Abdelmalek Droukdel, l’émir d’Aqmi, annonce le ralliement d’Al-Mourabitoune et de son chef Mokhtar Belmokhtar. Il revendique conjointement la prise d’otages à l’hôtel Radisson de Bamako en novembre dernier. Une alliance qui s’est donc concrétisée dans le sang le 20 novembre lors de la prise d’otages dans la capitale malienne.
La double revendication du Radisson et l’incorporation d’Al-Mourabitoune, dirigé par Mokhtar Belmokhtar, sont annoncées par Droukdel dans un message audio de 14 minutes intitulé « L’édifice inébranlable ».
Le divorce entre les deux hommes avait été consommé il y a trois ans. Un document du conseil de la shura d’Aqmi, daté d’octobre 2012 et retrouvé par Associated Press, donnait des détails fournis sur l’état exécrable de leurs relations. Il était reproché à Belmokthar une longue liste de griefs : il ne répond pas au téléphone, boude les réunions, n’achète pas d’armes comme il s’y était engagé et négocie mal les rançons.
Un renfort de poids
Quelques semaines plus tard, Belmolkthar claquait la porte de son organisation. Il voulait se placer sous le commandement direct d’al-Qaïda central sans passer par Aqmi, selon des experts. Lemine Ould Salem, auteur d’un ouvrage sur Belmokthar, explique que ce dernier avait mal vécu d’être placé sous l’autorité de feu Abou Zeid.
Son retour dans le giron d’Aqmi est une très bonne nouvelle pour l’organisation, estime l’expert. Car Moktar Belmokhtar dispose d’un vaste réseau s’étendant de la Mauritanie à la Libye, en passant par le Niger. Il est aussi l’un de ceux qui possèdent le plus grand arsenal. « C’est l’un des premiers jihadistes qui, au lendemain du début de l’insurrection libyenne, se sont rendu en Libye dans le but de s’approvisionner en armes. Et ses hommes ont pris le contrôle de plusieurs casernes dans le sud de la Libye », rappelle Lemine Ould Salem. Sans compter sa légitimité historique. « C’est le jihadiste qui ces vingt dernières années a mené le plus grand nombre d’actions », indique l’expert.
Réunifier les rangs
Pour Lemine Ould Salem, il faut voir dans ce ralliement une tentative d’al-Qaïda d’unir ses forces pour empêcher l’organisation Etat islamique de prendre le contrôle des zones dans lesquelles elle se trouve. Ainsi, dans le nord de la Libye, les rivalités entre les deux mouvements terroristes sont si vives que les accrochages sont réguliers. « D’ailleurs, le groupe Etat islamique a récemment mis à prix la tête de Belmokhtar. Il y a eu aussi une tentative d’assassinat de Belmokhtar par des hommes de l’organisation Etat islamique », pointe le spécialiste.
Al-Qaïda fait par ailleurs face à de nombreuses défections. Certains de ses membres ont rejoint l’organisation Etat islamique parce qu’elle montre désormais plus de capacité d’action. Isolé dans les montagnes de Kabylie, l’émir Abdelmalek Droukdel a ainsi vu partir vers l’EI des dizaines de combattants dont des proches lieutenants au sein du mouvement Jund al-Khalifa, auteur notamment de l’assassinat du francais hervé Gourdel en semptembre 2014. « Al-Qaïda est obligée de montrer aujourd’hui qu’elle reste une organisation crédible », juge Lemine Ould Salem. Des dissidences vers l’EI ont été annoncées également par voie de communiqués au sein des proches de Mokhtar Belmokhtar.
Ces derniers mois, les deux leaders jihadistes les plus recherchés du Sahel avaient chacun plusieur fois appelé à l’unité et renouvelé leur allégeance à al-Qaïda et ont donc choisi de mettre un terme à leurs différends et de resserer les rangs sous cette bannière pour laquelle ils combattent depuis près de vingt ans en Algérie et en Afghanistan.
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