«Si ladite république était, il suffirait moins de 24 heures pour que les Touaregs se massacrent pour en prendre l’hégémonie»
C’est à travers une lettre bien enrobée d’humour mais pleine de bon sens et de réalisme que Ag Hamadou Albachar, professeur d’enseignement supérieur en mission actuellement à Gao et Touareg bon teint, a choisi de réagir à la proclamation sur Internet le 20 septembre dernier de la soit-disant République de Tumoujgha par des bandits armés du Niger et du Mali. Nous vous la proposons ci-dessous en intégralité.
Cher Président,
Toi tu es président, moi je suis un Touareg.
Président, il paraît que tu as proclamé la république de Tumujgha le 20 septembre 2007 dans l’espace et à travers les ondes, sans même tenir une réunion des cadres et intellectuels sur terre. Si c’était le cas, sache que dès le lendemain 21 septembre 2007, tu n’auras plus d’administrés ni d’administrateurs. Il suffirait de moins de 24 heures, pour que tes Touaregs se massacrent pour en contrôler l’hégémonie. La république sera alors habitée par quelques oiseaux qui auront échappé aux rafales. Tu sais quoi président, cette année j’ai rendu visite aux Touaregs, je les ai tous vu à dos d’ânes, car de 13 à 22 degrés de latitude Nord, Dieu a créé sa république avant la tienne : c’est la république de l’hivernage. Les ânes se portent bien !
Président, comment créer une république de 11 millions de Km² (toute l’Europe) avec cinq (5) intellectuels dignes de ce nom ?
Président, la question suivante est destinée à toi, à savoir : quel est le pays qui s’offre mieux que le Mali au monde, pour l’épanouissement et l’intégration des Touaregs ?
Président, l’Ajjer en Libye, l’Ahaggar en Algérie, l’Oudalane au Burkina , l’Aïr au Niger, l’Adagh au Mali, c’est un ramassis destiné à desservir les Touaregs.
Président, toi tu fais exprès d’oublier que :
– Le président Boutéflika œuvre pour le bien-être de l’Ahaggar.
– Le président Blaise Comparoré reste un leader intègre. D’ailleurs, depuis l’indépendance du Burkina, la région de l’Oudalane existait.
– Le Guide libyen a fini de rendre heureuses les populations de l’Ajjer.
Le président Amadou Toumani Touré est un cas exceptionnel dans le monde entier. Il a consenti de hauts gradés qui ne sont pas allés à l’école. ATT est tellement pacifique qu’il accepte tout négocier sauf l’intégrité du territoire et la cohésion sociale.
Cher Président, ATT est tellement partisan de la paix que ta république ne le dérange pas.
Toi président invisible, tu nous fais croire que tu ignores le discours de ATT le 9 Novembre 1991, dans lequel il reconnaissait l’endettement du sud Mali vis-à-vis du Nord.
Tu sais président, la république date du 22 septembre 1960. Toi président, ton problème c’est ATT et Tanja. Qui te pousse à ça ?
C’est lui qui construit des routes. C’est lui qu’on provoque, il se refuse à la provocation !
Président, tu fais référence à la résolution de la loi sur l’OCRS. Cette loi est abrogée il y a longtemps. Président, l’OCRS n’était pas destinée aux Touaregs, mais plutôt aux Français et à leurs intérêts miniers. Président, toi aussi, c’est quoi les peuples autochtones ? L’ONU n’a pas encore cité les Touaregs parmi ceux-ci !
Eh président, laisse tomber ta république sinon certaines tribus vont se fâcher, parce que ça dérangera le calme des animaux au pâturage, particulièrement les chèvres. Dans la lettre à De Gaule à laquelle tu fais allusion du 18 juin, seuls trois personnes : Ayouba Ag Adergajoj (Daoussack) Mohame Ali Ag Attaher (Kel Antessar), et Mohamed Mohamoud (Arabe) ont dit oui à l’indépendance de l’OCRS. Tout le reste de la population, a dit NON et voulait d’une indépendance avec le Mali!
Président, il faut que tu repasses sur Internet pour dire à ATT et Tanja Comment vaincre la récession économique mondiale. Président, le sens littéral de Tumujgha veut de toi que tu uses d’Internet à nouveau pour renoncer à ta république hertzienne.
Le sens littéral de Tumujgha veut que tu passes par Internet pour proposer aux Présidents Amadou et Tanja une stratégie d’élargissement de l’assiette imposable, et de recensement de ceux-là qui échappent au fisc.
Président, la moitié du Mali dont tu parles dans ta république est tellement indépendante que là-bas, il n’y a même pas d’administration. Lorsqu’il y en a, elle n’a pas les moyens de son ambition.
D’ailleurs président, tu nous traites de citoyens de seconde zone. Ceci montre que tu vis hors du Mali et du Niger. Nous sommes loin d’être citoyens de seconde zone, car l’Etat nous a formés gratuitement.
Président, je te laisse pour retrouver deux de mes chèvres égarées.
A bientôt.
Par Ag Hamadou Albachar Professeur d’Enseignement Supérieur Gao
Membre de l’Association Air-Nord
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