Le territoire de l’actuel Mali est un tout qui a généralement appartenu à la même entité administrative depuis les empires du Ghana, du Mali et Songhay jusqu’à l’actuel Mali en passant par le Soudan français et la Fédération du Mali. La partie nord de cette entité administrative a connu des problèmes de sécurité sous tous les régimes qui ont eu à l’administrer. A tel point que la zone est naturellement considérée comme une zone d’insécurité. Historique de l’insécurité au nord du Mali et les solutions apportées au fil du temps.
Historique
Avant la colonisation, il existait dans l’Adrar un système tribal caractérisé par une organisation sociale trop hiérarchisée.
Les tribus puissantes (Ifoghas) ont continué même après la colonisation à livrer des guerres intercommunautaires contre les oulimidaines, les Kel Air, les Kel Ahagar, les Kountas et les regueibats.
Après l’Indépendance, le nord du Mali a été marqué surtout par les deux rébellions armées de 1963-1964 et 1990-1995. L’insécurité que vit la région actuellement est le résultat des conséquences liées à ces deux rébellions exacerbées par les calamités naturelles qu’à connu la zone. Notamment les sécheresses des années 1972-1973, 1984-1985 et aussi la gestion administrative, politique, militaire et sécuritaire des différentes administrations de l’Etat de même que la quête d’identités nouvelles, les vives tentions intracommunautaires, l’injustice, l’incivisme, etc.
Qu’est ce que l’insécurité dans le contexte du nord Mali ?
Le terme de l’insécurité au Nord Mali a plusieurs compréhensions (définitions). Selon certains, l’insécurité s’explique par : les vols ; les enlèvements ; les braquages ; le faux monnayage ; la circulation des armes ; le braconnage ; le transport clandestin des passagers (de l’immigration clandestine) ; la gestion des ressources naturelles (Eau, pâturage, terres salées) ; l’insuffisance de la couverture sécuritaire ; le comportement de certains militaires délinquants (vente des armes) ; l’insuffisance de la collaboration de l’administration, des élus, des forces armées et de sécurité avec les populations ; l’immensité de la région et son relief (favorable aux banditismes, aux terrorismes religieux) ; la porosité des frontières avec les pays voisins ; les calamités naturelles (sécheresses, invasion des prédateurs des pâturages, inondations, manque ou perturbation dans la saison de pluie)… Selon des témoignages historiques, le Nord du Mali est une des zones d’insécurité depuis l’empire du Ghana. La guerre dite des almoravides qui a affaibli l’empire du Ghana est partie du nord de l’empire (l’actuel nord Mali).
A notre avis, l’insécurité au nord Mali peut se comprendre (définir) sur plusieurs aspects notamment : l’insécurité alimentaire, l’insécurité sanitaire, l’insécurité routière, l’insécurité sur le plan militaire (conflits traditionnels et modernes), l’insécurité sociale (la pauvreté, le chômage, la discrimination raciale), etc.
Solutions apportées au fil du temps
Les problèmes de l’insécurité ont toujours interpellé tous les acteurs (au niveau international, continental, régional, sous régional, national, communal, villageois et même individuel.)
Ainsi, nous avons les coordinations des associations de jeunes, de femmes, la société civile qui œuvrent pour l’Etat de droit. Par leurs efforts inlassables en matière de sensibilisation et médiation, elles œuvrent pour le retour de la paix au Nord Mali.
* Au niveau du mouvement syndical, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) et la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM) veillent à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs contribuant ainsi à la sécurisation de la zone.
* Au niveau des leaders religieux, après les conflits intracommunautaires au sein de la grande famille Indnane à Kidal (Talkaste et
Taytoke) et aussi des arabes et kountas dans la région de Gao, les leaders de ces communautés à travers la foi musulmane ont procédé à une persuasion des belligérants selon les normes coraniques prônant l’entente, l’égalité, la solidarité et l’entraide.
* Au niveau des leaders communautaires et de la chefferie traditionnelle, les chefs coutumiers et traditionnels jouent un rôle capital au sein de leurs tribus respectives. Renforcement de la sécurité dans leur zone et au maintien de la cohésion au niveau des populations. Leurs missions de bons offices ont toujours été salutaires. Parmi leurs œuvres, notons les différentes rencontres communautaires des régions Nord du Mali.
* Au niveau des ONG, certaines ONG et coordination d’ONG au plan national et au plan international concourent à travers leurs investissements (travaux de creusement des puits, construction des écoles, des centres de santé, de surcreusement des mares etc.) à atténuer certaines tensions liées à l’insécurité contribuant ainsi à lutter contre le chômage à travers des actions génératrices de revenu dans les zones du Nord Mali, victime de sécheresses et où on note la reconversion des éleveurs en agriculteurs.
Notons une autre contribution des ONG dans la consolidation de la paix qui est non négligeable. Il s’agit de l’accompagnement de la décentralisation.
De l’analyse faite de la situation sécuritaire au nord Mali ; on peut conclure qu’elle est relativement calme aujourd’hui grâce aux efforts conjugués de l’Etat malien (qui va être amplifié par les actions du PSPSDN), des partenaires techniques et financiers, des ONG (nationales et internationales), de la société civile et des leaders communautaires et religieux toutes tendances confondues.
Baba OULD.