Les déplacés du septentrion malien : 5443 familles recensées à Sévaré

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Depuis l’aggravation de la crise qui sévit dans la partie Nord de notre pays, la population de la ville de Sévaré ne cesse de croître avec l’arrivée massive des réfugiés en provenance des différentes villes occupées.

Dès les premières heures de la crise, plusieurs personnes se sont retranchées dans la Venise malienne, notamment Sévaré, porte d’entrée de la région septentrionale du Mali. Pour les accueillir, plusieurs sites ont été préparés parmi lesquels on peut citer le site « Motel des chauffeurs », le site de Sokoura et celui de Barbé.

Des organisations humanitaires assistent ces réfugiés à travers les dons de vivres et de médicaments. Il s’agit de la FAO, d’Enda Tiers-monde, de Handicap international, de la Mission catholique et bien d’autres organisations ainsi que la population de la ville.

Réputées pour leur hospitalité légendaire, les populations de Sévaré et de la cinquième région en général, ont accueilli à bras ouvert leurs frères et sœurs venus du nord comme en témoigne M. Domboye Farka Maïga, Président des déplacés du Nord résidant à Sévaré. « Les réfugiés au nombre de 5443 familles – 52 familles au Motel des chauffeurs- se sentent à l’aise et comme chez eux à Sévaré. Le seul problème auquel les hommes sont confrontés, c’est le chômage » a-t-il dit.Du fait  du brassage, il est difficile de les distinguer des autochtones. «Nous nous sentons comme chez nous à Sévaré, mais la seule chose que nous voulons réellement, c’est une intervention rapide au nord ».

Les réfugiés témoignent

« Il faut aider l’armée à faire la guerre… »

« Nous sommes vraiment dépassés par le problème au Nord. Même les plus hautes autorités ne savent plus quoi faire. Personnellement, ce que je vois comme solution, c’est l’union de tous les Maliens. Il faut aider l’armée à faire la guerre. Actuellement, je suis en chômage alors que je suis un chauffeur ».

 Oumar Dicko, Transporteur, venu de Douentza

« Le plus grave problème aujourd’hui n’est pas le MNLA mais, les islamistes »

« Le plus grave problème aujourd’hui, ce n’est pas le MNLA mais, les islamistes. Le MNLA avait fait appel aux islamistes pour soi-disant les aider à islamiser des peuples qui ne prient pas. A leur arrivée, à la porte de Gao, ils ont entendu le muezzin faire l’appel pour la prière de l’aube. Maintenant le MNLA n’a plus le soutien des islamistes. Si l’on ne prend pas vite des mesures, le Mali restera divisé. Je veux que la communauté internationale fasse tout pour libérer la partie Nord du Mali, sinon ils vont créer un Etat islamiste avec la charia au nord».

Boubacar Dicko, venu de Diré.

« A Sévaré, on ne manque de rien »

« Ça fait mal d’être un déplacé mais à Sévaré, on ne manque de rien. Ce qui me dérange, c’est d’être toujours nourri par les autres. Je veux travailler mais, il n’y a rien à faire. C’est ce qui fait qu’on passe toute la journée à jouer au jeu de dame. J’ai honte aujourd’hui de ce qui se passe dans mon pays et je croie que nous devons accepter l’aide militaire de la communauté internationale pour libérer le Nord car, on n’a pas le choix ».

 Alassane Maïga, venu de Gossi.

« On nous a menti au sujet de la rébellion »

« On nous a menti  jusqu’à ce jour concernant la rébellion. Le Mali a été vendu par ses dirigeants. Le territoire est trop vaste, c’est pourquoi l’ancien pouvoir voulait s’en débarrasser. Voilà maintenant, je suis à Sévaré, j’ai perdu mon mari lors de la prise de Kidal et j’ai sept enfants à nourrir. Que Dieu sauve le Mali ! ».

Zéinab Ag Moussa,  venue de Ménaka.

« Il faut une intervention militaire à Tombouctou »

« Il faut une intervention militaire très rapidement à Tombouctou car, les édifices qu’on est en train de détruire ont beaucoup plus de valeur que le pouvoir pour lequel se battent les militaires et les politiciens à Bamako ».

Abdoulaye Touré, venu de Tombouctou.

« Il faut faire la guerre »

« Je crois que ce problème est le fruit de la négociation qui n’a jamais rien apporté comme solution. Donc, il faut faire la guerre car, qui veut la paix prépare la guerre. Or, notre gouvernement n’avait jamais préparé la guerre. Donc, on doit accepter le déploiement des troupes étrangères pour nous aider sinon, nous n’avons plus d’armée ».

Saoudatou El Moctar Maïga, venue de Gao.

Par Alfousseini Togo,  Envoyé spécial à Sévaré

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