Un câble de l’Ambassade des USA à Bamako, publié le 30 Août 2011 par le site wikileaks, l’ambassadeur d’Algérie au Mali, Nourredine Ayadi a jugé que le Mali n’est pas à la hauteur de la lutte contre le terrorisme. Dans un autre câble, c’est ATT qui dira que l’Algérie ne fait pas bien cette lutte contre AQMI. Aujourd’hui la réalité semble être toute autre mais des disfonctionnements persistent encore
Dans un échange sur Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) avec l’ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique au Mali Mme Milovanovic, l’ambassadeur Algérien dira « nous n’avons pas l’impression que le gouvernement du Mali prend AQMI comme un ennemi. (…) Le gouvernement malien n’est pas à la hauteur de ses obligations internationales en matière de lutte contre le terrorisme et a affiché un bon degré de laxisme, sinon de dire la complicité dans le traitement des terroristes ». Voila quelques passages d’un câble de l’ambassade des USA qui date de février 2010. Dans un autre câble qui date de 2009, le président Amadou Toumani Touré confie à l’Ambassadrice des USA que « l’Algérie se plaint souvent que le Mali ne fait rien pour aider à la lutte contre AQMI, mais en réalité, les Algériens ne font pas grande chose. (…) AQMI reçoit beaucoup de fournitures essentielles à partir de sources de l’Algérie ». En ce qui concerne la coopération sur un centre commun d’opérations à Tamanrasset, l’ambassadeur de l’Algérie M. Nourredine Ayadi stipule que la coopération a commencé et ils sont prêts à avancer, mais les Maliens vont en traînant les pieds ». Pourtant, une année avant, ATT dira à l’ambassadrice des Etats-Unis que c’est plutôt l’Algérie qui ne veut pas suivre. S.E Ayadi a affirmé que l’armée malienne avait montré sa capacité à prendre des mesures contre la rébellion touareg, mais refuse de faire quelque chose contre AQMI. Pourtant au Niger qui a moins de ressources, AQMI n’a pas été incapable d’établir une base dans ce pays. Pire, il semble que la faiblesse de la part des Maliens vienne de la complicité intentionnelle. S.E Ayadi mentionne que les radios Ténéré, offertes par l’Algérie au Mali n’ont même pas été enlevées de leur emballage plastique. L’ambassadeur note par contre que la Mauritanie a bien pu s’en servir. A lire ces câbles de l’ambassade américaine au Mali daté de 2009 et 2010, on se rend compte que la coopération entre les pays du sahel dans la lutte contre AQMI revient de loin même si elle est encore inefficace. En effet en moins de 7 mois, les pays du sahel « engagés » dans la lutte contre AQMI se sont réunis trois fois déjà. Une première rencontre a eu lieu au mois de mai à Bamako entre les chefs d’Etats major des ces différents pays sur les stratégies adaptées face aux armes ramenées par des groupes armés en provenance de la Libye. Une deuxième rencontre eut lieu cette fois-ci entre les ministres des affaires étrangères des pays du sahel toujours à Bamako à la fin du mois de mai dernier. Lors de cette rencontre, les quatre pays avaient désigné l’Algérie comme chef de file dans le dialogue avec les partenaires extrarégionaux. C’est ce qui est jugé par l’Union Européenne comme une avancée importante pour pouvoir tenir un langage commun avec les quatre pays du champ. La troisième rencontre élargie aux partenaires extrarégionaux tenue les 7 et 8 septembre en Algérie précise les soutiens dont les pays du champ auront besoin. A savoir : la formation, l’information et l’équipement des quatre pays du sahel engagés dans la lutte contre le terrorisme. Malgré toutes ces rencontres aucune action militaire commune n’a été encore engagée par les pays du champ. Pourtant lors de la rencontre d’Alger avec les partenaires extrarégionaux, le ministre nigérien des affaires étrangères a souhaité que le Comité d’Etat Major Opérationnel Conjoint mène une action concrète sur le terrain. En tout cas, la seule opération menée par le Mali et la Mauritanie pour déloger AQMI de la forêt de Wagadou s’est soldée par un grave disfonctionnement au cours de son exécution. La rencontre de Nouakchott prévue en décembre prochain qui sera réservée exclusivement aux pays du champ est beaucoup attendue par les observateurs. Elle doit corriger les lacunes de cette coopération et mettre sur orbite les premières opérations du Comité d’Etat Major Opérationnel Conjoint basé à Tamanrasset dans le sud de l’Algérie tant attendu par tous si l’on se tient au propos de certains officiels. En tout pour l’heure sur le terrain, les pays du champ ont du mal à mener la moindre opération digne de ce nom.
Baba Ahmed