situent à plusieurs niveaux : politico-institutionnel, financier,  sécuritaire, judicaire, humanitaire etc.

Le responsable de la plateforme développant  point par point les principaux axes.

Du blocage plan politico-institutionnel, Me Toureh met en avant la mauvaise foi du gouvernement. Cela se matérialise par,  entre autres, le  retard dans la mise en place des autorités intérimaires dans le nord ;  la prise de décisions dans la mise en œuvre du processus sans concertation des mouvements signataires ; la volonté délibérée du gouvernement de créer l’ambiguïté et la  confusion dans l’interprétation des dispositions de l’accord ; la non tenue de la conférence d’entente prévue par l’accord.

Au plan financier, notre interlocuteur estime que la communauté internationale n’a pas tenu les promesses politiques, juridiques et financières auxquelles, elle a souscrit. Me. Touréh dénonce en outre le manque d’initiatives cohérentes et efficientes dans la mobilisation des fonds nécessaires à la mise en œuvre  de l’accord.

En ce qui concerne, les difficultés sécuritaires, le porte-parole de la plateforme pointe du doigt l’absence de stratégies dans la reconstitution des nouvelles forces armées, l’incohérence des mécanismes sécuritaires adoptées par la MINUSMA et BARKAHNE avec les réalités du terrain, la difficulté pour les mouvements  de répondre aux besoins fondamentaux et vitaux de leurs éléments etc.

Quant au plan du développement, de l’humanitaire, de la justice et de la réconciliation,  la plateforme a toujours dénoncé  l’absence au nord des services sociaux de base (santé, éducation, eau potable, électricité etc.) ;  et de stratégie commune et efficace pour le retour des réfugiés et déplacés.

Aussi, Me. Touréh nous apprend que son regroupement a dénoncé le manque de transparence et de crédibilité dans la distribution de l’aide humanitaire dans le nord.

Toujours, selon, Me. Touréh, la plateforme et son partenaire la CMA ne sont pas restés les bras croisés face à ces blocages. « Nous avons proposé des solutions et alternatives. Elles ont d’ailleurs permis d’aboutir  à la signature du protocole d’entente sur les autorités intérimaires »  a ajouté Me.

Au titre de ces propositions, il dira que la plateforme et la CMA ont sollicité l’arbitrage de la médiation internationale en vue d’obtenir une meilleure interprétation sur la question des autorités intérimaires conformément aux articles 2, 52, 53, 59 et 60 de l’accord. La plateforme avait aussi exigé la mise en place immédiate des autorités intérimaires comme prévue dans l’accord.  Toujours au chapitre des propositions, le porte-parole Toureh citera, entre autres, l’annulation de toutes les décisions devant faire l’objet de consensus ; l’ouverture de discussions liées à la représentativité significative dans l’administration et les institutions de l’Etat avant fin juin 2016 ; l’organisation rapide  d’une réunion pour faire le point des promesses tenues lors de la conférence de Paris et susciter d’autres tables rondes des partenaires techniques et  financiers ;  la prise en charge des combattants pendant toute la période de pré-cantonnement ; l’appui logistique et financier des unités de sécurité interne pour la sécurisation des personnes et des biens ; l’adoption sans délai du plan d’urgence humanitaire ; la mobilisation de la communauté internationale pour une aide d’urgence en faveur des réfugiés et des déplacés ; la mise en place de la commission d’enquête indépendante prévue par l’accord. Me. Touréh, estime cependant que le plaidoyer de la plateforme et de la CMA a permis d’engranger des avancés. Ainsi, il se dit très satisfait de la signature de l’entente relative à la mise en place des autorités intérimaires, au redéploiement de l’administration et des services sociaux de base, et aux patrouilles mixtes.

« A l’issue de cette signature, le gouvernement s’est engagé de prendre désormais les décisions de façon collégiale » a affirmé Me Touréh. L’interlocuteur a par ailleurs salué la géniale idée du président de nommer le général Diagouraga comme Haut Représentant du chef de l’Etat.  « Cet homme connait bien le dossier, les acteurs, la zone et les crises. Sa capacité de gérer les hommes permettra d’apporter plus de lumière dans la gestion de la crise » s’est réjouit Me. Touréh.

A la question de savoir si à la plateforme on croit à la paix, son porte-parole, tout sourire, répond : « nous croyons à la paix, voilà pourquoi, nous  sommes dans le processus. Et tous les acteurs sont obligés d’aller à la paix ».

Abdoulaye KENE

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