La situation qui prévaut dans le nord du Mali appelle à un devoir d’intervention conséquent sur fond d’analyse et de livraison d’informations puisées au cœur du même nord.
Le chaos généralisé
Je rentre de cette zone à la suite d’un voyage qui m’a permis, encore une fois, de vivre la chaude température d’une partie du Mali livrée à toutes exactions possibles et à toutes les frustrations inimaginables.
Unités méharistes, groupes de bandits et de pillards…
Avant le déversement des mercenaires de Kadhafi sur lequel je reviendrai plus loin, en région de Gao, la messe était déjà dite. Les unités Méharistes mises en place pour sécuriser les populations civiles, notamment en zones pastorales, se sont réduites en groupes de bandits et de pillards. A leur actif, enlèvements de bétail, revendu par eux-mêmes et leurs relais sur les marchés d’Ayorou au Niger et de Markoye au Burkina Faso. Des Peulhs sont brutalisés avant d’être dépossédés. Cela reste le quotidien du Gourma. Le silence coupable de l’autorité donne du vertige aux populations locales…Le Chef de l’Etat le sait parfaitement lui qui fut signataire des accords d’Alger en 2006 qui prévoyaient ces méharistes au nord.
Enlèvements de véhicules, assassinats à Gao, vécu quotidien
L’insécurité au cœur même de Gao (enlèvements de véhicules, braquages et assassinats…), n’est plus d’actualité. C’est le vécu quotidien d’une population apeurée et résignée. Les menaces d’attaques armées permanentes sur Ansongo donnent le tableau d’alerte permanente de
Kidal haut lieu de l’insécurité armée…
Voilà qu’aujourd’hui, l’actualité bascule du côté de la région de Kidal, haut lieu de l’insécurité armée. Terre de frondaison et de défiance devant l’Etat, pays des déserteurs récidivistes touaregs de l’Armée malienne, lieu d’accueil de l’AQMI via sa tendance qui « emploie » le seigneur Iyad Ag Aghaly. Aujourd’hui, Kidal et ses dépendances sont devenues les symboles vivants du retour au pays de mercenaires de Kadhafi après la grande débâcle de leur dieu employeur qui a mérité son sort. Un retour qui marque la psychose générale de la classe politique et militaire du Mali ; le désarroi lisible du Président de
Déversement de la légion verte de Kadhafi
Cependant, je peux affirmer ici, que le vrai danger pour le Mali, est moins le terrorisme larvé de la zone saharo-sahélienne que la présence d’une Armée complète et organisée sur son sol seul. Entendu que les autorités des pays voisins (Niger, Mauritanie et Algérie) se distinguent par leur fermeté face au déversement de la légion verte de Kadhafi. L’Armée nigérienne, avec le professionnalisme et le sérieux que l’on lui connait et reconnait, a dès le départ coupé l’avancée des nigériens de la légion. Le 07 novembre dernier, jour de l’Aïd El Kébir, cette armée détruisait une colonne de mercenaires nigériens venus de Libye. Les rescapés feront route vers le Mali pour se fondre dans les rangs de ceux qui occupent aujourd’hui l’ensemble des anciennes bases d’Ibrahim Ag Bahanga dont Tin- Assarat, le cauchemar de l’armée malienne.
L’armement lourd, l’irrédentisme annoncé
L’armement lourd (missiles de courte portée, BM 21, BTR 60, missiles sol air) et autres gros calibres, ont fini de faire de la légion, un régiment complet à cet endroit. Il y en a d’autres dans les montagnes de l’Azawad, prêts à en découdre avec l’armée malienne au nom d’un projet d’indépendance qui frise le rêve. La désertion d’Officiers touaregs de l’armée malienne avec hommes et matériels pour rejoindre le Commandement du MPLA fait de projet déjà un programme. Les Colonels Bah Moussa, Assalat Ag Haby, El Hadj Gamou dont le cas mérite un détour épistolaire vers Koulouba, constituent les maîtres de l’irrédentisme annoncé. Les Colonels de la légion verte, Ewanzag, Sidi Lama et Mohamed Lamine, les techniciens de la guerre ; les uns et les autres en constituent le commandement. Le Consul du Mali en Algérie, Colonel (lui aussi), Abderhamane Ag Galla, ancien maître de l’ARLA du temps de la rébellion active se mue en idéologue et organisateur.
Mobilisation d’Etat !!!
Aussi, vous avez observé la mobilisation d’Etat pour « recevoir » ceux que le Président de
Ces hommes perçus comme des mercenaires avaient dévalisé casernes et banques…
Alors, lorsque les soldats de l’armée républicaine libyenne avaient déserté dès les premières heures du soulèvement parti de Benghazi laissant l’armement lourd dans le centre et le sud libyen, Touaregs (Mali et Niger), Toubous (Tchad) et autres Djindjawid (Soudan), au demeurant pourchassés par les militaires libyens au moment où le cours de l’histoire de
L’intendance des hôtes
Ainsi donc, armement, véhicules de toutes sortes et malles de billets de banque (dollar et euro), constituent l’intendance des « hôtes » du Président et de ses ministres qui avaient – et le ridicule ne tue pas- accouru vers Takalot et autres lieux, avec une triste mallette de 50 millions de FCFA. Quasiment qui valent de l’argent de poche pour un Colonel de la colonne toute proportion gardée et tout étant relatif, après la débâcle libyenne.
Flou artistique à l’armée malienne
Quant à l’Armée malienne, c’est le flou artistique qui ramène au discours incolore et inodore du Président de
Très prochainement, je vous ferai parvenir quelques contenus de mes cahiers de route au sujet de la drogue, le nouveau mode de production de l’Azawad, ainsi que quelques « biscuits » sur la « cocaïne city », le quartier bientôt huppé de Gao, sans oublier notre AQMI presque National. Bien sûr.
Vous n’oubliez pas de me demander une très prochaine fois pourquoi Kadhafi a mérité son sort ? Comme je l’ai écrit plus haut. Je vous enverrai ma réponse et vous comprendrez sans doute que « le boute-feu anarchiste inventé par Allah pour devenir l’incendiaire de l’Afrique » a été, voilà deux décennies l’ennemi de tout malien patriote réfléchi. Pas le malien qui voit dans l’érection de ces hauts lieux de luxe et de luxure par Kadhafi, avec alentour des projets rizicoles mal négociés, des banques à lui propre, chose qui constitue une manne plus que divine.
A bientôt !
Mohamoud Alpha Maïga, Directeur de Publication « Afrique Info Magazine » à Paris, ancien reporter du « Figaro » de passage à Bamako