Il s’appelle Sanda Ould Boumama, ancien porte-parole d’Ançar-dine. Et c’est bien lui qui a initié, défendu et coordonné les opérations de lapidation et de destructions des mausolées de Tombouctou. Nouakchott a décidé de le libérer sans jugement après qu’il se soit, auprès d’elle, constitué prisonnier.

Selon les informations livrées par RFI et dont nous avions reçu confirmation, Sanda Ould Boumama est en effet libre depuis le lundi 03 Aout dernier. «Ce Mauritanien d’origine malienne, précise RFI,  a été, pendant des mois le porte-parole du mouvement Ansar Dine durant l’occupation jihadiste à Tombouctou et Gao au Mali. En mai 2013, il s’était rendu aux forces mauritaniennes pour échapper à l’intervention militaire française au Mali. Pendant plus de deux ans, il a été détenu au secret, sans être jugé, avant donc d’être libéré lundi 3 août à Nouakchott».

L’homme n’a, d’ailleurs, jamais été présenté à un juge, et n’a jamais fait l’objet d’une quelconque condamnation de la part de la justice mauritanienne. En clair, la Mauritanie ne lui reproche absolument rien nonobstant les crimes qu’il a commis chez son voisin malien et même contre l’Humanité dans la mesure où les mausolées de Tombouctou sont inscrits dans le patrimoine de l’Humanité. Ses victimes, l’Etat malien et la communauté internationale doivent incessamment réclamer justice.

Rappelons, à toute fin utile, que c’est bien cette Mauritanie qui, sous le règne d’ATT, et à la suite de l’Algérie, soutenait que le Mali constituait le «maillon faible» dans la lutte contre le terrorisme. Ce à quoi, ATT répondit qu’il n’y avait d’ailleurs «pas de maillon» à fortiori une chaîne.   En somme, les deux pays accusaient Bamako de laxisme voire de complicité avec les mouvements armés et jihadistes, pour avoir monnayé la libération d’otages occidentaux contre  celle des présumés terroristes et jihadistes détenus sur place. Le véritable complice de ces extrémistes se retrouverait visiblement en Mauritanie et ceci n’est pas une affirmation gratuite.

«Mauritanie: Aziz n’est pas Charlie»

«Depuis son accession au pouvoir, en juillet 2009, “Aziz”  le président mauritanien ne rate pas une occasion de se poser en défenseur zélé de l’islam. Il a toujours publiquement et fermement fustigé tout acte perçu comme une atteinte à la religion. En avril 2012, après l’arrestation pour atteinte à la sûreté de l’État de Biram Ould Dah Ould Abeid, lequel avait assisté à l’autodafé d’ouvrages religieux, il avait assuré que la charia serait appliquée avec la plus grande sévérité».

Ceci est  un passage de l’article publié par «Jeune Afrique» à la date du 06 février 2015 sous la plume de  Justine Spiegel.

Le confrère réussit, à l’aide de nombreux exemples et références, à prouver la sympathie que le président mauritanien entretient avec les extrémistes de son propre pays.

«Lorsqu’il a accueilli, le 16 janvier, devant les grilles du palais présidentiel, les milliers de Mauritaniens qui manifestaient contre les dernières caricatures de Charlie Hebdo, Mohamed Ould Abdelaziz a donné le ton. “Je ne suis ni Charlie ni Coulibaly. Je suis musulman, nous sommes tous musulmans…, Je condamne ce qui est de nature à créer le terrorisme, à l’image de ces viles caricatures qui portent atteinte à notre religion et à toutes les religions». Ces manifestants, rappelle le confrère, ont été autorisés à marcher pendant que les antiesclavagistes étaient interdits des mêmes activités et jetés en prison.

En  janvier 2014, poursuit le confrère, «Aziz avait promis à la population de prendre toutes les mesures pour défendre l’islam et son prophète”, martelant que l’islam est «au-dessus de tout, de la démocratie et de la liberté». Une telle déclaration de la part d’un chef d’Etat, est manifestement de nature à réconforter les jihadistes. Et soit dit en passant, dans la philosophie musulmane et selon le Saint Coran, c’est plutôt Dieu et non la religion, qui est au- dessus de tout. Comme pour dire que les déclarations du président mauritanien sont mues par d’autres intentions. Et c’est à dessein que le confrère parle de tentative de récupération.

«Instrumentalisation de la colère des populations»

«Nombre de voix dans le milieu associatif s’étaient alors élevées pour dénoncer la montée du radicalisme religieux, relayé, selon elles, par le pouvoir. Depuis plusieurs années, certains imams tiennent impunément dans les mosquées un discours extrémiste favorable à Al-Qaïda ou à Daesh. “Les islamistes de Tawassoul ne sont pas étrangers à tout cela, glisse un observateur de la scène politique. Ce sont eux qui recrutent ces imams, qui instrumentalisent la colère des populations. En laissant faire, Mohamed Ould Abdelaziz cherche à récupérer une partie de leur électorat.” Et pour cause: Tawassoul constitue aujourd’hui la principale force d’opposition en Mauritanie».

On y est ! Voilà que des citoyens mauritaniens eux-mêmes dénoncent le laxisme de leur président à cause de ses visées politique. En clair, sa sympathie pour ces groupes extrémistes s’expliquerait par une vulgaire tentative de récupération politique.

La même sympathie et visée électoraliste expliquerait certainement la libération de l’auteur des lapidations et destructions des mausolées de Tombouctou.  Reste à l’Etat malien de protester d’autant qu’il s’agit d’un mauritanien, certes, mais d’origine malienne et surtout, d’un présumé criminel de guerre ayant sévi au Mali.

B.S. Diarra

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