Le Tchad, précieux allié de la France au Mali

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Début février, dans le Gao tout juste libéré des forces islamistes, les soldats tchadiens restaient discrets. Tout juste voyait-on de temps à autre un de leur pick-up sable monté d’une dizaine hommes puissamment armés, un chèche remonté jusqu’aux yeux. Sans doute cette avant-garde du plus puissant contingent étranger au Mali derrière l’armée française, avec quelque 2000 militaires, savait-elle qu’elle ne resterait pas longtemps dans cette ville. L’objectif était déjà le grand Nord, le combat au près contre les islamistes. Désormais, le gros des Fatim (Forces armées tchadiennes en intervention au Mali) s’engage au plus profond des montagnes de l’Adrar des Iforas, dans l’extrême nord-est du pays, où se sont retranchés des djihadistes.
Soldat tchadienLe 22 février, au cours d’un engagement sérieux, les Fatim ont perdu 26 hommes, les plus grosses pertes des armées de la coalition. Les djihadistes auraient, selon les officiers tchadiens, perdu 96 personnes. Les conditions précises de cette bataille, comme le lieu, demeurent imprécises. « C’était un assaut d’une position pas une embuscade », précise-t-on simplement. Il démontre, dans tous les cas, l’utilité du soutien tchadien dans cette opération.
Pour la France, l’entrée en guerre tchadienne fut, sinon une surprise, au moins une bonne nouvelle. Avant même l’ouverture des hostilités, et alors que la situation au Mali se détériorait, les militaires français plaidaient pour recevoir l’appui de ces troupes. « Dans cette partie du continent, l’armée tchadienne est la seule à être suffisamment nombreuse, équipée et entraînée pour être réellement efficace », souligne un officier français. Les armées ouest-africaines, engagées d’entrée aux côtés de l’État malien, souffrent en effet de graves lacunes logistiques et tactiques. L’expérience des Tchadiens dans les terrains désertiques rendait leur engagement plus précieux encore, tout comme leur habitude de se coordonner avec les Français.
L’intervention des Fatim n’allait pourtant pas d’elle-même. Au Quai d’Orsay, des diplomates s’inquiétaient des conséquences que pourrait avoir une collaboration aussi proche entre Paris et le régime de N’Djamena, loin d’être un modèle de démocratie. Ils s’interrogeaient aussi sur les règles d’engagement des Tchadiens pas toujours très respectueuses des lois de la guerre édictées en Occident.
La question semble s’être réglée lors d’une visite du président Déby à l’Élysée le 5 décembre dernier et d’un long tête-à-tête entre François Hollande et son homologue. Paris a toujours nié avoir négocié. Mais N’Djamena n’a jamais caché son intention de régler à cette occasion quelques dossiers en souffrance, notamment celui de L’Arche de Zoé.
Une force autonome Seule certitude, le Tchad s’est très vite engagé après l’intervention « surprise » des Français, le 14 janvier. En masse. C’est l’élite des troupes tchadiennes qui a été déployée, notamment la garde présidentielle, pour la plupart des Zaghawas, le clan de Déby. Elles ont été placées sous le commandement du général Oumar Bikomo, mais surtout sous les ordres opérationnels du fils du président, le général Mahamat Déby.
Leur intervention depuis le Niger, et non depuis Bamako, montre que les Tchadiens ne se sont pas vu confier une simple mission d’appui ou de soutien. « Les Tchadiens opèrent de leur côté, avec les Nigériens, sous le commandement de la coalition. Les Français et les Tchadiens ne se battent pas ensemble », assure-t-on à Paris. L’armée française a simplement déployé un détachement de liaison d’une quinzaine d’hommes auprès du QG tchadien pour coordonner les efforts et régler les interventions aériennes.
De son côté, le président tchadien trouve lui aussi matière à se féliciter. Si, au Tchad, l’intervention est parfois critiquée, notamment après la bataille du 22 février, elle impressionne en Afrique. Idriss Déby a pu ainsi s’imposer comme un leader régional. Et c’est comme un leader qu’il a tancé ses pairs, le 27 février, lors d’un sommet de la Cédéao, les enjoignant à « plus de célérité » dans le déploiement de leurs troupes.
Par Tanguy Berthemet
Le Figaro

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5 COMMENTAIRES

  1. La Mauritanie prête à s’impliquer militairement dans le cadre de l’ONU Dixit, sur les ondes de RFI, le président putschiste mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.
    Y EN A MARRE!
    Depuis hier soir nous assistons à une hypocrisie de plus, pour ne pas dire une PROVOCATION, de la part du putschiste mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.

    RFI “INTOX devient mondiale” reprend du service pour son CHAMPION de la lutte contre le terroriste au Sahel.
    Pour rappel:
    Grace à RFI les plus gros bides de ce général des meRdias muaient en victoire.
    Ironie du sort, la Mauritanie qui partait (médiatiquement) à la chasse d’A.MI à Toumbouctou devient un voisin immédiat de cette même nébuleuse. Et bizarrement elle perd du punch!
    Le putschiste mauritanien fait savoir qu’il ne participera pas à une intervention militaire au Mali!
    Maintenant que la Mauritanie

    • Maintenant que la Mauritanie ne sert plus à rien, manifestement sans conteste, pour une issue honorable du conflit, son président veut mobiliser son armée au ventre mou.
      Alors, je me demande ce que veut au juste Abdel Aziz:

      Soigner son armée en profitant de la mission onusien? Ou,
      Réhabilité son sanctuaire pour la vermine du MNLA?

      Disons non à la participation de la Mauritanie, ce pays qui nous a mainte fois poignardé au dos (Napala et autres) au moment où on avait besoin de sa neutralité à défaut de son soutien.
      Organisons une pétition pour dire non à cette crasse hypocrisie!

  2. C’est le courage dont fait preuve Idriss Déby qui fait sa force. Car, ce trait de caractère manque à bcp de dirigeants en Afrique et dans le monde. Dans cette crise malienne, bien que ne faisant pas partie des pays de front, le Tchad n’a pas hésité à se porter au secours de frère malien. L’Afrique a besoin des dirigeants qui n’hésitent pas à prendre leurs responsabilités, qui donnent à la solidarité africaine un contenu réel au-delà des discours creux et hypocyites. Bravo et merci à Déby et au peuple tchadien. Le Mali saura vous reconnaitre cette solidarité agissante et dénuée de toute démagogie.

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