Les accords d’Alger se désagrègent : Les bandits armés affirment s’être retirés du Comité de suivi

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Les insurgés touaregs maliens qui s’étaient signalés par l’attaque, le 23 mai dernier, de deux casernes dans le nord du Mali, ont déclaré avoir retiré leurs représentants du Comité tripartite mis en place pour suivre l’application de l’Accord de paix intervenu avec le gouvernement malien sous l’égide de l’Algérie.

 "Nos représentants ont provisoirement suspendu leur participation au Comité de suivi parce qu’ils n’y sont ni respectés, ni écoutés, ni associés aux décisions" ont déclaré les insurgés sur leur site Internet visité mardi par APA, expliquant que leur résolution intervient après une rencontre, samedi à Alger, avec le médiateur algérien.

Composé de neuf membres, en raison de trois membres pour chacune des trois parties (gouvernement malien, insurgés et médiateur algérien), le Comité de contrôle et de suivi de l’Accord d’Alger est présidé par un haut gradé de la police malienne en la personne du Contrôleur général Mahamadou Diagouraga.

A sa prise de fonction le 11 août dernier à Kidal (nord), ce Comité tripartite avait été décrit comme un "maillon essentiel " vers le retour de la paix dans les régions septentrionales du Mali.

Sa mission consiste à superviser et faciliter l’application des termes de l’Accord de paix signé le 4 juillet dernier à Alger grâce à la médiation du gouvernement algérien.

Ledit  Accord prévoit notamment la restitution des armes, munitions et matériels enlevés lors de l’insurrection, le cantonnement et le redéploiement ultérieur des insurgés dans des " unités spéciales "placées sous le commandement de l’armée malienne.

L’une des dispositions de l’Accord relative à la création d’un "Conseil régional de coordination et de suivi "avait été particulièrement critiquée par une partie de la classe politique malienne qui continue d’y voir une structure " illégale " au regard du schéma de décentralisation en cours dans le pays. Le report du cantonnement des insurgés, initialement prévu pour le 28 octobre, a par ailleurs ajouté au doute que nourrissaient de nombreux observateurs quant à la possibilité d’un respect du planning d’opérations.

APA

 

Un échec prévisible

Le retrait annoncé des bandits armés du Comité de suivi ne surprend que ceux qui ont voulu voir dans "les accords d’Alger" une issue, la seule, proclamaient-ils sur un ton solennel, à la situation créée par la double "attaque-mutinerie" du 23 mai 2006 contre les garnisons de Kidal et de Ménaka. L’analyse de L’Indépendant, qui n’a pas varié depuis la signature, le 4 juillet dernier, de ces "accords" qualifiés à juste titre,  croyons-nous,  d’"accords de la honte, de la reddition et de l’humiliation nationale" s’appuie sur les éléments suivants.

Primo : ce document est inopportun. Il n’y avait pas, il n’y a toujours pas "d’état de belligérance" dans la région de Kidal, les insurgés n’étant qu’un petit nombre- thèse soutenue publiquement par ATT lui-même et son ministre de l’Administration Territoriale, le Général Kafougouna Koné, signataire des accords pour le gouvernement du Mali- contrairement à la rébellion des années 90 où ils se comptaient par milliers et étaient soutenus par la communauté touareg dans sa quasi-totalité, voire des secteurs de l’opinion internationale.

Secundo: les assaillants des camps militaires de Kidal et de Ménaka étant des déserteurs de l’armée malienne, cette affaire devait être traitée selon le règlement militaire au lieu de lui conférer une ampleur démesurée par sa politisation hâtive et excessive. L’armée s’est dérobée à sa responsabilité pour faire d’une banale désertion d’un groupuscule d’individus un conflit à l’échelle nationale, voire sous-régionale avec l’implication d’une puissance étrangère, en l’occurrence l’Algérie.

Tertio: la Constitution a été violée en ses dispositions relatives à la souveraineté nationale (l’Algérie, à travers ses trois représentants au Comité de suivi, est impliquée au premier degré dans la gestion de la région de Kidal) et à l’unité nationale (la discrimination positive imposée par les armes au profit de Kidal est mal acceptée et fortement critiquée par les autres régions du Mali).

Quarto: le Mali n’a pas les moyens financiers pour mettre en application ces accords qui requièrent énormément d’argent et, c’est cela précisément qui vient de leur porter un coup sévère. Le retrait des insurgés du Comité de suivi est, en effet, à mettre en rapport avec la récente déclaration prêtée au Contrôleur général de police, Mamadou Diagouraga, président de cet organisme, indiquant qu’"il n’y aura ni intégration ni recrutement spécial" alors qu’il s’agit là de points essentiels dans le texte signé à Alger et censé ouvrir la voie à la paix, la sécurité et au développement de la région de Kidal.

Au regard de l’échec qu’il faut bien constater dans la gestion de ce dossier dont on aurait pu, encore une fois, éviter la dramatisation par de simples sanctions militaires prises à temps, il ne reste plus au gouvernement qu’à se réveiller de ses illusions et à prendre la seule mesure qui vaille: donner à l’armée les moyens adéquats pour accomplir sa noble mission de préserver l’intégrité du territoire et de sécuriser les paisibles populations.

Saouti Labass Haïdara

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