Les maliens ont assisté avec impuissance et ébahissement à un événement honteux orchestré par leurs gouvernants. Ceux-là en qui ils avaient pourtant nourri de très intenses espoirs. Ce non moins humiliant événement n’est autre que la libération de prisonniers terroristes maliens en échange de la libération d’un ex-otage français après d’âpres et rudes pressions de la France.
Rien ne pourrait ainsi contester la pertinence morale de ces questions suivantes si nous nous les posions : Que ressentiront les nombreuses victimes de ces ignobles malfaiteurs ? Où exactement iraient-elles se plaindre afin que justice leur soit dûment rendue ? Que signifierait désormais la vie de l’ensemble de nos concitoyens à côté de celle d’un seul et unique individu français ? Voici de vraies interrogations auxquelles il faudrait encore de longues et fastidieuses marches pour pouvoir décrocher une moindre réponse.
Il est néanmoins d’une évidente clarté qu’une telle scène dénote de la monstruosité diplomatique de l’Elysée qui emploierait toutes sortes d’expédients pour ne dénicher que son seul intérêt et de l’infantilisme politique de nos dirigeants qui au risque de leur fauteuil ne consentirait aucun sacrifice patriote en tenant fermement tête à l’oppression étrangère. Si des autorités légales et légitimes de toute une nation, de tout un peuple peuvent finir par se laisser trimbaler d’une manière aussi puérile sans avoir toutefois pu faire preuve du moindre courage en livrant le plus simple communiqué de presse à l’intention d’une population à l’insu de laquelle cet infâme et irrationnel scénario fut orchestré, alors, toute autre éventualité visant à amenuiser la force de notre espérance et à porter un coup sérieux à la confiance que nous leur avons vaillamment placée, pourrait désormais être prévisible si nous ne renforçons pas notre vigilance citoyenne de façon plus tangible afin de mieux y servir de contrepoids. En d’autre termes, toutes ces masses d’énergies mobilisées en faveur de ce que nous croyions comme une marche ascensionnelle vers le progrès, comme le jalon d’un développement sans compromis, serait graduellement en train de s’engouffrer dans un néant sans précédent. Par ailleurs, la France, en obtenant de manière victorieuse et spectaculaire une telle libération, parviendra certes à produire un maximum d’émerveillement chez les français, mais ne sera guère à l’abri d’autres prises d’otages ou autre formes de terrorismes aussi longtemps que ces quatre ( 4) ex-prisonniers seront désormais libres de se reconstituer, revitaliser leurs cyniques organisations et augmenter leurs capacités de nuisance afin de planifier à nouveau et avec les mêmes systématismes, d’autres actions de terreur et de déstabilisation au profit de leurs funestes idéaux. Une autre lecture de ce vil paradoxe nous conduit à la conclusion certaine que la vie de ce seul otage français vaudrait irréversiblement meilleure à la sécurité collective et à la souveraineté institutionnelle de tout un peuple et qu’en conséquence, nous n’existerions que dans un Etat de farce et de folklore, constamment manipulé par une puissance caractéristiquement inhumaine.
Modibo Kane Diallo
La Sirène
Traitre
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