L’honorable Touré se prononce sur l’accord de paix : «Ce qui est en train de se passer sur le terrain montre que le pays est partagé»

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Je parle en mon nom et à en ma qualité d’opposant. J’assume certaines positions de l’opposition, mais moi aussi je me positionne à donner souvent mon avis. Je ne suis pas le chef de file de l’opposition et je ne peux pas parler au nom de l’opposition.  Mais quand il s’agit du Mali, même si on a des réserves, on peut répondre à une question aussi importante. Moi aussi, j’ai une réserve car quand on dit des réserves de l’opposition, qu’à la longue, ça va amener la partition de notre pays, je répondrai que moi, je ne comprends pas pourquoi car même si le préambule de l’Accord dégage déjà qu’il n’y aura pas de partition, il y aura l’unicité, le respect de la forme républicaine, de la laïcité, mon avis personnel est que, depuis que la force Serval s’est arrêtée à Gao et a refusé d’aller libérer Kidal et la remettre à  l’armée malienne, cela pose un problème. Et ces questions n’auront jamais de réponse. Ce qui est en train de se passer sur le terrain montre  que le pays est partagé. Il n’y a même pas de doute là-dessus.  Dans tous les cas, il n’y a pas une loi qui autorise la rébellion. C’est des gens qui se sont révoltés pour des revendications. Il y a d’autres maliens qui font partie de la plateforme et qui ont aussi des revendications légitimes par rapport aux revendications des rebelles. Si ces gens occupent une ville, et la Minusma qui est une force de stabilisation censée être neutre en sécurisant les gens et leurs biens, demande au Gatia  qui a une  forme de revendication légitime, de quitter une zone pour la remettre à des gens qui nous ont asservis, c’est difficile à comprendre pour tout Malien, à plus forte raison pour un élu de la nation. Voilà comment j’analyse la question, je ne rentre pas dans les grands développements, je prends les choses à la légère, mais peut-être que nous aurons la chance, malgré qu’il y a toutes ces réserves, de retrouver la paix.

Vos  attentes après cette signature en tant qu’élu du nord?

Parfait ou non, je souhaite que cet Accord aboutisse à la paix, à la cohésion, c’est notre souhait. Ce que j’attends de cet Accord, quel que soit ce que ça peut coûter à l’Etat, c’est qu’il nous apporte la stabilité, la concorde et la sécurité et permette aux réfugiés de retourner dans leurs lieux d’origine.  Pour moi, le fait que la CMA refuse de signer, ce n’est pas un problème, à partir du moment où la communauté internationale a signé cet Accord, elle y a adhéré et accepté d’accompagner le Mali, cela veut dire que le cadre est légal. La communauté internationale a éjecté une somme colossale pour nous faire sortir d’affaire.  En outre, elle a les moyens de faire amener qui elle veut à la table de négociation. Ce n’est pas la pagaille à ce que je sache. Les Nations unies sont fondées sur des droits, comme l’a rappelé le président de la République. En tout cas, si la communauté internationale joue jeu franc, elle pourra amener les autres à signer ou en cas de refus les isoler. Il n’y a pas deux poids et deux mesures. On saura si la communauté internationale est avec le Mali ou avec les rebelles. Elle est l’initiatrice de cet Accord et a participé à toutes les procédures qui ont conduit audit accord.  Elle est là pour faire raisonner toutes les parties. En clair, son rôle est de faire sortir le Mali de l’ornière. Si la communauté internationale vient pour une cause, dans ce cas elle va se décrédibiliser.  La bonne foi de la communauté internationale et de la France suffit pour nous sortir de cette situation. Car on sait qui finance cette rébellion et d’où elle vient.  Aussi, ce qui est déplorable sur le terrain est qu’on exige au Mali de ne pas violer l’Accord. Pendant ce temps, certains font ce qu’ils veulent. Ils attaquent des villages où il n’y a que des paysans.

Un cri de cœur ?    

Mon cri de cœur est que nous sommes entre nous Maliens, que tous sachent que le Mali appartient aux Maliens, et à personne d’autre. Ceux qui pensent qu’ils sont supérieurs aux autres se voilent la face car chacun a son mot à dire, est libre de critiquer l’action gouvernementale, et cela ne nous rendrait jamais égoïste ou ennemi du pays.

La critique fait partie des méthodes qui font avancer un pays. J’invite tous les Maliens à s’accepter, à se pardonner car en ce moment, c’est l’existence du pays qui est menacée. Nous devons faire cela pour le bonheur du Mali, afin de léguer quelque chose de bon à nos progénitures.

Propos recueillis par Nouhoum Dicko

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