Ag Alfousseyni Houka Houka, c’est cet homme dont l’évocation du seul nom donne de nos jours encore des frissons à Tombouctou.
Implacable juge islamiste dans la ville des 333 Saints pendant l’occupation de cette localité par les Djihadistes, l’homme, arrêté par l’Armée malienne en janvier dernier, vient d’être libéré.
En échange de quoi ?
Les habitants de Tombouctou se souviennent encore (comme si c’était hier) de ce jour où, tous étaient convoqués sur une place publique pour assister à la torture d’un couple. Le jeune homme et la jeune fille avaient reçu chacun 100 coups de fouets.
Après la torture et l’humiliation, le couple a été conduit à l’hôpital pour soigner ses plaies et recevoir des islamistes la somme de 50 000Fcfa pour se marier. Obligatoirement.
Le juge qui avait prononcé la sentence dans une lugubre salle de l’hôtel Bouctou (converti en tribunal islamique) n’était autre que Ag Alfousseyni Houka- Houka.
C’est cet homme, qui avait également ordonné l’arrestation de nombreuses femmes (à Tombouctou) qu’il avait condamnées à des peines de prison ferme, au motif qu’elles ne portaient pas “parfaitement” leur voile.
C’est encore lui, Houka-Houka qui ordonnaient que des jeunes gens soient fouettés parce que, ayant commis le “crime ” de fumer une cigarette ou d’écouter de la musique.
Sur ordre de Houka-Houka, un sens interdit ” brûlé ” par un conducteur de véhicule ou de moto valait à ce dernier 10 dix coups de fouet ou le payement de la somme 3000Fcfa.
Plus tragi-comique encore, c’est Houka-Houka qui ordonnait que l’on coupa (jusqu’au niveau des genoux) les pantalons des hommes dans les rues de Tombouctou.
On se souvient dans cette ville, de ce vieil infirmier à la retraite qui, au lieu de se faire couper le pantalon, s’en était tout simplement débarrassé (en plein marché) pour le remettre aux hommes, du terrible Houka-Houka.
Ce sont là entre autres, les promesses accomplies à Tombouctou par le tristement célèbre Ag Alfousseyni ex –chef du défunt tribunal islamique de Tombouctou.
Qui a ordonné sa libération ?
Ag Alfousseyni avait disparu dans la nature après la libération de Tombouctou par les forces Armées maliennes et Serval en janvier 2013. C’est, un an après, en janvier 2014 qu’il a été arrêté par l’armée malienne vers Goundam. Curieusement, contre toute attente, Houka-Houka a été libéré le 15 août dernier.
De source officielle, sa libération rentrerait dans le cadre des discussions entre le gouvernement Malien et les groupes rebelles à Alger.
Une explication peu crédible, dans la mesure où, les groupes rebelles (MNLA, HCUA, MAA et autres) ont toujours affirmé haut et fort n’avoir aucun lien avec les islamistes qu’ils disent d’ailleurs combattre.
Alors, pourquoi ont-ils (si c’est réellement le cas) demandé la libération de l’ex chef du tribunal islamique de Toumbouctou ?
La question mérite d’être posée, quand on sait que Ag Alfousseyni est membre du groupe islamiste Ansar Dine dont le chef Iyad Ag Ghaly est considéré comme un terroriste recherché autant par la Justice malienne que par les Etats unis d’Amérique qui l’ont inscrit sur leur liste noire. D’ailleurs, Ansar Dine ne fait même pas partie des groupes armés en négociation avec le gouvernement malien pour une sortie de crise dans les régions nord de notre pays.
Il est vrai que certains membres de Ansar Dine ont créé, il ya quelques mois, un nouveau groupe armé et inscrivent actuellement leurs actions dans la recherche de la paix et la sécurité en 6e, 7e et 8e région. Mais, de sa maison de détention, l’implacable chef du défunt tribunal islamique de Tombouctou serait-il, lui aussi devenu un dissident d’Ansar Dine ?
Même dans ce cas, cela ne doit pas lui servir “d’alibi “pour échapper à la Justice.
A moins qu’il ne soit en réalité devenu une monnaie d’échange pour obtenir la libération d’un certain otage…Très Spécial.
Boubacar Sankaré
Pas de place pour la spéculation.
Cet individu doit répondre de ses actes devant les autorités compétentes: la justice.
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