Libération de Serge Lazarevic: La contrepartie qui dérange !

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Annonce de la libération imminente de l'otage français, Serge Lazarevic
Serge Lazarevic

Si les députés français ont largement salué la libération de Serge Lazarevic, le mardi dernier, certains ont tout de même regretté qu’elle ait été conditionnée par celle de terroristes liés à Aqmi. Au Mali, les associations de défense des droits de l’homme s’indignent également de la libération des jihadistes comme monnaie d’échange.

 

La guerre, le terrorisme, ces sujets font toujours consensus dans la classe politique française. Mais mardi dernier, après l’annonce de la libération de l’otage français Serge Lazarevic, les commentaires étaient différents. Certains membres du parti de la droite (UMP) n’ont pas  caché  leur colère. Ainsi, Pierre Lellouche de l’UMP, exprimant son indignation, se dit «extrêmement en colère contre cette bande de cafards-terroristes qui s’en prennent à des civils pour s’arroger le droit de les enterrer vivant quelque part dans le désert pendant trois ans. C’est insupportable, a-t-il lancé, avant de dire que les soldats français font un boulot formidable, affirmant tout son soutien au  gouvernement français sur cette affaire».

Aussi, Alain Marsaud de l’UMP explique qu’il ne se sent pas capable de dire ce qui est bien et ce qui n’est pas bien dans cette même affaire. Selon lui, il ne s’agit pas de n’importe quels preneurs d’otages, il s’agit des gens extrêmement violents qui ont assassiné et qui se retrouvent en liberté. «C’est invraisemblable que le gouvernement français qui est en position de force par rapport au gouvernement malien, dans la mesure où il intervient militairement, a pesé de tout son poids pour obtenir ces libérations en contrepartie de celle de notre otage», a-t-il fait savoir.

De son côté, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) estime que «la responsabilité d’un gouvernement, c’est de récupérer des Français qui sont pris en otages. C’est le devoir de la France de ne jamais laisser tomber un de ses citoyens de par le monde. Tout le reste appartient au secret».

Quant à Noël Mamère de l’Europe Ecologie-Les Verts, il va loin en disant que «si on échange des prisonniers, ça veut dire qu’on donne une caution à ceux qui ont pris en otage des Français. Ça veut dire qu’on donne une caution à l’islamisme radical et à sa variante terroriste. Je ne sais pas quelle est la meilleure voie».

Au Mali, c’est l’indignation totale dans le camp des défenseurs des droits de l’homme. Ainsi, les associations maliennes des droits de l’homme, qui saluent tout de même la fin de la captivité de Serge Lazarevic, s’indignent de la libération des terroristes. Selon elles, ce sont quatre prisonniers liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique, accusés de violations des droits humains, qui ont servi de monnaie d’échange.

«Si c’est un succès pour la diplomatie française, pour nous, c’est une grave violation des droits des victimes maliennes. Parce que c’est nous qui souffrons au Mali. Et s’il faut échanger un terroriste malien contre un otage français, ça voudra dire que nous n’avons plus notre raison d’être et que le gouvernement ne défend pas les populations», a lancé le président de l’Association malienne des droits de l’homme, Me Moctar Mariko.

À titre de rappel, en août dernier, les associations de défense des droits de l’homme avaient déjà dénoncé la libération de Ouka Ouka, chef du tribunal islamique de Tombouctou pendant la période d’occupation du nord par les groupes jihadistes. Qu’il s’agisse de libérer des otages ou de négocier la paix dans le Nord avec les groupes rebelles, les associations estiment que les autorités maliennes doivent faire de la lutte contre l’impunité, leur priorité.

D’ailleurs, l’un des prisonniers libérés, Mohamed Ali Ag Wadoussène, avait récemment tué un gardien de la prison centrale de Bamako, où il était retenu et d’où il s’était évadé avant d’être repris.

Le frère de ce gardien décédé, Sidi Sofara, ne cache pas sa colère. «J’ai été littéralement foudroyé par l’annonce de cette nouvelle qui est une indignation sans égal, sans précédent. Si les autorités maliennes ont accepté ça, moi je me demande : la dignité malienne, elle est comment maintenant ? Un Français vaut mieux donc qu’un Malien ? Ces autorités, est-ce qu’elles sont directement concernées ? […] Et si c’était leur frère, est-ce qu’elles allaient accepter d’échanger l’assassin contre un Français ? Quel est le poids d’un Français comparé à celui d’un Malien ? C’est une indignation terrible. Je suis bouleversé. Je suis littéralement déçu. Je ne sais plus que faire», martèle-t-il.

Rassemblés par  Drissa Tiéné

 

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1 commentaire

  1. C’est dommage….. avec IBK le mali est devenu plus qu’une république bananiere….. ce qui est entrain d’arriver dépasse tout entendement…. comment la france même peut avoir la conscience tranquille si tant il est qu’elle a une conscience pour exiger la libération contre toute morale…. ?
    Le Mali est devenu comme une poubelle , une sorte de décharge publique et le président ne trouve d’autre chose que de chercher a dissimuler la réalité a ses électeurs d’un moments qui croyaient, tout naif que la dignité et l’honneur du pays étaient tellement le souci de ce maudit président …
    IBK est devenu fou…. il faut s’en débarrasser….
    On est dans un monde complètement foutu….

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