Libération de l’otage français : Des contreparties, pour le retour du FMI au Mali

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Que sait-on des conditions de la libération de Serge Lazarevic?
Serge Lazarevic et le président Issoufou à Niamey, le 9 décembre, à Niamey.
RFI/Moussa Kaka

L’actualité au Mali est riche en évènements ces dernières semaines du mois de novembre avec la suspension des négociations des pourparlers d’Alger et en début du mois de décembre, la libération de Mohamed Ali Ag Wadoussène et trois de ses compagnons de la nébuleuse Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et en échange à la libération d’un citoyen français M. Serge Lazarevic, otage aux mains d’AQMI : Le Mali a-t-il eu des contreparties, pour que le Fonds Monétaire International (FMI) cesse de durcir ses exigences? Nous savons que le FMI est toujours dirigé par Mme Christine Lagarde de nationalité française. Nous savons aussi qu’elle est l’objet de poursuites judiciaires (mise en examen) de la justice française dans l’affaire Tapie et qu’elle a refusé de démissionner. Nous savons que la Banque mondiale est  sous la coupe réglée des américains. Nous savons aussi qu’il y’a un deal entre la France et son partenaire, les USA sur le dossier du nord Mali. Le FMI a repris ses négociations avec le gouvernement du Mali, sans parler des «sanctions administrative et judiciaire» qu’il demandait d’appliquer sur les cadres responsables de surfacturations (voir interview de Christian Josz, chef de mission du FMI dans Jeune Afrique du 07 au 13 décembre 2014, sous le titre : «Nous relançons notre aide au Mali».

A la question posée par Dorothée Thiénot : «Quelles mesures devait prendre le gouvernement malien pour que l’aide financière soit débloquée ?» Christian Josz  réplique : «Etant donné les graves manquements constatés dans la gestion des finances publiques, le FMI s’est montré intransigeant sur quatre mesures  qui sont : la publication d’audits sur l’achat de l’avion présidentiel et d’armement ; un décret resserrant les règles de passation des marchés publics soumis au secret-défense ; un rapport régulier des autorités sur la mise en œuvre des recommandations des auditeurs ; enfin, le respect strict des règles budgétaires et de celles régissant la passation des marché».). Le Mali a-t-il signé un deal avec la France pour avoir des strapontins dans  les négociations avec les groupes armés prévus à Alger pour le 15 janvier 2015 ; la France fera-t-elle la pression sur ses protégés du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) pour qu’ils arrêtent la surenchère concernant leurs exigences?

 

Libération de l’otage français le rôle joué par le président Mahamadou Issoufou

Le président nigérien a  remplacé  ATT dans la libération des otages européens. Nous avons eu l’occasion de le dire dans nos parutions antérieures suite  à la libération des anciens otages de la firme AREVA par le même négociateur touareg, M. Mohamed Akotey, ami de Mahamadou Issoufou. Comme le nord du Mali était devenu une zone conquise par Blaise Compaoré il avait étendu son commandement  sur tout le nord du Mali sous la junte et Dioncounda Traoré. Maintenant, c’est Mahamadou Issoufou du Niger qui a pris  la relève car c’est un hélicoptère nigérien qui est parti prendre l’otage français dans le nord du Mali. C’est un négociateur touareg, ami du président nigérien et de surcroit ancien ministre d’un des anciens gouvernements nigériens, M. Mohamed Akotey, un touareg ifoghas apparenté aux ifoghas de Kidal.

Si le capitaine Blaise Compaoré a un conseiller et négociateur de nationalité mauritanienne, M. Limam Chafi, lui Mahamadou Issoufou choisit son compatriote pour servir les intérêts de la France au nord Mali. M. Mohamed Bazoum, le «Mongi Slim» (Mongi Slim est un ancien ministre du président Habib Bourguiba de Tunisie, qui a fini par être son envoyé spécial au près des personnalités étrangères) de Mahamadou Issoufou, s’est tu, malgré l’interview accordée à Christophe Bois bouvier, il n’a pas fait cas du «tapis rouge» d’ATT qu’il déroulait à l’occasion de la libération des otages dont il a l’habitude de parler, chaque fois que l’occasion se présente. Il ne parle plus du MNLA dont il a l’habitude de dire de le combattre au même titre que les djihadistes. Un sujet ne peut rien dire si ce n’est qu’exécuter les ordres de son maître. M. Mahamadou Issoufou, M. Mohamed Bazoum, M. Ibrahim Boubacar Keita, aux ordres de la France.

