Arrivés à l’ex- Ecole normale supérieure, les marcheurs ont suivi avec attention la déclaration de l’ADCG, lue par son président, Mohamed Fall Ould Mohamed. Les ressortissants du Cercle de Goundam et sympathisants ont attiré l’attention des marcheurs et celle de la communauté internationale sur les exactions et les assassinats commis dans le cercle de Goundam. C’est à ce titre qu’ils ont cité : l’assassinat du commandant de la brigade de gendarmerie de Goundam, par la suite, celle du chef de peloton de la garde, de son adjoint et d’un petit enfant, le pillage du village de M’Bouna, les pillages plusieurs fois répétés du village de Bintagoungou, les multiples pillages des villages de Echel, Tamachkoyen, Douetiré et des villages environnants. Le président de l’ADCG a, aussi, signalé les attaques de Tin-Tellout à mi-chemin entre Goundam et Tombouctou, le rançonnage systématique et répété des villages de Adarmalane, Tin-Aicha, Bankor, Zouera, « tous situés sur un axe tristement célèbre étant devenu le passage privilégié mais bien connu des cohortes de véhicules rebelles faisant le relai entre la base de la CMA de Foita et celle de Ber et le récent assassinat d’un marabout dans le nord du lac Faguibine », a-t-il précisé. Mohamed Fall Ould Mohamed a ajouté : « En vérité, le chapelet des exactions commises sur nos pères, nos mères, nos frères et sœurs, déjà soumis aux affres des conditions climatiques peu clémentes (sécheresse, manque d’eau dans les lacs…) ne peut s’égrainer dans ce modique texte de simple rappel. » Il a fait état des conséquences directs des exactions : déplacements massifs de familles nomades du cercle pour les camps de réfugiés de la Mauritanie, déplacements internes tous azimuts de populations sédentaires vers des localités plus au sud, d’une rive à l’autre du lac Faguibine ou vers les centres urbains de Tonka et de Goundam, une sorte de panique générale de populations surprises par un regain inattendu de violence, la destruction des quelques services sociaux de base (école, santé) et des marchés et commerce, un début de départ des agents des services publics et de l’Etat. « En somme, a dit Mohamed Fall Ould Mohamed, un spectacle de désolation : des camps de déplacés improvisés aux abords des grandes agglomérations, mais surtout des familles en errance avec leurs balluchons en bandoulières. Malgré tout cela, nous sommes au regret de constater que les auteurs de ces attaques au cours desquelles nos populations subissent des humiliations de toute nature et des enlèvements de personnes dans les villages, n’ont à ce jour, fait l’objet d’aucune riposte, d’aucune interpellation, encore moins d’arrestations. Faut-il admettre que Goundam est désormais exclu du territoire malien, ainsi que cela transparait dans le sentiment qu’ont les populations de cette zone ? » Il a laissé entendre que les populations du cercle de Goundam, à l’instar de celles de bien d’autres zones de la région de Tombouctou, qui n’ont pas perçu la nécessaire manifestation de solidarité nationale, ont de plus en plus le sentiment d’une indifférence de la part du pouvoir central, le sentiment d’avoir été abandonnées. L’ADCG, en réaffirmant son attachement à la paix et au vivre ensemble, a prévenu les auteurs et complices des exactions, qu’elle ne saurait rester impassible et tolérer la désolation des populations. Elle considère que le dessein des groupes armés qui perpétuent ces attaques est d’entamer durablement son potentiel de cohésion social et de vivre ensemble. Cependant, l’ADCG appelle les populations meurtries et dépouillées du cercle de Goundam à ne pas céder à la provocation, à éviter toute forme d’amalgame. Elle interpelle les pouvoirs publics afin qu’ils assurent ainsi qu’il se doit la protection des personnes et des biens. Pour l’association, la responsabilité de l’Etat est de sévir avant qu’il ne soit trop tard. L’ADCG reste mobilisée pour soutenir le processus de paix et de réconciliation nationale.
B.D.
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