Les faits sont accablants à la fois pour Paris et Bamako : Mohamed Ali Ag Wadoussène et Heigba Ag Achérif quittent la prison centrale de Bamako dimanche et prennent le chemin du Niger. Deux jours plus tard, c’est-à-dire mardi, Hollande annonce lui-même l’élargissement de Lazarevic. Quel sorcier oserait soutenir l’inexistence de lien entre ces deux libérations ? L’affaire devient plus grave au regard de deux autres facteurs. Pour ceux qui suivent les actualités liées au terrorisme, lesahélien.com avait déjà annoncé dans une sorte d’avant-première l’imminence d’une libération de l’otage français. C’est tombé pile poil ! Loin du hasard, du renseignement à bonne source.
Ensuite, les deux personnalités Touarègues élargies ont été reconnues comme des éléments de l’infrastructure terroriste ayant pris une part importante à l’enlèvement de… Lazarevic et de son compagnon d’infortune, Philippe Verdon, tué en début 2013. En fait, c’est le scénario peu répandu de ravisseurs libérés en même temps que leur otage, comme pour dire que les compteurs sont remis à zéro. Du grand art terroriste en somme !
Mais soyons indulgents tout de même, autant envers Ibrahim Boubacar Keïta qu’à l’égard de François Hollande. Le premier est loin de tenir les promesses de son élection à la Présidence malienne, grillé dans un processus de corruption et de gabegie propre aux régimes qui se prennent pour Zorro à l’origine. Le second est l’incarnation crachée des apparatchiks qui savent muter en professionnels aguerris du reniement. Hollande flotte dans un trou permanent depuis trente mois. Il bénit donc sans état d’âme toutes transactions susceptibles de lui extirper les… sourcils et les yeux de l’eau, en attendant de (pouvoir) sauver sa tête entière. Une certaine Françafrique et certains Françafricains sont prêts à l’y aider. Une autre Afrique, quant à elle, est plus disposée à lui coller gentiment «l’insulte préférée» du président sénégalais, Macky Sall. Ouf !
Momar DIENG