 

Quand François Hollande cherche à augmenter sa côte de popularité à travers la libération de l’otage français

Il a rencontré en personne avec son ministre de la défense, M.Yves Le Drian à  la base aérienne de Villacoublay, au sud de Paris. Pour montrer que c’est lui qui a donné ordre à ses deux secrétaires d’état chargés du Sahel, voire ses deux chefs de canton, M. IBK du Mali et M. Mahamadou Issoufou du Niger il a fait cette précision : «François Hollande s’est empressé de remercier vivement ses homologues malien, Ibrahim Boubacar Keïta, et nigérien, Mahamadou Issoufou. “Le chef de l’État [François Hollande, NDLR] remercie les autorités nigériennes et maliennes qui ont travaillé à cette issue heureuse, et notamment le président Issoufou et le président Keïta dont il salue l’engagement personnel”, pouvait-on lire dans le communiqué de l’Élysée diffusé mardi matin»», Benjamin Roger (Jeune Afrique du 07 au 13 décembre 2014).

Il a montré  à l’opinion malienne que la France combat le terrorisme, c’est la raison de la frappe actuelle d’un groupe du Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et associés à Tabankor (avec la mort de Ahmed al Tilemsi et sept de ses compagnons) dans la zone de Gao, malgré le démenti du ministre français de la Défense, M. Yves Le Drian qui disait ce matin sur les ondes de RFI que «c’est une opération fructueuse, ça fait partie des opérations de tous les jours de «l’opération Barkhane», il y’a une bonne nouvelle car il n’y a plus d’otages»». Voilà qu’Yves Le Drian reconnait lui-même qu’il faut vraiment frapper maintenant car il n’y a aucun français au nord du Mali dont la vie est en danger car l’autre otage français M. Federico est donné pour mort par le président Hollande. Et M. Hollande a invité ses compatriotes à éviter les zones à risques. Il faut se poser la question si les otages français sont des ingénieurs spécialistes du ciment (c’est une cimenterie installée à Hombori qui a été la cause de leur présence dans cette ville du Mali où ils ont été enlevés) ou des agents secrets car un d’eux a été aperçu à Madagascar et a été même un moment un ancien partisan du mercenaire Bob Denard aux îles Comores.Ce qui est sûr, Serge Lazarevic a une double nationalité : française et serbe. Il a aussi une situation floue. Les Français savent où se trouvent le leader d’Ansardine Iyad ag Ghali et il n’a jamais été inquiété car ils comptent sur lui pour d’autres objectifs qu’ils visent dans le nord du Mali dont l’actuel échange qu’ils ont imposé à leurs sujets maliens et nigériens.

 

Une autre hypothèse

Les français cherchent à créer des problèmes au président IBK en le poussant à prendre des mesures impopulaires qui pousseront ses opposants et certains membres de la majorité présidentielle qui ne sont pas contents de sa politique actuelle à aller vers une insurrection comme à la «Burkinabè».Car, nous ne pouvons pas comprendre, que le Mali qui n’a pas fini avec les problèmes de l’avion présidentiel, des surfacturations sur les achats d’armes, le problème du virus Ebola en provenance de la Guinée par le canal de la clinique Pasteur, le problème du député de Ouélessébougou avec le juge de paix à compétence étendue de cette localité, libère un terroriste et ses trois compagnons, celui qui a tuer un garde de prison, l’adjudant Kola Sofara.

Il ne faut pas aussi oublier la mort du chef de village de Hombori, l’administrateur civil à la retraite, M. Moussa Balobo Maïga. Sa mort n’est pas étrangère au groupe de Wadossen. Cette libération n’est pas du tout de la «real politick» mais plutôt une politique de servitude à l’égard d’une puissance européenne raciste qui n’a aucun égard pour les peuples noirs africains, la France.

Le président Moussa Traoré a raison de dire que François Mitterrand est un «négrier». Est-ce que, la troque qui s’est passé entre le Mali et la France peut se faire entre la France et un pays européen quelconque? Nous disons non ! Et la France est prête à marcher sur les corps des treize millions de maliens pour avoir la libération de son citoyen Serge Lazarevic. M. le président IBK, les maliens ont droit au respect, à la dignité et à l’honneur. Le président Sékou Touré disait au Général Charles De Gaule le 26 août 1958 à Conakry, que : «Nous préférons la pauvreté dans la liberté à l’opulence dans l’esclavage. Ce qui est vrai pour l’Homme l’est autant pour les sociétés et les peuples. C’est ce souci de Dignité, cet impérieux besoin de Liberté qui devait susciter aux heures sombres de la France les actes les plus nobles, les sacrifices les plus grands et les plus beaux traits de courage. La Liberté, c’est le privilège de tout homme, le droit naturel de toute société ou de tout peuple, la base sur laquelle les Etats Africains s’associeront à la République Française et à d’autres Etats pour le développement de leurs valeurs et de leurs richesses communes».

