Les accords d’Alger au point… maure

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Le Mali est un pays de tolérance, une tolérance séculaire. De par leurs traditions, les maliens sont, en majorité, tolérants, et compatissants. Face à un évènement ou une situation, le citoyen adopte, de prime abord, une attitude que l’on pourrait définir ainsi : « Tant que ma sécurité, mon entourage immédiat, ou mes proches ne sont pas en danger, je ne m’en mêle et ne m’y intéresse pas,… pour le moment ».

L’étranger mal averti pourrait assimiler cette attitude à de l’insouciance, voire de la lâcheté. Il ne faut, pourtant, guère se méprendre sur « une eau qui dort ». Car cette tolérance du malien font aussi sa force d’âme. Et c’est en cela, que le Mali est respecté à travers le monde.

Le Mali est un Tout

Pour le commun des maliens, le Mali est un tout, indissociable. Ni le territoire malien, ni ses habitants ne sont divisibles : l’un à l’autre, ils sont liés, malgré eux, par un cordon incassable. Le brassage des races et des ethnies est si intense que, de nos jours, n’importe quel malien trouve des parents dans n’importe quelle région ou localité de notre pays. Des races qui, auparavant, n’osaient pas se confondre, s’unissent aujourd’hui par les liens du mariage. De nos jours, les races maliennes sont jumelées, et tous les maliens sont devenus des métis culturels. A tel point que toute idée d’ostracisme ethnique ou d’exclusion culturelle n’est que pure utopie. Le sens du partage et de la solidarité, et l’aspiration à une paix sociale sont des notions presque innées, chez tout malien. L’histoire et les traditions mêmes de notre pays ne laissent place à aucune guerre entre maliens. Les liens sacrés du « badenya », du cousinage à plaisanterie, bref, les liens de sang, sont trop et bien ancrés dans les mœurs et les esprits. Dieu merci ! Comment donc un dogon pourrait –il s’en prendre à un sonrhaï, un Diarra en vouloir à un Traoré, un Marka honnir un bambara, etc ??? L’on comprend mieux pourquoi aucun malien ne s’est livré à des voies de faits sur un touareg ou un tamashek. Le Mali est un tout…

Après l’attaque des garnisons de Kidal et Menaka (le 23 mai dernier) presque toute la population (dont la Presse, les politiques, la société civile) a réagi, en criant haro sur les « baudets » rebelles. Et chacun y est allé de son commentaire, en proposant sa « recette » pour châtier les coupables. Mais les citoyens ne sont jamais allés au-delà de ces tollés. On est tous maliens, que l’on soit boua, bozo ou maure. Et n’est pas malien… qui ne le veut pas ! Dès lors, l’on comprend mal – l’on refuse même d’admettre –qu’une frange de nos concitoyens réclame son autonomie ou son indépendance territoriale, vis-à-vis des autres. Et cela, sous le couvert… d’une appartenance raciale ou pigmentaire. C’est là une atteinte aux lois traditionnelles établies, depuis des lustres et qui se sont perpétuées depuis. Au Mali, aucune race ou ethnie n’est supérieure à une autre : chacune d’elle a sa valeur et sa place dans notre grand et beau pays. C’est en cela que l’idée d’une sécession est d’emblée vouée à l’échec.

Aucun Accord n’était nécessaire

Mais depuis le début de l’indépendance, les rebelles du Nord n’ont toujours pas compris le caractère indivisible de notre pays. Ni d’ailleurs la raison des échecs répétés de leurs insurrections. Depuis les attaques du 23 mai dernier, les rebelles se sont retranchés dans les grottes de Tegharghat. Après la signature des accords d’Alger, s’ensuit une partie de chausse –trappe, entre eux et les salafistes du GSPC. Dès lors, même le comité de coordination et de suivi (desdits accords), chargé d’appliquer les termes des accords et de rassurer les rebelles, a été contraint de donner sa langue au chat. Les insurgés se sont désolidarisés dudit Comité ! A l’évidence, l’opinion s’y attendait. Au lieu d’un développement économique de la zone, les rebelles rêvent plutôt… de leur totale et entière autonomie. Avec une telle obsession, aucun accord ne pourrait les ramener à la raison. Aucun nordiste ne pourrait aujourd’hui nier les efforts du gouvernement, pour le développement économique du Nord.

Bien des citoyens se sont même plaints (de jalousie) pour les faveurs et largesses accordées au Nord et aux rebelles. Des citoyens qui sont presque unanimes sur un point : les accords d’Alger ne devaient pas être une résultante de l’insurrection du 23 mai dernier. Et à cette insurrection, l’Etat ne devait pas accorder une importance qu’elle ne mérite pas. La loi est sans équivoque, s’agissant de la poignée de rebelles qui la violent en attaquant, pillant et tuant. La sanction prévue en la matière n’est ignorée d’aucun malien qui se définit comme tel ! Et elle est valable pour tous, aucun malien n’étant au –dessus d’un autre. Il suffisait donc d’appliquer la loi, en toute équité. Et aucun accord n’était nécessaire pour cela !

De l’Eau versée

Ce que l’opinion craignait, et à quoi l’Etat devait s’attendre, n’a pas été évité : les accords d’Alger ont, sérieusement, écorché la crédibilité du gouvernement. Car les promesses faites aux insurgés, selon les termes desdits accords, étaient trop « mirobolantes » pour être respectées, surtout à brève échéance. Le pays a d’autres priorités tout aussi importantes, et le développement du Nord en fait partie. Mais il ne faut pas confondre le développement du Nord avec… les exigences d’une bande de rebelles, inconvertibles et introvertis ! Ni confondre les nordistes avec les sécessionnistes ! En aucune manière, la sanction de quelques troubles –fête –plutôt des troubles –paix –ne saurait menacer ou compromettre la paix dans notre pays. De cela, le Nord, dans son ensemble, en est convaincu. Depuis des années, des milliers de Nordistes vivent en bonne entente, sinon en parfaite symbiose, avec le reste de la population. Ils ont toujours vécu, travaillé et évolué dans presque tous les secteurs de la vie sociale, politique et administrative.

Ils ont toujours souhaité la paix, non pas seulement au Nord, mais dans tout le pays. Ils n’ont jamais cautionné les actes des rebelles, car ils sont convaincus que l’intégration sociale et l’harmonie entre les maliens ne s’obtiennent pas par les armes. En quoi les rebelles sont –ils différents des autres nordistes, et des autres maliens ? En rien !

                                                                                                                        Le Viator

 

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