La raison d’Etat est le principe en vertu duquel l’intérêt de l’Etat prime sur toutes les autres considérations, y compris celles du droit ou de la morale.
Trois jours après la libération du dernier otage français, Serge Lazarevic, retenu au sahel depuis 3 ans, par le groupe terroriste Aqmi, tout corrobore à retenir que cette libération du désormais ex-otage aura été rendue possible grâce, en partie, à l’élargissement par le gouvernement malien de prisonniers terroristes, Mohamed Aly Ag Wadoussène et Haïba Ag Acherif. Je dis en partie, puisqu’on ne sait toujours pas si une rançon a été payée.
Les réactions d’indignation face à la libération de terroristes sont légitimes et normales. Surtout que le Mali n’est pas à sa première expérience, après celle de Pierre Camatte en 2010 qui a été aussi libéré contre la relaxe de quatre dangereux terroristes (2 Mauritaniens, 1 Algérien et 1 Burkinabé).
A l’époque, sous le règne d’Amadou Toumani Touré, l’on se souvient que cette affaire Camatte avait provoqué de fâcheux incidents diplomatiques entre le Mali et ses voisins algériens et mauritaniens qui, en guise de protestation, avaient rappelé leurs ambassadeurs de Bamako.
A notre analyse, toute cette histoire s’assimile à la raison d’Etat. Et malheureusement, le plus piètre des théoriciens de la politique vous dira que la raison d’Etat est aux antipodes du droit et de l’Etat de droit. La raison d’Etat, comme on peut la définir, est le principe en vertu duquel l’intérêt de l’Etat prime sur toutes les autres considérations, y compris celles du droit ou de la morale.
Comme ATT, en 2010, IBK ne pourrait résister aux nombreuses sollicitations des autorités françaises pour la libération de Serge Lazarevic. Dans la gestion du pouvoir, la realpolitik s’impose à vous et malheureusement, souvent contre vos convictions personnelles. IBK l’a d’ailleurs dit dans une de ses allocutions, qu’il lui arrivera de prendre certaines décisions qui ne soient pas comprises par l’opinion, mais que cela ne saura point dire qu’il trahirait son peuple.
L’on se souvient aussi des propos du président malien Amadou Toumani Touré, lors de la libération de Camatte. Le président Touré s’était déclaré heureux que Pierre Camatte soit libéré avant d’ajouter : “Le Mali est à la fois victime et otage de cette situation”, s’était-il indigné.
Hormis la raison d’Etat ci-dessus évoquée, comme ATT en 2010, la décision d’IBK, dans cette affaire, a dû être motivée par l’aspect humanitaire. En tant que musulman, comment-on peut assister, sans agir, à la mort certaine de son prochain. ATT l’a dit en 2010 : “On aurait tout fait pour que Pierre soit libéré. Si on n’avait pas agi ainsi, il serait exécuté…” Il a poursuivi : “Je n’allais jamais faire ça”.
Pour autant, rien ne devrait encore justifier un dangereux jeu de la France vis-à-vis d’un criminel de guerre, un terroriste sans foi ni loi comme Iyad Ag Ghaly. Comme rien ne saurait justifier la lenteur de l’Etat à accélérer le jugement de ces prisonniers jugés dangereux.
Mafila