Quelle que soit la raison d’état, M. Le président, ayez le courage d’exprimer les sentiments et la volonté du peuple malien qui vous a élu à plus de 77%, du jamais vu dans notre pays. L’histoire a montré que les «démocrates sincères et patriotes convaincus» qui ont été chez la France socialiste pour renverser le régime putschiste CMLN-UDPM de Moussa Traoré en mars 1991, ont été moins résistants devant la France que ce dernier «casser, la France viendra reconstruire». Et c’est la même France qui a créé le MNLA en 2012 et qui a détruit tout le nord de notre pays. C’est le même MNLA qui a fait appel à AQMI. Et c’est le même MNLA qui faisait l’enlèvement des ressortissants européens et partait les vendre à AQMI. Quelle différence entre ses différents groupes qui sont issus des mêmes groupes tribaux du nord de notre pays?

L’histoire a donné raison avec ce troque qui s’est passé entre François Hollande et ses deux chefs de cantons, M.IBK et M. Mahamadou Issoufou à M. Michel Debré, l’ancien Premier ministre de Charles De Gaule qui disait : «qu’un pays endetté, est un pays moins écouté sur l’arène politique internationale». Il y a longtemps que notre pays a été plongé dans la merde par ceux-là mêmes qui prétendent être ses sauveurs. Ce que nous vivons est la conséquence du putsch de novembre 1968, de l’insurrection populaire dirigée par le mouvement démocratique malien sous la direction du parti socialiste français.

M.le président IBK, «l’honneur, le bonheur du Mali», ce sont vos sentiments pour les sentiments de M. François Hollande. Il faut avoir à l’esprit qu’à l’occasion de votre investiture en septembre 2013 que AQMI avait dit que «vous êtes un fonctionnaire au service de la France et qu’elle sera à bout de vous». Il ne faut pas aussi oublier que diriger un pays, a besoin d’une bonne équipe et non d’un homme. Nous avons la France avec le général Pétain et nous avons vu la fin du maréchal Pétain. Il ne sert à rien de s’enfermer dans un orgueil personnel. Il faut écouter le peuple malien qui vous a élu en août 2013 à plus de 77%. C’est un plébiscite.

Ne tomber pas dans l’erreur de votre ministre de l’Intérieur et de la Sécurité le général Sada Samaké qui vient de dire à l’honorable Dr. Oumar Mariko que «tant qu’il est à la tête de son département, il n’y aura pas de coup d’état». Nous l’apprenons que le changement du cours de l’histoire d’un homme, d’un pays, appartient à Dieu et non à un homme. Il doit avoir à l’esprit que c’est à la suite d’un coup d’état survenu en mars 1991 qu’il est rentré dans l’histoire du Mali. Il est devenu ministre et il est devenu ambassadeur de son pays et après il a connu la descente aux enfers. Il a reconnu qu’il est le seul officier à passer plus de quinze ans pour ne pas mentir avec le grade de colonel.

Si le président IBK vous a nommé général, cela ne vous empêche de reconnaître ses erreurs. Il nous a été rapporté que lors de la crise de 1980 dans notre pays, Moussa Traoré avait a rencontré tous les officiers supérieurs de notre pays à Koulouba et il a eu à faire cette proclamation : «qui est capable de faire un coup d’état?». Personne ne l’avait répondu. Vous n’êtes pas plus bambara que le capitaine Sounkalo Samaké qui avait dit après leur coup d’état de novembre 1968, personne ne le prendra vivant. Il a été pris, ligoté et après photographié avec une corde au cou tenue par le colonel Youssouf Traoré. C’est le destin. Il faut lire son livre intitulé «Ma vie de soldat». Il peut servir de leçon.

Au Niger, le président Mahamane Ousmane n’a pas fini son mandat. Comme au Mali, le président ATT n’a pas fini son mandat. Lui, au moins a reconnu que «les coups d’état surviennent à la suite de mauvaise politique». Nous ne souhaitons jamais le malheur à un homme à plus forte raison à notre pays. Mais, il faut écouter les maliens.

