Hier dimanche à l’hôtel Aurassi d’Alger, s’est déroulée la “cérémonie de paraphe de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali”, sous les auspices de l’Algérie. Ledit texte devrait encore être signé à Bamako par les acteurs du conflit, à une date qui n’a pas été fixée.
Fruit d’une négociation longue et intense, le document proposé au paraphe a été négocié à travers cinq rounds de dialogue entamé depuis juillet 2014 à Alger. Il comporte un Accord pour une paix globale et durable garantissant une solution définitive à la crise qui affecte le nord du Mali.
S’exprimant dans une allocution à l’ouverture de la cérémonie de paraphe, M. Ramtane Lamamra, Ministre algérien des Affaires Étrangères et chef de file de la médiation internationale dans ce dossier, a souligné qu’il s’agit d’une journée historique, qualifiant le document conclu à Alger d’“accord ouvrant des perspectives prometteuses pour un avenir meilleur pour tous les Maliens”. “Cette journée historique constitue une étape qualitative engagée par la Mali pour vaincre les difficultés pour aller vers la paix’’, a ajouté M. Lamamra. Il a indiqué que cet accord “a valeur d’une boussole crédible et efficace vers la paix” et qu’il “sera signé par toutes les parties”.
LES MNLA-HCUA-MAA N’ONT PAS SIGNÉ
Cependant le document paraphé en milieu de matinée à l’hôtel Aurassi d’Alger après huit mois de laborieuses négociations n’a pour l’instant pas reçu l’approbation de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (Cma), qui regroupe plusieurs groupes rebelles comme le Mouvement National de Libération de l’Azawad (Mnla), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (Hcua), le Mouvement Arabe de l’Azawad (Maa). Cette Coordination a demandé un “délai raisonnable” en vue de consulter les populations qu’elle représente car un “accord non partagé avec les populations” a “peu de chance d’être appliqué sur le terrain”, a expliqué à la tribune un de ses représentants.
Le délai demandé exprime tout simplement “l’ambition d’obtenir le maximum de soutien” à l’accord et non une volonté de de “se désolidariser”, a relativisé M. Lamamra. Selon son porte-parole, la présence des membres de la Coordination à la cérémonie “signifie qu’ils acceptent l’accord”.
Par contre, les groupes armés comme le Mouvement Arabe de l’Azawad-dissident (Maa-dissident), la Coordination pour le Peuple de l’Azawad (Cpa) et la Coordination des Mouvements et fronts patriotiques de résistance (Cm-Fpr) ont formellement signé l’accord de paix. Mettant ainsi fin aux négociations. Ce que le porte-parole de M. Lamamra a confirmé en déclarant que “les négociations sont terminées”, et que le texte doit être désormais ratifié à Bamako par les différents groupes.
LE MOT “AZAWAD” RECONNU
La médiation algérienne avait présenté jeudi aux parties un projet d’accord qui appelle à “reconstruire l’unité nationale du pays sur des bases novatrices, qui respectent son intégrité territoriale, tiennent compte de sa diversité ethnique et culturelle”.
Comme le souhaitait le Gouvernement Modibo Kéïta, l’accord ne parle pas d’autonomie ni même de fédéralisme, et insiste sur l’unité territoriale, l’intégrité territoriale de l’État du Mali, ainsi que sur son caractère républicain et laïc.
En revanche, il cite l’appellation d’Azawad, par laquelle les groupes rebelles à dominante touareg désignent cette région, comme une “réalité humaine”, en réponse aux revendications des rebelles. Il prévoit la création d’Assemblées régionales élues au suffrage universel direct, dotées de pouvoirs importants dans un délai de 18 mois, ainsi qu’une “plus grande représentation des populations du nord au sein des institutions nationales”.
REFONTE DE L’ARMÉE
Sur la question de la sécurité, il stipule une refonte de l’armée notamment par l’intégration de combattants des mouvements armés du Nord.
Le projet dispose en outre qu’à partir de 2018 le gouvernement mette en place un “mécanisme de transfert de 30 % des recettes budgétaires de l’Etat aux collectivités territoriales (…) avec une attention particulière pour les régions du Nord”.
L’accord prévoit encore qu’une Conférence nationale devra lancer “un débat approfondi entre les composantes de la nation malienne sur les causes profondes du conflit”.
En outre, une Commission d’enquête internationale devra faire la lumière sur tous les crimes de guerre, contre l’humanité, de génocide et autres violations graves des droits de l’Homme lors du conflit, selon ce document.
Baba SANGARÉ