Comment organiser au Mali le retour des dizaines de milliers de réfugiés maliens qui se trouvent encore aujourd’hui dans les pays voisins ? La question a été évoquée cette fin de semaine lors de la visite officielle du président Ibrahim Boubacar Keïta à Nouakchott. Les deux chefs d’Etat ont dit leur volonté d’accompagner les retours volontaires de réfugiés maliens mais la tache est immense car de nombreux réfugiés doutent encore que les conditions d’un retour sécurisé soient réunies.
Pour le HCR il reste encore 185 000 Maliens réfugiés dans les pays voisins et seuls 14 000 ont choisi de rentrer chez eux. L’Agence des Nations unies pour les réfugiés se dit malgré tout optimiste : un accord tripartite est en préparation entre le HCR , le Mali et les pays hôtes afin d’aider les réfugiés à retourner dans leur villages ou dans leur campement en toute sécurité. «En Mauritanie ils sont à peu près 66 000. Au Niger ils sont à peu près 50 000, au Burkina Faso ils sont à peu près 49 000 et en Algérie ils sont à peu près 1 500, explique Antoinette Okimba-Bousquet, représentante du HCR au Mali. Les retours spontanés ont déjà été amorcés. Il y a des personnes qui se font enregistrer et d’autres qui ne se font pas enregistrer. Ils partent directement dans leurs zones d’origine, dans les hameaux. Nous n’avons pas la maîtrise des chiffres de ce retour, compte tenu aussi des problèmes de sécurité dans certaines zones au nord du Mali ».
Car la représentante du HCR à Bamako reconnaît que des zones entières restent toujours difficiles d’accès. «Il y a des zones qui sont parfaitement sécurisées mais dans certaines localités où les conditions de sécurité ne sont pas réunies, nous ne pouvons pas encourager les gens à (y) retourner » admet Antoinette Okimba-Bousquet.
C’est le sentiment de ce Malien de la communauté arabe berrabiche. Après s’être réfugié un temps au Burkina, il vit désormais avec toute sa famille dans le camp de Mberra en Mauritanie. Sa maison est à Léré, non loin de là, pourtant ce réfugié refuse de rentrer car, dit-il, il n’a pas confiance : des soldats maliens ont profité de son absence pour s’installer chez lui, illégalement. « Ils ont cassé ma porte, ils sont rentrés dans ma maison sans me demander ! Comment je vais retourner chez moi ?…»
Dans un récent rapport ICG, l’International crisis Group, estime que l’Etat malien a perdu sa crédibilité auprès d’une large partie des populations du Nord et tarde pour l’instant à démontrer sa capacité à restaurer les services de bases dans ces régions.
Par RFI