Au président IBK, entre le Mali et la France, il faut choisir le Mali et au prix de votre vie. C’est la raison pour laquelle, il ne faut jamais donner l’occasion à vos opposants, à vos ennemis d’avoir le prétexte sur vous. Les Français ont l’habitude d’utiliser les casseroles d’un homme  pour le faire chanter. Nous sommes aujourd’hui dans les conséquences de l’affaire Tommy Michel, dans l’affaire des surfacturations. Quand un gouvernement à  son pantalon troué, il ne peut pas monter sur l’arbre de la transparence. Il faut avoir le sens de l’anticipation comme les occidentaux et les européens. Regardez la rapidité avec laquelle M. François Hollande a annoncé la libération de son compatriote, M. Lazarevic. Il a fallu plusieurs jours au gouvernement français pour confirmer. Il vaut mieux confirmer dans le mensonge anticipé que d’attendre plus tard pour patauger dans le mensonge officiel.

En conclusion, qu’est ce qu’on peut attendre du président IBK et de son ministre Mohamed Ali Bathily, le justicier populiste dans leur lutte contre la corruption et l’impunité, en libérant un grand terroriste et ses trois complices? Mais Wadoussène n’est pas un misérable comme Jean Val Jean, le héros du roman du grand poète français, Victor Hugo. Il n’est pas aussi un misérable comme le général Amadou Haya Sanogo et ses compagnons qui croupissent dans la prison car ils n’ont aucun parrain aussi puissant et arrogant comme M. François Hollande.

Le président IBK doit comprendre qu’il a été élu par le peuple malien à plus de 77%.Il doit donner des explications à ce peuple et sans tarder. «Lorsqu’une zone d’ombre échappe au regard du peuple, il n’ya pas de république». A chaque occasion, les présidents Obama et Hollande font des déclarations radiotélévisées à leurs peuples. C’est la transparence dans la bonne gouvernance. Le peuple malien n’a pas droit à ce qu’il soit trahi par celui qu’il vient d’élire à plus de 77%. Il a fallu plusieurs jours au gouvernement pour reconnaître son opération de commerce disons d’échange entre la France et IBK pour libérer quatre terroristes et recevoir la libération d’un otage français.

Le gouvernement malien qualifie ce citoyen français d’un innocent. C’est faux ! Il est loin d’être un citoyen français innocent car depuis 2011, la France de Nicolas Sarkozy a fait une ligne rouge qui se situe au niveau du parallèle de la région de Mopti (Hombori est à 325 km de Mopti et est plus proche de Gao que de Mopti), ligne que les citoyens français ne doivent pas dépasser. Après la France de Sarkozy a dit que tout le territoire malien est une zone orange, donc une zone à risque pour ses citoyens. Même si Serge Lazarevic est un citoyen français innocent, il n’est nullement supérieur pour nous maliens à l’adjudant Kola Sofara, gardien de prison. M. Serge Lazarevic est loin d’être un citoyen français innocent mais plutôt un agent français au même titre que M. Pierre Camatte capturé par les rebelles touaregs à Ménaka et vendus à AQMI et dont le général-président ATT a reçu sa libération par le canal d’une somme importante payée à AQMI.

Rappelons que le président Sarkozy était venu spécialement à Bamako pour féliciter le général-président ATT.C’est pour dire aux maliens que Pierre Camatte et Serge Lazarevic ne sont pas des citoyens ordinaires de la France. C’est pour vous dire aussi un adage sonrhaï qui dit que «l’épine n’a pas encore quitté le pied». L’histoire est en train d’attraper ceux qui accusaient le président ATT. En tête de ceux-ci, le ministre des affaires étrangères du Niger, M. Mohamed Bazoum et son président Mahamadou Issoufou dont lui Bazoum est son porte-parole. Mais, le président ATT avait eu la libération des otages européens en payant des rançons mais pas de cette façon de libérer quatre terroristes qui ont tué des citoyens maliens. Une libération faite sans forme.

Au moins, sous le président ATT, les prisonniers d’AQMI ont été libérés avec une mise en forme d’un «simulacre de procès». Chaque jour qui passe, le Mali tombe encore plus bas. La France qui nous a humiliés depuis qu’elle a mis ses pieds au Soudan français au milieu du 19ème siècle continue de le faire. C’est toujours la citation célèbre du lieutenant-général Archinard qui est d’actualité, qui disait à l’almamy Samory, «qu’il n’a jamais su si un roi nègre a le sens de l’honneur et de la dignité». Quel honneur, le Mali a eu dans la libération de ces quatre terroristes qui sont vraiment des terroristes même aux yeux de l’Islam? Le président IBK doit avoir à l’esprit qu’il a juré devant Dieu et les hommes au moment de sa prestation de serment.

Dieu entend et voit. Il n’y a aucun doute là-dessus. Dieu fera éclater la vérité, il n’y a aucun doute là-dessus. Mais, ayons confiance en nous-mêmes.

Yacouba Aliou

 

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