Un ministre malien, qui a requis l’anonymat, a déclaré hier à l’AFP que son pays n’était pas concerné par le versement d’une éventuelle rançon par le gouvernement espagnol.
Les deux coopérants espagnols, Roque Pascual et Albert Vilalta, qui étaient otages d’Al-Qaïda au Mali, ont été libérés. L’information, rendue public la veille, a été officiellement confirmée hier par le gouvernement espagnol. “Les deux otages ont été libérés”, a indiqué à l’AFP un porte-parole de l’exécutif, ajoutant que le premier ministre, José Luis Rodriguez Zapatero, devait faire dans l’après-midi d’hier une déclaration à la presse, à Madrid.
Francesc Osan, directeur de l’ONG catalane Accio Solidaria, pour laquelle les deux Espagnols travaillaient au moment de leur enlèvement en novembre en Mauritanie, a indiqué, lors d’une conférence de presse, que les deux ex-otages étaient maintenant dans une “zone sûre” et qu’ils devraient arriver par avion à Barcelone dans la nuit de lundi à mardi. Après l’extradition, lundi passé, du mercenaire de l’Aqmi, Omar Sahraoui, vers le Mali, l’organisation terroriste de Droukdel vient de libérer les deux otages espagnols enlevés le mois de novembre 2009 en Mauritanie.
L’information a été également confirmée par le journal espagnol El Pais qui a révélé, dans son édition de dimanche, que les deux otages ont été transférés hier matin vers la frontière entre le Mali et le Burkina Faso après avoir été relâchés par les ravisseurs de l’Aqmi. Cette libération serait en effet liée à l’extradition du Malien Omar Sid-Ahmed Ould Hamma, dit Omar le Sahraoui, condamné en Mauritanie pour son rôle dans l’enlèvement de trois Espagnols, dont les deux otages. L’autre, Alicia Gamez, avait été libérée en mars dernier. El Pais révèle également le rôle joué par le gouvernement du Burkina Faso. “Le médiateur Mustafa Chafi, conseiller de Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso, fait partie du groupe chargé de la remise”, affirme le quotidien.
Le Burkina Faso serait-il une nouvelle base arrière de l’Aqmi dans la région du Sahel ? Le rôle joué aussi par Mokhtar Belmokhtar alias Laouar, ex-“émir” du Sahara (phalange des molathamine ou “des encagoulés” à qui on impute la responsabilité de l’enlèvement des Espagnols) suscite des interrogations d’autant que ce dernier est en “trêve” et en repli au nord du Mali et ne coordonne plus avec son rival, le nommé Abou Zeïd, “émir” de katibat Tarek-Ibn-Ziad, le responsable des enlèvements des étrangers. Selon des observateurs de la scène sécuritaire, Belmokhtar aurait, dans ce cas, mobilisé des mercenaires pour l’enlèvement des étrangers afin de les échanger contre ses ex-compagnons détenus en Mali ou en Mauritanie. Il a déjà récupéré ses quatre compagnons détenus au Mali en échange de l’otage français.
Mais la question est de savoir aujourd’hui quel sera l’avenir du comité d’état-major opérationnel conjoint entre l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger installé à Tamanrasset dans le cadre de la lutte contre l’Aqmi au Sahel. Que reste-il de son rôle devant ces échanges, la libération de terroristes et le versement de rançons ? Chose que ce comité condamne mais il est visiblement seul dans cette guerre contre les bases arrière du terrorisme dans le Sahel.
Mais lorsqu’on constate que la Mauritanie a fini par suivre le Mali et céder aux pressions des Espagnols, il ne reste plus dans le discours que cette réalité amère qui fait que chacun gère ses intérêts en fonction des circonstances et des rapports de force présents sur le terrain. En attendant d’autres rançonnements, l’argent versé permettra aux groupes terroristes d’alimenter les maquis et de relancer les attentas au moment où l’ANP mène d’importantes opérations contre les groupuscules du GSPC.
Par : NEïLA B. (Mardi 24 Août 2010)
LIBERTE ALGERIE