Les non-dits de la crise : Le casse-tête financier

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Près de dix mois après l’entrée en vigueur du document algérien appelé ‘’Accord pour la Paix et la Réconciliation’’, le Mali ne tire toujours pas les dividendes du tant vanté compromis avec les groupes armés du nord. A l’origine, de véritables divergences d’approche entre Paris et Bamako, dès le départ, négligées par le nouveau pouvoir qui venait de s’installer au bord du Niger.

A Paris où l’ancienne métropole n’a jamais admis la conduite du processus de dialogue inter malien par l’Algérie, on observe avec stupeur le Président malien qui attend de l’argent pour mettre son accord en œuvre.

Du côté de Koulouba, on pense être proche du dénouement avec un pouvoir central qui se réjouit du silence acquis des chefs rebelles, à coût de milliards de FCFA.

Sur le terrain, Paris ne veut plus forcer personne. Depuis que le Président Keïta a choisi Alger en lieu et place de la CEDEAO, la partie française qui voile ses discours, s’est contentée d’un accord de défense légitimant la présence de ses 3.000 hommes au Sahel (Barkhane).

Entretemps, les signataires de l’accord à Bamako se rejettent la responsabilité à l’origine du blocage.

Au Quai D’Orsay, un message revient dans la bouche des diplomates : Entre la paix et l’Algérie, IBK a fait le deuxième choix. Et donc, « pas question que la France qui a assez dépensé, se hasarde à financer un accord qui ne contribuerait qu’à accentuer l’influence algérienne dans la région », révèle un diplomate qui croit mordicus qu’après le refus d’IBK d’aller avec ses frères ouest-africains, premiers venus au secours du Mali et en soutien à l’opération serval, aucune issue sérieuse n’est envisageable tant qu’Alger est le point focal du dossier.  Ce qui, à en croire d’autres sources diplomatiques, poussera la communauté internationale à entretenir la situation dans un statu quo.

Dans une atmosphère où tout a été fait pour que Bamako qui a boudé un accord de la CEDEAO puisse se planter, des engagements ont été pris pour financer des colossaux chantiers de reconstruction du pays. L’objectif est de montrer à IBK qu’il ne s’agit pas de signer un accord à forceps et d’acheter le silence des aventuriers sans convictions pour pouvoir faire taire les armes. La vérité c’est sur le terrain.

«Le Président du Mali qui saura que les blessures du passé, encore béantes entre Paris et Alger ne leur permettront jamais de construire ensemble, est celui qui sauvera le pays en se séparant soit des deux, ou tout au moins d’un », lâche une source tue.

Pour les plus avertis qui ont suivi le processus depuis le début, tous les évènements importants qui ont concerné le dossier malien ont connu le déplacement jusqu’à Bamako d’un ministre français. Malgré tout, l’un des plus importants que paraissait la signature de l’accord en mai 2015, a laissé découvrir la démission de Paris aux côtés du Mali : en tel évènement majeur, la France n’y a envoyé qu’une secrétaire d’Etat chargée au Développement et à la Francophonie.

En novembre dernier, c’est à termes de suppliques tant faits par le Président IBK que la France lui a déroulé le tapis rouge pour soigner non seulement son image, mais aussi lui permettre de convaincre les groupes armés dans l’anxiété, qu’il peut leur apporter des valises bourrées de devises. Quoi de plus normal pour un bandit armé qui projette un avenir meilleur, loin d’un désert aride ayant absorbé plusieurs milliards de dollars sans jamais changer, que d’attendre un peu ?

Le plus alarmant au Mali est que des grosses sommes d’argent sont prévues dans le budget annuel d’Etat pour couvrir tous les besoins de groupes armés logés et nourris aux frais du contribuable. Pareil pour leurs combattants qui recevront bientôt, à l’initiative du ministre de la défense, des salaires avant recrutement, dans le cadre du pré cantonnement. Un dispositif, nulle part prévu dans le document algérien et qui inquiète d’ailleurs la mission onusienne au Mali.

Et si la parade d’IBK à l’Elysée et à l’OCDE n’a jusqu’ici apporté que des comptes rendus, à Koulouba on attend encore. Car, il est clair que le budget national qui est d’ailleurs déficitaire, ne pourra pas dans les cents prochaines années bâtir les chantiers prévus dans l’accord signé à forceps à Bamako.

D’ici, tous les regards sont tournés vers Paris qui a d’autres chats à fouetter : En engageant son pays dans la guerre au Mali, pour à la fois, réussir à contrôler le sahel, réduire l’influence algérienne sur les ouest-africains et gérer une situation de chaos créée par son prédécesseur, « le Président François Hollande n’acceptera plus de multiplier les risques alors que les actions du passé n’ont pas servi à lui rehausser la côte de popularité, pis, en s’engageant au Mali, la France s’est en fabriqué plus d’ennemis décisifs.»

Pour celui sur qui IBK compte afin d’obtenir des liquidités, l’idée d’un deuxième mandat en France dépendra même de la courbe du chômage. Alors pourquoi s’embourber de plus ?

Au plus fort de ce cirque franco-malien, Manuel Valls défile au bord du Niger. Il s’agit pour lui, de continuer à rassurer pour tuer le temps face à un pouvoir malien qui jubile alors que le pays qui aura du mal à se libérer des griffes occidentales, brûle et disparait peu à peu. [Comme promis, vous venez de lire la suite de l’enquête (les non-dits de la crise malienne) dans Le Soft N°1. La troisième partie c’est dans trois mois].

IMT

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