Libération tous azimuts des terroristes et autres criminels de guerre : Attention à l’effet boomerang !

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Alger: autorités et groupes armés maliens entament les discussions
Mardi 15 juillet, une quarantaine de prisonniers touaregs étaien relâchés par le gouvernement en échange de quarante soldats.
REUTERS/Adama Diarra

L’actualité dominante, disons la vraie priorité de l’heure reste les pourparlers inter-maliens d’Alger. Et à juste titre parce que les maliens aspirent aujourd’hui, et tout légitimement, à la paix et la réconciliation des coeurs et des esprits pour que notre patrimoine commun, le Mali, puisse enfin amorcer son redécollage économique. C’est d’ailleurs pourquoi tous les regards convergent vers le présent round des négociations qui a ouvert ses portes le lundi dernier dans la capitale algérienne. Mais tous semblent convenir qu’une vraie paix et une véritable réconciliation ne se construisent pas sur l’injustice et l’impunité. D’où des appréhensions justifiées à propos de certaines décisions gouvernementales, comme la libération en cascade de présumés terroristes et criminels de guerre sans aucune forme de procès. Combien sont-ils, burreaux de soldats et civils maliens, à recouvrer leur liberté sans jugement, depuis le processus de mise en oeuvre des accords de Ouagadougou ? Tout cela, au nom de la paix et de la réconciliation.

Si les Maliens s’étaient jusqu’ici montrés compréhensibles, deux cas ont fortement boursculé leur sensibilité et suscité leur indignation. Il s’agit de la libération de Baba Ould Dah, personnalité influente du groupe terroriste Mujao par le passé, et celle de Ag Alhousseini Houka Houka, juge du tribunal islamique de Tombouctou au moment de l’occupation djihadiste.

Et selon certaines indiscrétions, l’État s’apprêterait à libérer d’autres présumés terroristes, à un moment où la libération de Ag Alhousseini Houka Houka fait polémique. En effet, les groupes armés du nord auraient fait savoir à haute et intelligible voix que la libération de cet ancien juge islamique de Tombouctou, auteur d’amputations, de flagellations et de lapidations, ne les engage en rien. Mieux, le Mnla et alliés tenteraient même d’utiliser cette libération comme arme contre le pouvoir de Bamako, qui se voit accusé de tentative de manipulation de l’opinion visant à créer un lien entre leur cause et celle des terroristes.

Si la libération de Houka Houka n’entre pas dans la processus en cours avec les groupes armés du nord, comme tente de le faire savoir le Gouvernement, quelles en sont donc les motivations profondes ? Mystères pour le moment ! En attendant, il ya lieu de faire attention à l’effet boomerang.

En effet, si des crimes horribles commis par les groupes armés devaient tous être effacés au nom de la paix et récoonciliation, les partisans du général Amadou Haya Sanogo et ses compagnons de l’ex-junte et ceux du président Amadou Toumani Touré pourraient eux aussi exiger l’abandon de toutes les charges contre leurs mentors au nom de la réconciliation nationale. Et difficilement, on pourrait opposer des arguments solides à cette requête des partisans du Général Sanogo et du président ATT.

Autrement dit, l’État malien, par soif de réconciliation, ne serait-il pas en train de créer une jurispreudence qui risque de se transformer en goulot d’étranglement pour notre justice ? Que vaut la Républqiue sans justice ? Le débat reste ouvert. En attendant, gardons-nous que notre désir de réconciliation ne nous entraine à notre perte.. A moins que tout ne soit une question pour le pouvoir en place de se chercher un petit “break”, juste le temps d’un mandat ! La rupture avec le passé, tout comme le changement prôné ne seraient donc pas, dans ce cas là, pour demain !

Assane Sy DOLO

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